Il était une fois Lui, Lui et Moi [Roman complet publié]

CHAPITRE 37 | Fondre comme un esquimau.

La nuit était tombée et nous nous délections du ciel d'encre au-dessus de nos tête et de la température idéale d'une fin de Printemps.

Rule m'avait proposé de partager la même chaise que lui et je ne m'étais pas faite priée pour m'installer sur ses cuisses, de biais, mes pieds balançant dans le vide.

J'avais enroulé un bras autour de son cou pour retenir mon buste, mon flanc en appuis contre le sien.

Discrètement, sa main droite cachée derrière moi s'était glissée sous mon pull léger et me caressait sensuellement toute la peau à laquelle elle avait accès.

Sa paume était chaude, ses gestes sûrs, assumés.

Il fumait une énième cigarette et la fumée qui s'échappait de ses lèvres qui s'ouvraient et se refermaient devant moi me fascinait comme si j'observais l'une des sept merveilles du monde, lesquelles étant devenues la bouche donc mais aussi le regard, l'aura, les mains, le charisme, les iris et la peau caramel de Rule.

Ce dernier me jeta un coup d'oeil malicieux armé d'un sourire en coin qui me faisait fondre comme un esquimau.

En posant mon regard sur lui un instant, je ne m'étais pas rendu compte que je le fixais depuis deux longues minutes et que le couple en face de nous avait stoppé sa discussion avec Rule pour m'observer comme une extraterrestre au comportement venu d'ailleurs.

- T'es bloquée, Angelina ? rit Charley.

Je n'eus pas de réponse qui vint instantanément pour donner le change, comme lorsqu'on se réveille d'un long sommeil et qu'il nous faut quelques secondes de battement pour réussir à reformer une phrase cohérente.

Je tournais subitement la tête vers Kyle et Charley qui regardait cette scène étrange avec un sourire mutin.

- Laissez-là tranquille... articula Rule d'une voix lente et grave en même temps qu'il attrapait ma machoire pour tourner mon visage vers le sien après avoir écrasé son mégot dans le cendrier.

Sans retenue, il colla ses lèvres au miennes devant le regard que Charley et Kyle braquaient sur nous alors que ma bouche s'ouvrait doucement, et le reste de fumée qu'il gardait enfermée dans ses poumons se déversa sur ma langue, envahissant ma bouche.

Puis se fut au tour de l'intimité du garçon avec le sex-appeal le plus destructeur de la planète de venir s'immiçer en moi, nos souffles enfiévrés se répondant et nos mains se resserant instinctivement sur nos corps avides de sensations.

Lorsqu'il recula sa bouche dont j'avais coincé avec précaution la lèvre inférieure entre mes incisives saillantes, nos regards plongèrent l'un dans l'autre. Ils pétillaient si fort que c'était comme si tout notre désir était contenu dans le minuscule espace de nos pupilles pour ne pas déferler tout de suite comme un tsunami dans nos corps tout entiers.

- Et ben ! s'exclama soudain Kyle après avoir assisté au marquage de territoire viril auquel Rule venait de s'adonner sans crainte. Un peu plus et vous faisiez l'amour sur la table !

Rule me donna un dernier contact du bout de sa langue douce sur mes lèvres roses avant de tourner son regard encore chaud comme la lave d'un volcan vers son ami.

- Et t'aurais aimé ça, en plus, le provoqua Rule.

- Effectivement, j'aurais peut-être profité du spectacle, rit Kyle.

Charley et moi nous regardèrent, interloquées. Les filles et les garçons venaient à coup sûr de deux planètes lointaines.

Et les conversations reprirent, laissant cette parenthèse derrière nous.

Vers une heure du matin, Kyle et Charley nous abandonnèrent pour rejoindre leur chambre, nous laissant seuls dehors avec pour seule consigne de fermer la baie vitrée derrière nous lorsque nous rentrerons.

- Ton téléphone vibre sous mes fesses depuis une heure, dis-je l'air de rien alors que je me levais pour occuper la chaise en face de Rule laissée vide par Charley.

- Je sais, me dit-il en le sortant de sa poche, mais je pensais que tu aimais bien alors j'ai pas voulu décrocher.

- T'es con ! m'amusais-je.

Rule rit à son tour et je devais me retenir de ne pas lui sauter dessus tellement je le trouvais beau. Jamais de ma vie toute entière quelqu'un ne m'avait fait vibrer comme lui. Pas même Pierce.

C'était si intense que ça en était presque douloureux. J'avais une boule au fond de la gorge. Il me faisait complètement chavirer.

Lorsque M. Trop-beau-pour-rester-lucide consulta son téléphone, je l'observais.

- C'est Pierce, je suppose.

- Ouais, lui et les autres. Ils doivent être en soirée et se demandent certainement pourquoi je réponds pas au téléphone un vendredi soir.

- Ce même vendredi où je suis également absente, comme par hasard.

- Ouais... soupira Rule en posant son téléphone sur la table. Je pense que tu peux t'attendre à ce que ton mec se doute qu'y a un truc qui tourne pas rond.

- Ça arrivera bien un jour de toute façon.

- Quoi ? Qu'il sache pour toi et moi ?

- Oui.

- A part si tu décides d'arrêter après ce week-end. Je trouverais une explication pour mon absence et toi, tu pourras reprendre ta vie avec lui.

- Et tu ne dirais rien à personne ?

- Je ne te trahirai pas, Angelina. Quoi que tu décides.

- Et si j'ai envie que ça continue encore ?

- Je serais là aussi.

- Rule, qu'est-ce que tu attends de cette relation ? Je sais comment tu es avec les filles ; tu t'en fiches royalement, tu n'es pas fidèle avec elles et tu les largues comme de vieilles chaussettes quand tu as... Enfin, t'as compris.

- Tu veux que je sois sincère avec toi ?

- S'il te plait.

- Ok. Alors ce qu'il faut que tu saches, c'est que oui, au début je pensais faire pareil avec toi qu'avec toutes les autres. Pierce déconnait et je me disais que si je réussissais à t'avoir, ce serait bien fait pour sa gueule mais que ça s'arrêterait là. Et puis les choses ont changées. Pour la première fois de ma vie, je me suis attaché. J'ai toujours voulu que ça se passe comme ça, mais j'y arrivais pas. Ces filles, elles avaient rien qui me faisait me dire que c'étaient les bonnes et à chaque fois, c'était la même chose ; je ressentais rien. Mais avec toi, c'est différent. Y a un truc en toi qui... je sais pas. T'as un truc en plus que les autres n'avaient pas à mes yeux.

Je m'empourprais, touchée par ses mots. Rassurée, aussi.

- Alors on continu encore un peu ? Juste pour voir ce que ça donne...

- Je dois comprendre que tu pourrais quitter Pierce pour moi si notre relation était sérieuse ?

- C'est ce que ça veut dire, oui.

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"Le cœur a ses raisons que la raison ignore".

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Pour respecter l'anonymat des personnes qui interviennent dans ce récit, leurs noms et les lieux de la véritable histoire ont été changé.
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