CHAPITRE 38 | N'avoir qu'une parole.

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Rule et moi avions quitté la table, fermé précautionneusement la baie vitrée et nous étions dirigés vers notre chambre commune pour ce long week-end de trois jours.

Une fois à l'interieur, Rule avait enfilé un pantalon en coton confortable et s'était allongé sur le matelas sans défaire le lit, les bras croisés derrière la tête et le dos en appuis contre la tête de lit.

J'admirais son corps d'homme avec fascination. Il était fin et musclé, sec et tracé. Je détaillais avec gourmandise ses clavicules saillantes, ses trapèzes tendus, ses épaules pleines, ses biceps arrondis, ses avants bras où serpentaient plusieurs veines viriles.

Ses pectauraux étaient aussi bien dessinés que chacun de ses abdominaux recouverts de chair café au lait avec un taux de masse grasse vraisemblablement proche de zéro.

Le V sculpté sur son bas ventre et descendant plus bas que ce que son vêtement voulait bien en montrer fit outrageusement travailler mon imagination.

Je crois que je savais assez bien à quoi ressemblait mon idéal masculin mais je n'imaginais pas qu'il existait pour de vrai, qu'il était même possible que la nature ait rassemblé autant de merveilles sur un seul corps. C'en était presque injuste. Il était par-fait.

Soudain sortie de mes songes par ce garçon qui me mangeait des yeux, je réalisais enfin : je devais changer de tenue.

Rule me regardait d'un air plein de promesses alors que j'étais restée plantée là à le détailler. Il semblait se réjouir d'avance du spectacle, mais il pouvait toujours rêver.

- Ferme les yeux, ordonnais-je

- Les deux ? me railla Rule.

- Les deux.

- Je suis vraiment obligé ?

- Oui.

- Mais j'ai peur du noir... plaida-t-il ironiquement.

- Rule...

Il étouffa un rire et pinça ses paupières avec exagération.

- Je peux te faire confiance ? demandais-je pas bien sûre. Parce que sinon je vais dans la salle de bain.

- Je n'ai qu'une parole, m'assura-t-il les yeux toujours clos.

- J'espère pour toi, le menaçais-je, ce qui le fit ravaler un nouveau rictus.

Je me baissais alors vers mon sac, en sortais un short satiné rose poudré et un débardeur à très fines bretelles assorti.

Je tournais pudiquement le dos à Rule et lorsque je me delestais de mes vêtements du jour, laissant mon ensemble de lingerie noir et la couleur crème de mon corps apparents, je me hata d'enfiler le fin tissus qui me couvrirai pour la nuit en prenant garde de conserver pour une fois mon soutien gorge sous le petit haut fin et trop échancré pour ne rien apercevoir.

Lorsque je me retourna vers Rule, ce dernier me regardait, les yeux un peu trop grands ouverts à mon goût.

- Rule ! le sermonais-je vivement.

- J'ai dit que je n'avais qu'une parole. Mais je n'ai rien promis, en fait.

- Rule, je vais te faire passer l'envie de te foutre de moi !

- Pourquoi tu t'énerves, petit chaton enragé ? dit-il en souriant à pleines dents. Tu n'as vraiment rien à cacher, tu as un corps de fou furieux.

- Rule... grognais-je à la fois frustrée, émoustillée, agacée, excitée, en colère et satisfaite.

- Quoi ? s'exclama-t-il en levant les deux mains de part et d'autre de sa tête pour prouver toute son innocence et sa bonne foi.

Un sourire vengeur se dessina sur mon visage avant que je ne saute debout sur le lit pour empoigner un coussin que je lui abattis avec virulence sur la tête.

Mais Rule avait déjà paré le coup, attrapé le coussin qu'il tira d'un geste sec pour le jeter par terre et me déséquilibrer juste assez pour qu'il puisse me saisir par les bras et me plaquer contre lui.

À certains endroits, nos peaux chaudes étaient collées l'une à l'autre. Dans cette position, allongée à moitié à plat ventre sur lui, je dû lutter pour me forcer à faire un mouvement me servant à me dégager de sa prise.

Rule me laissa docilement m'écarter de lui, le regard finement braqué sur moi comme un détecteur analysant mes moindres intentions douteuses à son égard.

Encore une fois, il me cernait sans grande difficulté, ce qui commençait presque à m'irriter puisque lorsque je me jetta sur lui pour tenter une nouvelle attaque surprise afin de lui faire payer son affront, ses paumes empoignèrent avec forces mes poignets et sans que je ne comprenne bien comment la manipulation était humainement possible, je me retrouvais allongée sur le dos, les mains croisées au dessus de ma tête.

Rule se tenait assis à califourchon sur moi, maintenant au-dessus de mon crâne avec une seule main mes petits poignets soudain bien fragiles dans sa poigne intraitable.

Son regard sonda le mien avec insistance alors qu'il était sauvagement perché sur mes hanches. Je me débattis quelques secondes pour essayer de le faire céder, en vain. Je n'arrivais même pas à le déséquilibrer un instant.

Mon corps, soudain épuisé par cette confrontation courte et intense, s'affaissa. J'étais vaincue. Délicieusement vaincue.

Rule me regardait comme un prédateur ayant capturé sa proie, se délectant de son regard appeuré, de son corps sans défense entre ses griffes avant de savourer son festin.

Et son repas, c'était moi.

Je ne disait rien, patientant impatiemment en tentant de réfréner le tsunami qui prenait place dans mon bas ventre.

Rule était redoutable. Pour mon corps. Pour mon coeur. Et pour mon âme. Je sentais un millier de sensations déferler en moi. Jamais je n'avais été si à fleur de peau au contact de quelqu'un.

Comme avec Pierce, je me sentais désarmée et impuissante, incapable de lutter. Mais alors qu'avec ce dernier c'était une souffrance sans fin, une soumission destructrice, avec Rule c'était une exquise sensation d'être dominée avec bienveillance.

Il transpirait d'envie de me proteger, et ainsi positionné au-dessus de moi, je le voyais enfin sans filtre.

Je comprenais enfin. Je comprenais vraiment. Rule cherchait à me donner sa protection. Pour me protéger de Pierce. Pour me protéger de moi-même et de ma faiblesse face à ce garçon que j'avais rencontré en tant que très jeune adolescente et qui avait toujours pris garde à avoir le dessus sur moi.

Rule me regardait ardemment, son poids pesant sur mes hanches.

- Est-ce que je peux te lâcher maintenant ?

Je hochais la tête.

- Tes petits poings ravageurs vont rester bien à leur place ?

Je haussais les épaules.

- Alors c'est comme ça ? Tu veux te battre contre moi ?

Je souriais. J'avais désespérément besoin de contact avec Rule et puisqu'il était hors de question que je lui cède du terrain entre mes cuisses si tôt, alors nous allions nous battre.

- Bien. On va se battre. Mais tu va perdre. Et tu vas aimer ça, me provoqua-t-il.

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"Le cœur a ses raisons que la raison ignore".

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Pour respecter l'anonymat des personnes qui interviennent dans ce récit, leurs noms et les lieux de la véritable histoire ont été changé.
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Il était une fois Lui, Lui et Moi [Roman complet publié]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant