Sans surprise, mon charmant petit ami eut l'adorable attention de prolonger le fiasco du vendredi soir tout le reste du week-end.
D'habitude, je pouvais au moins profiter de sa présence à son retour de soirée avant qu'il ne reparte pour de longues heures de football. Et bien pas ce week-end.
De plus en plus, j'avais l'impression de devoir négocier chaque nouvelle heure où il deignait passer du temps en ma compagnie.
J'étais lassée de cette relation à sens unique. Je me pliais en quatre pour essayer que tout aille bien entre nous et lui... Et bien lui, il prenait ce qu'il y avait à prendre avant de voguer vers d'autres appétits à satisfaire en compagnie de ses amis.
Pierce aimait être entouré, c'était un fait. Mais je commençais à me demander si c'était simplement pour le plaisir de s'amuser avec ses copains.
Plus je le voyais faire et plus j'étais intriguée.
Pierce passait toujours un temps démesuré dans la salle de bain. Il aimait plaire, c'était un fait. Mais j'avais de plus en plus l'impression qu'il mettait un point d'honneur à être le meilleur parti de son groupe.
Ce qui m'a mis la puce à l'oreille, c'est sa nouvelle amitié avec Rule.
Avant, même s'il était toujours soigné, il savait pertinement qu'il n'avait pas beaucoup d'efforts à fournir. Il était objectivement plus beau que ses copains d'aventure.
Mais depuis que Rule était entré dans la danse, Pierce avait rallongé encore un peu ses séances devant le miroir.
Plus j'y pensais et plus je riait intérieurement. Je crois que la beauté brute et sans artifice de Rule - à part un peu de gel coiffant dans les cheveux - le dérangeait.
La concurence, Pierce n'aimait pas ça. Il ne s'y était jamais vraiment frotté. Que ce soit dans le sport ou pour son physique poupin, il avait toujours eu l'habitude d'être le N°1.
Mais Rule avait débarqué et visiblement, il commençait clairement à lui faire de l'ombre.
Je connaissais Pierce par coeur ; c'était un mauvais joueur et je m'étais demandé pourquoi il était rentré de son match les machoires serrées le week-end dernier.
Il était passé me chercher chez moi sur le chemin du retour et je me rapelle lui avoir demandé si son équipe avait gagné. Il m'avait repondu que oui dans un murmure mais vu son attitude renfrognée, j'avais un doute sur la véracité de ses propos.
C'était la première fois que ça arrivait. D'habitude, il revenait de ses séances de ballon triomphant et le sourire aux lèvres. Fier comme un coq, il me racontait ses exploits en face du gardien. Rule lui aurait-il mis une raclée cette fois ?
Rien n'était moins sûr et je l'avais laissé avec ses contrariétés.
Oui, vraiment, je me demandais si finalement, il appéciait vraiment Rule pour ce qu'il était ou si, par fierté, il continuait de le fréquenter pour se prouver chaque jour qu'il vallait mieux que lui mais pour l'heure, j'étais préocupée par tout autre chose.
Alors que j'avais toujours en tête la soirée d'hier au restaurant, je me retrouvais une fois de plus seule en fin de journée. Pierce m'avait dit qu'il devait rejoindre Rule et les autres parce qu'ils allaient manger au fast-food avant de se rendre, comme toujours, au Démoniac.
Je ne sais pas pourquoi mais cette fois, je ne le sentais pas. Je veux dire, encore moins que les fois précédentes.
Ça n'a pas loupé. Mon 6ème sens avait tenté de m'alerter qu'une fois encore, ça allait tourner au vinaigre... pour moi.
Toute la nuit, comme chaque nuit du samedi au dimanche, j'ai scruté l'écran de mon téléphone. À six heures trente, je ne pouvais plus fermer l'oeil. La boite de nuit avait fermé depuis soixante longues minutes. Bon sang, qu'est-ce qu'il foutait encore ?
