*Sacha*

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Je retirais mes chaussures puis posait la plante de mes pieds sur le sable humide. Mes doigts de pied s'enfoncèrent provoquant la remontée de l'eau dans la matière. J'entrepris de traverser la baie, d'aller de l'autre côté. Nous le faisions souvent le week-end avant. On attendait que l'océan se retire, puis on marchait. Maman s'accrochait au bras de Papa, tandis que Camille et moi gambadions devant eux. Chaque pas semblait me rapprocher un peu plus de ce souvenir d'enfant que mon cerveau agrémentait d'un filtre légèrement jaune, comme is j'avais pu voir votre bonheur se matérialiser dans chaque couleur. Les petites maisons de la berge avec leurs volets de bois devant lesquels j'étais passé si régulièrement que j'en connaissais l'ordre par coeur.

Sur la plage, il y avait les habitués, armés de leurs transats, de crème solaire et d'un bon livre. Ils ne se doutaient pas que je les avais vu cent fois à la même place, aux mêmes heures du jour.

Sans même m'en apercevoir j'étais arrivé de l'autre côté de notre baie. Je m'arrêtais instantanément face à la haute falaise, qui surplombait tous les horizons et marquait la frontière de la ville. Quelques touristes grimpaient sur le chemin tortueux qui montait jusqu'au sommet. Là-haut la vue était époustouflante et j'aimais à me dire que les goélands étaient chanceux de pouvoir s'offrir la "plus belle vue u monde" comme le répétais Mamina, non sans une once de fierté.

C'est ne l'observant que je me rappelais soudainement que la roche calcaire enfermait en son cour un endroit spécial. Je contournais donc la masse blanche et cherchais l'orifice avec attention. Je fus déçu de ne pas l'apercevoir au premier coup d'oeil. Mais, en y regardant de plus près, dans un renfoncement creusé par l'eau, se trouvaient plantés dans la roche même, quelques accroches de métal rouillé. Je n'attendais pas plus longtemps, profitant des quelques heures qu'il me restait avant que l'eau ne reprenne ses droits. J'escaladais ardemment la paroi glissante, prenant garde de ne pas tomber.

Après avoir grimpé d'une dizaine de mètres, j'arrivais sur une petite surface place. Là, face à moi se trouvait une ouverture dans laquelle je passais en baissant la tête. Je ne me rappelais pas que le couloir était si étroit. Cela sentait fort l'iode et les parties étaient glissantes de petites algues colorées. Au bout du couloir ou par la mer que l'on apercevait au loin, dans l'ouverture de la roche. Etonnement, l'endroit était très lumineux de par les différentes ouvertures au plafond et de sa grande bouche face à étendue bleue.

Je m'assis, seul au milieu de l'antre, si petit face au bout du monde, écoutant seulement le son des gouttes d'eau qui s'écrasaient sur le sable, le vent s'engouffrant dans ma cachette. Je me rappelais alors que vous y venions pour jouer avec ma soeur. Nous construisions tantôt des châteaux de sable, tantôt un bateau que dirigions avance toute notre férocité de pirates. Elle adorait s'imaginer en capitaine du vaisseau, tandis que je me voyais plutôt en fidèle moussaillon. Parfois, la grotte devenait le repère de nos ennemis, que nous surprenions en arrivant par notre couloir dissimulé.

En me remémorant ces doux souvenirs, qui n'étaient pourtant pas si vieux, je parcourais la grotte du regard, voyant presque le fil de nos jeux se dérouler sous mes yeux. Je me souvins que nous avions caché une de nos boites à trésors précisément à cet endroit. Je fis donc le tour de la petite grotte jusqu'à retrouver le petit renfoncement de la roche, dans lequel Camille avait glissé la boîte de fer quelques années auparavant. Je tombais rapidement dessus. Il n'était pas très grand, mais juste assez pour y cacher les précieux objets d'enfants. J'y glissais ma main avec l'espoir qu'le n'ait pas bougée. Je sentis alors le métal froid sous mes doigts et tentais de décoller ce trésor qui avait fait parti du décor jusqu'à ce que je viennes le déplacer. Une fois sortie, je reconnue la peinture rouge de la boîte à bonbons que nous avions pris dans le placard de la cuisine. La rouille avait fixé le couvercle et il m'était impossible d'ouvrir la précieuse boîte sans autre outil que mes mains. Je me résignais dons à la remettre à sa place, pensant que je reviendrais une autre fois, afin qu'elle me dévoile ses secrets d'enfants. 

Nos Âmes Brisées (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant