CHAPITRE 71 | Du pareil au même.

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Le week-end était là. Les jours précédents, Pierce m'avait harcelée de messages et, sans savoir si c'était une bonne chose ou non, j'avais répondu à certains d'entre eux. Mes copines m'avait pourtant dit de couper définitivement les ponts avec lui mais j'en étais incapable. Pas pour moi, mais pour lui. Plus les jours passaient, plus je le sentais que Pierce filait du mauvais coton. Je ne savais pas bien si c'était de la comédie ou pas mais je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour lui. Surtout depuis que j'avais reçu un message vraiment bizarre la veille.

Alors que je roulais en direction du lycée accompagnée de ma mère, j'avais senti mon téléphone vibrer dans ma poche. Comme j'étais au volant, je ne l'avais pas sorti pour le consulter. Ce ne fut qu'une fois arrivée devant le lycée, après avoir embrassé Rule, que je m'en suis souvenu. J'avais sorti mon smartphone de sa cachette avant de froncer les sourcils.

MESSAGE REÇU DE : Pierce

Tu étais trop belle ce matin, en sortant de chez toi...

Rule m'avait demandé ce qu'il se passait et lorsque je lui avais tendu mon téléphone, c'est lui qui avait froncé les arcades et serrer les poings.

Depuis quand Pierce, qui était censé embaucher tôt, ratait le travail pour m'observer sortir de chez moi, caché au détour d'une ruelle ? Ça devenait vraiment trop glauque. Il commençait sérieusement à me faire peur. Il fallait que je lui fasse comprendre qu'il devait tourner la page, et vite. Alors quand il m'avait proposé de le voir, pour la première fois depuis longtemps, j'avais accepté. Evidemment, Rule n'était pas au courant. Mais j'étais au bout du rouleau. Pierce devait accepter mon choix.

Ce vendredi soir-là, à dix-neuf heure tapantes, mon téléphone sonna.

— C'est moi, je suis en bas.

— J'arrive.

Ça faisait longtemps que je n'avais pas dit ça à Pierce.

J'éteignais mon téléphone pour la soirée pour que Rule ne puisse pas me joindre au risque de tout faire capoter et je descendais les escaliers, stressées mais déterminée.

Dans la voiture, l'ambiance était étrange. Ni Pierce ni moi ne pipâmes mot jusqu'à ce que nous nous garions sur le parking du fast-food. Après m'avoir harcelée au téléphone, mon ex petit ami semblait avoir subitement la bouche bien sèche.

Pierce me tint galamment la porte et nous pénétrâmes l'un après l'autre dans le restaurant à l'odeur de frites. Ce ne fut qu'une fois notre commande passée et nos fesses installées sur les banquettes capitonnées que la première phrase fut enfin prononcée.

— Ça me fait bizarre de te voir, dit-il alors que je gobais un nugget sans grand appétit, l'estomac trop noué pour savourer mon repas.

— Moi aussi, Pierce, mais je crois qu'on avait besoin d'avoir une dernière conversation.

— Une dernière ?

— Oui, une dernière.

— Tu sais Angelina, je ne peux pas croire que tu sois partie pour lui. Ça ne te ressemble pas.

— Je suis tombée sous le charme de Rule, c'est vrai, mais si tu avais été aussi droit dans tes bottes que moi depuis le début de notre relation, tout ça ne serait sûrement jamais arrivé.

— Alors c'est de ma faute ?

— Evidemment, Pierce. Est-ce que ça ne te saute pas aux yeux ?

— J'ai déconné avec toi, c'est vrai, mais pas tant de fois que tu sembles le croire.

— Alors tu continues à me mentir ?

— Je ne t'ai jamais menti.

Je failli m'étouffer avec mon ketchup.

— Je te demande pardon ? Est-ce que tu peux répéter ça une seconde ?

— Je ne t'ai jamais menti, répéta-t-il avec aplomb en me regardant droit dans les yeux.

— Oh putain.

— Quoi ?

— Rien. Je ne pensais juste pas que tu aurais encore le cran de te foutre ouvertement de ma gueule. Tu sais Pierce, en fait, je pensais sincèrement que ce soir tu jouerais carte sur table avec moi. Je veux dire, finalement, tu n'as plus rien à perdre. Tu aurais pu essayer de te racheter une conduite en me disant que tu avais été con depuis le début, que tu m'avais trompé avec la moitié de la ville mais que tu regrettais. Pour être honnête, même si tu l'avais fait, ça n'aurait rien changé. Je ne serai pas revenue avec toi et rien n'aurais recommencé comme avant. Parce que tout ça c'est bel et bien terminé. Mais au moins, je me serait dit que t'avais eu le cran de baisser les armes et d'être enfin honnête avec moi. C'est l'image que j'avais envie de garder de toi, Pierce. Sincèrement. Parce que je t'ai aimé du plus profond de mon cœur et que je me rends compte depuis ces dernières semaines qu'en fait, alors que tu me disais de n'écouter personne, c'était tous ses gens, qui pourtant ne te connaissaient pas aussi bien que moi, qui avaient raison à ton sujet.

— Je vois que ton nouveau mec t'a bien monté la tête...

— Tu ne comprends vraiment rien, décidément. La seule chose qu'à fait Rule, depuis le début, c'est de me démontrer que tout ce que ces gens me racontaient sur toi depuis trois ans était vrai. C'est la seule personne qui a réussi à me faire voir la réalité telle qu'elle l'était quand je n'en faisais qu'à me tête, quand mon cœur ordonnait à mon cerveau de ne pas réfléchir à l'endroit, trop peureux qu'il était de te perdre.

— Tu es amoureuse de lui ? me demanda-t-il sans transition.

— Je ne sais pas.

— Si tu m'avais dit oui, je ne t'aurais pas cru.

— Peu m'importe.

Je laissais un blanc et soupirai profondément.

— Est-ce que tu sais pourquoi j'ai accepté de te voir ce soir, Pierce ?

— Dis-le moi.

— Pour te dire, les yeux dans les yeux, que tu dois tourner la page.

— Je ne peux pas, Angelina.

— Tu n'as pas le choix. Et il faut que tu l'acceptes.

— Comment peux-tu demander ça à quelqu'un qui t'aime plus que tout ?

— Comment as-tu pu faire autant de mal à cette personne que tu dis aimer plus que tout ? Est-ce que quand tu couchais avec toutes ces filles, tu pensais à moi ? Est-ce que pendant que je pleurais toutes les larmes de mon corps, tu avais pitié pour moi ? J'ai vécu les pires souffrances de ma vie à tes côtés, de grandes joies aussi, mais bien trop peu, si bien que je m'en rappelle à peine. Pierce, depuis très longtemps, tu ne me rendais plus heureuse. De ton plein gré. Tu as joué avec moi, et tu m'as perdue.

— Je n'ai pas joué avec toi... chuchota-t-il.

— Si Pierce, a de nombreuses reprises. Comme un joueur accro au casino. Il gagne un fois, puis deux, et un jour, à force de rejouer l'intégralité de sa mise pour gagner une nouvelle fois, il perd tout. L'appât du gain dans un cas, du sexe et de la séduction dans l'autre. C'est du pareil au même.

Je me levais lentement alors que Pierce, abattu, noyais son regard dans son soda.

— Je crois qu'on s'est tout dit. Maintenant, ramène-moi chez moi, s'il te plait.

Il était une fois Lui, Lui et Moi [Roman complet publié]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant