CHAPITRE 22 | Se brûler les ailes.

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J'étais contre Rule, son bras enroulé autour de moi, je ne bougeais pas. Je ne répondais pas non plus et ce qu'il venait de prononcer résonnait encore et encore dans ma boite cranienne.

"Si j'avais su que c'était toi, la copine de Pierce, j'aurais évité qu'on devienne pote, lui et moi".

Je n'avais pas envie de quitter son corps dur et chaud. Ses muscles étaient bandés. Je sentais son odeur virile, son parfum et son coeur battre à travers son thorax. Il était dangereusement attirant.

Rule se décola doucement de moi et un pincement me piqua l'estomac. J'aurais aimé que l'impossible se produise ; que ce moment dure toujours.

Il y a des personnes qui parfois, sans rien faire, vous rendent dingue. Vous pouvez détester ou adorer quelqu'un avec force seulement du fait de petits détails imperceptibles pour votre conscience.

Et Rule était rempli de ces petits détails qui m'attiraient à lui sans que je ne puisse beaucoup lutter.

Sa peau caramelisée, ses yeux en amandes remplis de café au lait avec de petits éclats de pistache, ses lèvres pulpeuses comme de la guimauve, ses cheveux brun cacao... Oui, Rule était une gourmandise qui donnait envie de mordre dedans à pleines dents.

Lorsque ce dernier retira son bras de mes épaules, je me redressa légèrement. Nous nous regardions, noisette sur azur. Ses yeux pétillaient d'une lueur que je ne savais pas interpréter. Puis, sa voix vint briser le silence.

- Je crois qu'on gène.

Je me retournais vivement vers le sens de la file à laquelle j'avais tourné le dos pour plonger contre le torse de Rule.

- Effectivement, confirmais-je.

Il y avait au moins deux mètres de vide devant nous. Pendant notre étreinte volée, les affamés de devant avaient continué leur chemin vers le réfectoire pendant que nous bloquions ceux de derrière qui, étonnament, n'avaient pas bronchés alors que nous les ralentissions.

Soudain, je sentis la main de Rule s'écraser sur le bas de mes reins, cette zone qui me faisait frissoner au moindre contact, pour m'inciter à avancer.

Je n'ai pas dû être assez rapide à son goût puisque, alors que sa paume était toujours plaquée contre mes reins, j'ai sentis ses doigts s'insinuer sous le tissus de mon vêtement jusqu'à atteindre la chaleur de ma peau au bas de mon dos.

Je me suis raidis et je sus immédiatement qu'il l'avait sentit.

Perturbée par ce contact avec lui, je me décidais tout de même à accélérer le pas et à rejoindre la cantine alors que le bout de ses doigts quittaient la chaleur de mon corps.

Je ne me retourna pas vers lui, comme si tout était normal. Surtout, je crois que je craignais de me confronter à son regard que j'avais peur de trouver lourd de sens.

Aussi, je préféra continuer mon chemin le long du rail métalique sur lequel glissait mon plateau alors même que je sentais Rule qui me talonnait de près.

Je me sentais toute chose. Jamais je n'avais eu de véritable contact avec un garçon depuis que j'étais avec Pierce.

J'avais toujours été droite dans ma relation, trop droite peut-être face à ce que j'avais encaissé mais au moins, j'avais ma conscience pour moi.

Et voilà qu'après trois ans sans ressentir aucune véritable tentation, aucune attirance pour quelqu'un d'autre que Pierce, je m'étais faites capturée par la folie des instants passés avec Rule, l'ami de mon petit copain.

Je n'avais pas de quoi être bien fière de moi et en même temps, je me demandais si j'aurais agit de la même façon si j'avais été en paix avec Pierce.

Est-ce que je m'autorisais à craquer pour Rule seulement parce que Pierce avait été infidèle de trop nombreuses fois ?

Ou bien est-ce que j'aurais tout de même été attirée par Rule si Pierce avait été un enfant de coeur ?

Ou peut-être que... Peut-être que je ne me sentais pas aimée par Pierce autant que je lui donnais mon affection. Est-ce que ce manque de considération aurait pu conduire à ce que je me tourne vers quelqu'un d'autre que lui ?

Je ne savais pas bien et il est vrai qu'en plus, Pierce n'avait pas été bien malin. Car il savait quel type de garçon m'attirait en général.

Pierce avait la peau claire comme la neige alors que j'aimais la chaleur de la terre. En société, Pierce était le gendre idéal alors que j'adorais les personnalités affirmées. Face aux autres, mon petit ami était doux comme un agneau alors que je préférais la force bestiale des lions.

Alors je me suis demandé plus d'une fois ce qu'il lui avait pris de me présenter Rule qui réunissait tous les critères et qui, cerise sur le gâteau, était dans le même lycée que moi.

Je savais Pierce sûr de lui et il avait pleinement conscience que même s'il n'était pas ce qui me faisait chavirer au premier abord, il avait plus d'un atout pour que je tombe amoureuse de lui. Ce que je fis et depuis trois ans, je n'avais songé à personne d'autre qu'à lui.

Lorsque nous nous sommes rencontré, son sourire enjoleur et sa douceur m'avait justement faite craquée. Parce que Pierce était une unité complexe et solide et chaque partie de sa personnalité, ou celle qu'il avait bien voulu me dévoiler au début, était le prolongement de son physique parfait.

J'étais tombé sous son charme dès notre première rencontre. Il était beau, tellement beau... Et lorsqu'il m'avait enrobée de ses charmes lors de nos premiers rendez-vous, j'étais tombée éperdument amoureuse de lui.

Mais trois ans plus tard, maintenant que je connaissais toutes les facettes de Pierce, sa première image absolument charmante s'était effritée sous mon regard triste pour me laisser entrevoir son vrai lui, aussi blanc et enivrant qu'il pouvait subitement devenir complètement noir et détestable.

De fait, est-ce que me présenter Rule était une enième provocation ? Est-ce que ça représentait pour lui un nouveau test pour se prouver une nouvelle fois que quoi qu'il arrive, je ne le quitterai jamais, même pour mon idéal masculin ?

Cette idée, bien que dangereuse, aurait très bien pu être la sienne et Pierce gagnait toujours ses paris. Absolument toujours. Mais lorsque l'on prends de tels risques, il faut également se prémunir au cas ou cette fois-ci, on se brulerait les ailes...

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"Le cœur a ses raisons que la raison ignore".

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Pour respecter l'anonymat des personnes qui interviennent dans ce récit, leurs noms et les lieux de la véritable histoire ont été changé.
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Il était une fois Lui, Lui et Moi [Roman complet publié]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant