Ethan : Merci

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La maison qui se dresse devant nous est très grande. Elle m'impressionne au premier regard. Son style architectural est propre à celui des maison normandes : le contour des fenêtres est fait de briques colorées, la bâtisse possède également une terrasse sur un balcon pourvue de colonnades en pierre. À l'arrière, on devine un grand jardin rempli de verdure. La maison de Kate nous domine par sa hauteur et sa beauté.

Je paye le chauffeur de taxi, qui s'éclipse aussitôt et nous laisse seuls. Il ne reste que nous. Kate et moi. Seuls. Enfin seuls... Kate ouvre le portail en fer forgé et s'engage sur le perron. Je la suis difficilement, la valise dans les mains. Elle fouille son sac pour en sortir l'enveloppe que ma mère lui a donné. Au passage, elle fait tomber un carnet à terre. Il est ouvert. Kate ne le remarque pas. Sa main tremble lorsqu'elle insère la clé dans la serrure, la tourne et ouvre la porte. Elle s'engouffre lentement dans le hall d'entrée, prête à redécouvrir la vie qu'elle menait auparavant. Je la perds rapidement de vue. Ai-je le droit de ramasser son carnet ? Si un couple repose sur l'amour et la confiance, pénétrer dans son jardin secret revient à briser la sienne. Ce carnet est-il secret ? Non, je ne pense pas, je l'ai déjà vue​ l'utiliser sous mes yeux chez Marc. Ça veut dire que j'ai le droit.
Je me penche et j'attrape le carnet de Kate. Je vois son écriture fine et appliquée, et c'est plus fort que moi : je lis les pages qui quelques secondes plus tôt touchaient le sol.
C'est un poème. Il s'appelle "Merci".

Merci

Assez de remuer le passé,
Ce sera sans moi, s'il vous plaît,
N'avons-nous pas assez souffert ?
Remonter douze ans en arrière,
Est-ce réellement nécessaire ?

Assez de survivre toujours,
Traînant ce fardeau bien trop lourd,
Aujourd'hui j'ai besoin d'amour,
Pas d'en entendre davantage.

Ce jour, nous partons en voyage,
Là où il ne fait jamais nuit,
Si jamais la pluie y fait rage,
Le temps s'y arrête à minuit.

J'aime y contempler en silence,
Dans ces soudains moments d'errance,
La quiétude et la beauté,
De cette belle nuit d'été.

À toi, mon parrain adoré,
À toi, ma marraine la bonne fée,
À toi, mon oncle fatigué,
À toi, ma tante éplorée,
Je souhaitais juste dire : merci.

Je n'ai jamais pleuré en lisant un poème, moi l'éternel insensible. Il faut une première fois à tout, apparemment... Ce soir, le ciel est rose et je pleure devant le poème de Kate.

 Ce soir, le ciel est rose et je pleure devant le poème de Kate

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