Le soleil brûlait ma peau déjà bronzée, alors que le vent faisait bourdonner mes oreilles. J'étais forcé de me pencher en arrière, afin de pouvoir garder ma voile en place et diriger la planche comme je le souhaitais. Les vagues étaient hautes et je devais bander mes muscles pour tenir le cap. Je « volais » sur l'eau, oubliant mon cerveau déréglé et mon cœur asséché, et je comprenais le sens du mot « liberté ». L'embrun marin remplissait mes poumons, tandis que je savourais cette sensation que j'avais chaque fois l'impression de redécouvrir. C'était le seul moyen que j'avais trouvé pour oublier que mon monde était différent de celui des autres.
Au bout d'une heure, je me décidais à retourner sur la plage. Lentement, je me rapprochais du bord, laissant le clapotis régulier de l'eau me ramener dans le monde des autres. Ma planche heurta le sable, comme pour me réveiller totalement.
Je sortais de l'eau froide lorsqu'une femme, la quarantaine environ, s'approcha de moi, talons aiguilles à la main.
- Sacha ? me demanda-t-elle avec un air pincé.
- Oui.
- Je suis assistante sociale au lycée. J'aimerais discuter avec toi, elle regarda autour d'elle d'un air agacé, mais pas ici évidemment...
- Je n'ai rien à vous dire, lui répondis-je en grelotant.
Le sable collait à mes pieds et commençait à me gratter. J'avais mal au ventre. Il fallait à tout prix que je me débarrasse de cette femme.
- C'est important, s'enquit-elle sèchement.
Elle me tendit une carte, de couleur rouge.
- Appelez-moi pour prendre un rendez-vous. Il faut absolument que nous discutions. Ah ! et si votre père pouvait être présent ce serait parfait !
Je hochais la tête afin qu'elle déguerpisse. Elle se retourna, toujours chaussures à la main, et partit en marchant soigneusement sur le sable. Je ramenais ma planche sur la plage, en prenant soin de ne pas abîmer la voile, puis me précipitais sur ma serviette. Ne prenant même pas la peine de m'essuyer, je courus jusqu'à la maison.
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Nos Âmes Brisées (EN REECRITURE)
Teen FictionIl y a ces moments où l'on s'aperçoit que nous ne tenons plus que sur un fil, si fin qu'une lésion peut nous être fatale. Depuis qu'elle est partie, leurs vies se sont effondrées. Ils se sont éloignés jusqu'à devenir des étrangers, attendant chacun...