Jonathan : TS

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Oui, je me suis ouvert les veines.
C'est horriblement lâche, mais je n'en pouvais plus. C'est ma mère qui m'a trouvé inanimé dans ma chambre, parce que j'avais loupé le déjeuner. Forcément, quand on s'ouvre les veines, on saigne. Quand ma mère m'a trouvé, je baignais dans mon sang. S'en est suivie​ une arrivée aux urgences en fanfare et un traitement de faveur avec passage au bloc opératoire immédiat. Je prends ça avec ironie, mais en réalité, je souffre amèrement. Même pour mourir je me rate ! Je ne suis décidément qu'un bon à rien.

Pourquoi j'ai voulu réduire mes jours à néant ? Mais enfin, vous imaginez Kate et son "sauveur" seuls depuis trois jours ? Pas moi. Vous avez vu ce que je me suis pris dans la figure ? J'entends encore les mots blessants de Kate. Je revois encore le message qu'elle m'a envoyé pour s'excuser. Je n'y crois toujours pas. Kate se fait larguer par un type horrible (et je l'avais avertie !), et paf ! Elle se trouve un autre petit ami sorti de nulle part. Elle aurait dû me tomber dans les bras, moi qui la connais depuis au moins douze ans.

Je l'aimais.

Je l'aimais et je ne lui ai jamais dit, c'est aussi simple que cela.

Je ne m'attendais pas à la voir arriver à l'hôpital, et encore moins avec l'autre, là, le peintre-secouriste-qui-fait-des-massages-cardiaques. Ils sont là, en face de moi, et j'ai commencé à insulter mon rival  bien avant qu'il ne franchisse le pas de la porte de ma chambre.

- Je sors, nous prévient-t-il.

Comme c'est aimable !

- Écoute Jonathan, je ne sais pas ce qu'Ethan t'a fait, mais il va falloir que tu arrêtes de l'insulter, d'accord ?, me précise Kate.

Je ne réponds pas. Kate me détaille du regard. Je porte une ​de ces horreurs qu'on appelle chemise de nuit et qui est particulièrement à la mode à l'hôpital, ainsi qu'un plâtre au bras droit. Les infirmières m'ont forcé à rester allongé en attendant l'expert psychiatre. Il vient pour les gens qui font des TS, des Tentatives de Suicide.

- Ça va ?, me demande Kate, comme si en ce moment c'était la question la plus importante du monde.

- D'après toi ? Non, ça va pas ! Je viens de me suicider et je me suis raté, c'est pas comme si j'avais la grippe !

- Tu peux arrêter de me hurler dessus s'il te plait ? J'ai essayé de t'appeler des dizaines de fois depuis mercredi. Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi tu as voulu tout arrêter ?, m'interroge-t-elle.

- À cause de toi, lâché-je.

- De moi ???!!!, s'étrangle Kate. Qu'est-ce que j'ai fait ?

- Tu sors avec Ethan.

- Et alors ? Je sortais bien avec Thomas avant, et il n'y avait aucun problème, non ? Si, il y avait un problème ?

Dépitée, elle s'assoit​ sur mon lit et continue à me regarder avec ses grands yeux bleus.

- Explique-moi, m'implore-t-elle.

Voilà, c'est le moment. Je ne peux plus me défiler. Ce sera trop tard, après.

- Je t'aime, Kate.

Je vois toutes les émotions défiler dans ses yeux, sur son visage, ses traits tirés et sa bouche arrondie par la stupeur, sa bouche que j'ai envie d'embrasser. Tant pis, je n'y tiens plus. Je profite de sa surprise pour l'embrasser.

Ça faisait très longtemps que j'avais envie de l'embrasser. Passé la stupeur, Kate se recule, me repousse et part précipitamment. Avant qu'elle ne claque la porte, j'aperçois des larmes qui s'échappent de ses yeux.

 Avant qu'elle ne claque la porte, j'aperçois des larmes qui s'échappent de ses yeux

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