À sept heures, n'y tenant plus, j'empoignais mon téléphone et l'appelais. Cinq sonneries, répondeur. Je réessayais. Cinq sonneries, répondeur.
Je me sentais devenir folle. Ce mec finirait par avoir ma peau.
Au bout du sixième essai, se sentant vraisemblablement harcelé, Pierce décrocha.
- Ouais ?
- T'es où ? grognais-je.
- Rule et les autres avaient faim et on s'est arrêté à une boulangerie pour déjeuner.
- T'es pas leur chauffeur, répondis-je séchement.
Silence.
- Allo ? m'énervais-je.
- Oui, me répondit-il sans aucune répartie.
- Tu rentres maintenant ?
- Ils ont pas l'air d'avoir envie d'aller se coucher.
- Je m'en cogne ! Toi, tu peux rentrer. Ils sauront se débrouiller sans toi, Pierce. Il est sept heures, les bus et le métro ont repris du service.
- Ils ont proposé de partir jouer au foot à la fraîche, me repondit-il sans tenir compte de ma petite tirade.
- Vous n'avez pas dormi de la nuit et à la fermeture du Démoniac, vous partez petit déjeuner et jouer au foot ? Dis-moi que c'est une blague.
- Non.
C'était tout se qu'il répondit. Je voyais bien que je le gonflais mais il n'osait pas me braquer mais pas pour ma pauvre santé mentale, je n'étais pas dupe.
Lorsque Pierce prenait sa voix douce et rassurante, c'était pour arrondir les angles et faire mieux passer la pillule et à cet instant précis, je crois que ça me faisait encore plus enrager.
- Donc tu ne rentres pas ? demandais-je, pragmatique.
- Non, rétorqua-t-il de nouveau.
- Va te faire foutre.
Je venais de lui raccrocher au nez. C'était sûrement ce qu'il attendait impatiemment puisque, sans surprise, il ne rappela pas.
J'étais verte de rage et blanche comme un linge à la fois, autant dire que mon teint devait faire peur à voir.
Toute la journée, j'ai broyé du noir. Je le haïssait autant que je l'aimais et je commençais à comprendre pourquoi on dit que ces deux sentiments sont très proches. Leur intensité me percutait de plein fouet.
La pique lancinante qui sévissait dans mon ventre ne me quittait plus une seconde.
Incapable d'avaler quelque chose sans le vomir sur le champs tellement mon corps était contracté, je ne mangeât pas de la journée.
Lorsqu'enfin, ce dimanche maudit se termina, je m'allongeât sous ma couette, me retint d'envoyer un message cinglant à Pierce et forçai mes paupières à se fermer.
J'avais eu la journée entière pour laisser mon imaginaire travailler et les hypothèses qu'il me soumettait n'étaient pas réjouissantes.
Avaient-ils vraiment passé le dimanche entre copains sur un terrain recouvert de gazon ?
Ou bien avaient-ils rencontré des filles au Démoniac avec lesquelles ils avaient prolongé la soirée ?
Pierce ne m'en dirait jamais rien. Alors il ne me restait qu'une infime solution, aussi bête soit-elle.
Sans attendre, je fermais mes cils plus fort pour forcer le sommeil à m'engloutir.
Demain, devant les grilles du lycée, j'irais soutirer des informations à Rule.
___
"Le cœur a ses raisons que la raison ignore".
___
Pour respecter l'anonymat des personnes qui interviennent dans ce récit, leurs noms et les lieux de la véritable histoire ont été changé.
#romance #triangleamoureux #histoirevraie
VOUS LISEZ
Il était une fois Lui, Lui et Moi [Roman complet publié]
Teen FictionOn n'est jamais trop jeune pour tomber dans le piège d'une relation amoureuse toxique. A dix-huit ans à peine, l'enfer portait pour moi le doux prénom de mon petit ami. Lorsque mon M. Infidèle a rencontré M. Malpoli, il croyait s'être fait un allié...