CHAPITRE 13 | L'affaire est dans le sac.

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Les "biiip" qui résonnaient dans mon téléphone me rendaient nerveuse mais avant que le dernier ne se fasse entendre, la voix irritée de Pierce se déversa dans mon conduit auditif.

- Allo ! cracha-t-il presque.

- Je te dérange ? le provoquais-je d'une voix faussement mielleuse.

- Je suis au travail là ! s'insurgea-t-il.

- Sans blague ! Et moi j'ai quelque chose à te dire. Alors tu vas prendre deux minutes pour m'écouter.

- Qu-est-ce qu'il y a encore ? s'agaça-t-il d'avance.

- Tu te fous de ma gueule.

- Non, pourquoi ?

- Ce n'était pas une question. C'était un état de fait. Tu te fous ouvertement de ma gueule.

- Putain, qu'est-ce qu'on t'as raconté encore ? s'énerva-t-il une nouvelle fois.

- On m'a encore expliqué que tu me prenais clairement pour une conne. Alors comme ça, c'est Rule qui t'appelle la semaine pour sortir et t'ose pas refuser, c'est bien ça ?

- Ouais.

- Menteur ! feulais-je.

- Merde, c'est quoi ton problème ? Je te dis qu'il m'appelle pour aller bouffer parfois et que j'y vais de temps en temps.

- Premièrement, je te signale que ta propre copine n'a pas le droit de déranger sa majesté Pierce par un simple sms la semaine pour des raisons à dormir debout et toi, tu sors carrément manger avec un pote. Tu te fous donc de ma gueule une première fois. Mais en plus tu es un menteur parce que, et c'est le "deuxièmement", Rule vient de me dire que c'est toi, Pierce, qui l'appelle pour le voir. Donc pour la seconde fois de suite, tu me prends pour la dernière des connes.

- N'importe quoi !

- Bien, ton ami Rule sera ravi d'apprendre que tu le traîte de menteur lorsqu'il entendra notre conversation que mon téléphone est en train d'enregistrer, bluffais-je.

Et comme je m'y attendais, se sentant acculé, le gentleman qu'était Pierce me raccrocha au nez.

Un petit sourire satisfait se dessina sur mon visage amer.

Contrer les mensonges de Pierce et le confronter à ses conneries était devenu mon sport favori.

C'était la seule façon que j'avais trouvé pour essayer de maintenir une certaine sincérité entre nous. Je le forçais delibérément à avouer la vérité lorsque j'y parvenais.

J'avais l'impression que moins il y avait de mensonges non résolus, plus notre relation s'éclaircissait mais c'était un leure.

Il y aurait toujours plus de cachoteries que de vérités révelées au grand jour. Je ne pouvais pas tenir la cadence.

Désormais, chaque jour apportait son lot de non-dits ou d'actes camouflés et je m'épuissais, jour et nuit, à essayer de les percer à jour. Lorsque j'y parvenais, un tas d'autres s'étaient ajoutés à la pile de mensonges qui, malgré tous mes efforts, ne cessait de grandir.

Pierce était devenu un crack dans son domaine, il ne se contre-disait jamais, il était toujours cohérent dans ses propos ce qui rendait la tâche ardue pour déméler le vrai du faux.

Mais cette fois, mon coup de poker avait fonctionné. Aujourd'hui, c'était moi qui gagnait. Et comme pour appuyer mon hypothèse, mon téléphone que je n'avais pas pris la peine de ranger, vibra dans ma main.

Je décrochais sans même regarder le nom de l'appelant. Je savais.

- Tu es calmé ? provoquais-je Pierce à nouveau.

- Ecoutes, c'est vrai, j'appelle Rule de temps en temps pour aller manger un bout en semaine. Mais qu'est-ce qu'il y a de mal là-dedans ?

- Hum... Voyons voir. Sûrement le fait que M. Pierce Le Grand prenne la peine de sortir de sa grotte en semaine pour rentrer tard le soir juste pour voir un ami alors que moi, ta petite ami depuis trois ans, j'ais l'interdiction formelle de te déranger la semaine, même avec un simple message le soir, parce que tu as autre chose à penser.

- Ça va, je ne vais pas voir des filles que je sache. C'est juste Rule.

C'était ça, sa défense ? Il m'avait habitué à mieux. Mais détourner un sujet pour lequel il était en tord avec une phrase cinglante pour relativiser les faits était sa spécialité.

- Et tu veux que je te dise "merci" certainement ? lui demandais-je attérée.

- Tu pourrais, me provoqua-t-il.

J'avais envie de l'étrangler. On arrivait à la deuxième phase de son processus de défense. Aprés avoir relativisé la situation, il passait à la provocation. Le but ? Que mon énervement se détourne de sa nouvelle trahison pour se focaliser sur ses mots que j'aurais plus de facilité à oublier.

- Tu es un parfait connard.

- Ah bravo, tu m'insultes maintenant. Et bien, c'est beau ça...

- Ne retourne pas la situation Pierce... grognais-je.

Et voici la troisième et dernière phase du processus de défense. Je connaissais l'histoire par coeur.

Il allait maintenant me faire culpabiliser pour que je réfléchisse à mes propres actes plutôt qu'aux siens. Et l'affaire était dans le sac.

- Ç'est ça, c'est moi qui retourne la situation. Quand tu seras prête à discuter sans m'insulter, on se rapellera. Ou pas. Bonne journée, Angelina.

Et il raccrocha alors que mes dents étaient tellement serrées que j'aurais pu les ébrécher.

Et voilà. Ça s'était encore passé. J'avais un argument valable contre ses agissements et il avait réussi à me mettre les nerfs en pelote alors que lui devait être particulièrement satisfait de son petit numéro.

Je savais pertinement qu'il allait recommencer à me manipuler et malgré tout, ça marchait à chaque fois.

Sans que je ne puisse la controler, ma haine montait dans mes veines au fur et a mesure que j'entendais sa voix et son ton fourbe.

Je le détestais. Je le détestais autant que je l'aimais et pour l'instant, Pierce avait réussi à maintenir cet équilibre précaire.

Il prenait garde à ce que ma haine ne dépasse jamais mon amour pour lui. Pour que je reste. Pour que je sois à lui. Il me le disait depuis toujours. Tu es à moi.

Il était possessif tout en se donnant l'air de s'en fiche royalement. C'était comme ca. Malsain et destructeur. Il était comme ça. Il était Pierce.

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"Le cœur a ses raisons que la raison ignore".

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Pour respecter l'anonymat des personnes qui interviennent dans ce récit, leurs noms et les lieux de la véritable histoire ont été changé.
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Il était une fois Lui, Lui et Moi [Roman complet publié]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant