CHAPITRE 9 | Se faire balancer.

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Comme par hasard...

Sept heures quarante. J'arrivais devant le lycée vingt minutes avant le début des cours avec mes questions répétées depuis hier soir dans l'esprit et Rule n'était pas là.

Les garçons avaient-il des radars pour s'enfuir avant d'être confrontés à une conversation non désirée ?

Le fait est qu'il n'y avait aucune trâce de Rule à l'horizon, ce qui n'arrangeait pas mes affaires.

Rapidement, je balayais des yeux les alentours avant que mon regard n'accroche celui de quelqu'un qui allait peut-être m'être utile.

Le joyeux luron vers lequel je me dirigeais était dans ma classe l'année passée. Il était amical, un peu bonne poire même et je savais qu'il connaissait Rule pour l'avoir vu parler avec lui une fois ou deux à cet endroit précis.

Mon ancien camarade de classe a dû voir mon intention innabituelle de venir lui parler à des kilomètres à la ronde puisqu'il me lançait maintenant un sourire franc et des yeux pétillants derrière les rectangles de ses lunettes.

- Salut !

- Angelina ! Comment tu vas ? sembla t-il s'émerveiller.

- Bien, merci.

Tellement préocupée par mes petits ennuis, je ne prenais même pas la peine de lui retourner la question. Quelle cruche.

- Tu n'aurais pas vu Rule, à tout hasard ?

Il se retourna instinctivement pour inspecter les grilles favorites de l'interessé. Je me retins de lui faire savoir que je l'avais fait avant lui. Trop aimable.

Avant d'ouvrir la bouche, je me repris. Mon irritation n'était pas de son fait, je me retenais donc de lui faire la réflexion et attendais patiemment sa sentence.

- Non, trancha t-il enfin. C'est bizarre, il est toujours là-bas d'habitude. Tu veux que je l'appelle ?

Qu'il l'appelle ? Sur son téléphone ? Parce qu'il avait son numéro ? Bon Dieu, était-il vraiment sérieux ? Il ne manquerait plus que ça. Je m'imaginais déjà la scène. Plutôt mourrir. Ou presque.

- Ne te donne pas cette peine, ce n'est pas si important.

Tu parles.

- Si, j'insiste. Ne t'inquiète pas, ça ne me dérange pas, tenta-t-il de bien faire en déguainant son smartphone.

- Non, non, crois-moi, ça n'en vaut pas la peine, lui répondis-je en repoussant sa main fermée sur son téléphone vers sa poche pour l'inciter à le ranger. Je dois filer, merci quand même !

Et je m'esquivais furtivement entres les petits groupes de lycéens disséminés ci et là pour qu'il n'ait pas le temps d'insister une nouvelle fois pour prévenir Rule que j'avais à lui parler.

Je tenterai de me rappeler à l'avenir de ne pas demander à quelqu'un s'il avait vu Rule. Ça m'éviterai un embarras certain.

J'étais déconcertée tant je voyais mes plans échaffaudés une bonne partie de la nuit tomber à l'eau.

J'avais prévu chaque phrase, chaque réplique. Mais visiblement, cela devrait encore attendre un peu.

J'étais sur les nerfs, impatiente et frustrée. Les faits et gestes supposés de Pierce la nuit dernière envahissaient toute ma boîte crânienne.

J'avais besoin de réponses, et vite. Cependant, j'étais habituée à ne pas en avoir du tout alors finalement, je devais bien être capable de patienter un peu si on me promettait de me les apporter sur un plateau.

Malheuresement pour moi, personne, à part Pierce, ne me promettait rien. C'était un comble.

Je devrais user de toutes les stratégies dont je serais capable pour convaincre Rule de me révéler ce qu'il s'était passé le samedi soir pour que mon petit ami décide de ne pas rentrer le dimanche matin et de se blottir sous la couette comme il le fait d'habitude

J'espérais sincèrement me faire des films. J'aurais aimé croire que pour une fois, je me trompais mais généralement, je n'avais pas cette chance.

Pierce était ce qu'il était, je le savais depuis des années et pourtant, je passais mon temps à espérer que le dernier weekend était d'un accident, une fois de plus.

Je n'avais jamais, ou plutôt je possédais rarement la preuve, la certitude qu'il avait fait des cochonneries dans mon dos.

Pourtant, je pensais sincèrement que dans la vie, il n'y avait pas souvent de fumée sans feu. Et dans ce domaine, il semblerait que Pierce soit un véritable brasier.

En attendant ma rencontre tant attendue avec Rule ce jour-là, je me dirigeais dans le bâtiment à gauche de la cours et montais les escaliers en colimaçon en me fondant dans la foule pour rejoindre ma salle de classe.

Il ne restait plus que quelques petites minutes avant que la dernière sonnerie incite tous les élèves à rejoindre gentiment leur professeur pour l'heure qui arrivait.

Une fois le second palier atteint, je relevais la tête pour emprunter l'un des deux couloirs qui desservait la droite et la gauche du bâtiment. C'est alors que je l'aperçus.

Il était là, adossé contre le mur, quasiment dans la même position qu'il adoptait souvent devant le lycée lorsqu'il fumait sa cigarette.

Il discutait avec certains de ses camarades de classe dont la plupart étaient les mêmes que ceux dont il était entouré à l'extérieur de l'établissement.

Il ne semblait pas m'avoir vu. L'envie était grande d'aller lui parler sur le champ, de lui demander des explications à propos de la soirée de samedi soir mais avec tout ce monde autour de lui, toutes ces oreilles attentives, je ne m'y aventurerai pas.

Soudain, il tourna la tête. Sans raison. Enfin, je n'en voyais aucune si ce n'est que j'étais dans son champ de vision désormais.

Il me regarda et je restais pétrifiée sous ses yeux café au lait. Je ne sais pas si je lui ai fait signe inconsciemment mais, sans crier gare, il se décolla du mur et se dirigea vers moi, le regard planté dans le mien.

Je ne bougeais plus, je crois même que je ne respirais plus. Je voyais la scène se dérouler au ralenti et je ne bougeais toujours pas.

Il marchait, de sa démarche lente et assurée, avant de se poster devant moi. Je ne l'avais même pas salué lorsqu'il ouvrit enfin à la bouche.

- Je viens de recevoir un appel d'un mec que je connais un peu. Il paraît que tu me cherches.

Le traître, pensais-je presque à voix haute. J'en avais assez de ces gens trop prévenants qui, lorsqu'ils voulaient faire plaisir ou rendre service, en faisaient trop. Il venait de me griller.

- Alors, tu voulais me dire quelque chose ?

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"Le cœur a ses raisons que la raison ignore".

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Pour respecter l'anonymat des personnes qui interviennent dans ce récit, leurs noms et les lieux de la véritable histoire ont été changé.
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Il était une fois Lui, Lui et Moi [Roman complet publié]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant