*Sacha*

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Il y a parfois des choses qu'il nous est impossible de définir, tout simplement parce que la définition n'existe pas. Ce sont ces sensations, ces ressentis, ces moments de vie si puissants dans leur joies our leurs douleurs que nous sommes incapables de les exprimer autrement qu'avec de longues explications. Mêmes ces explications, aussi longues et fournies soient elles, ne suffisent à réellement comprendre le sens de ce que nous souhaitons exprimer. Ainsi, il n'existe aucun mot, aucune expression pour expliquer, décrire la douleur qui me tiraillait de toutes parts. Tic-tac. Ma soeur avait toucher là où j'avais si mal que les mots ne pouvaient approfondir ma douleur. Je n'étais plus aussi sûr de ce que j'étais, ni de qui j'étais. Jusqu'où serais-je allé si elle n'avait pas été là ? Je ne me rappelais plus si c'était Lui, Moi ou Nous qui avait agis. Je n'avais pas de souvenir particulier de l'instant, seuls mes poings témoignaient de mon acte. Ils me rappelaient que j'avais frappé, beaucoup. Les images et les moments se confondaient dans ma propre tête. J'avais oublié. Avais-je le contrôle, ou était-ce lui qui me contrôlait ?Je ne savais même plus pourquoi je souffrais, perdu entre les fissures de mon âme et le soulagement de mon coeur. Soulagé car mon coeur savait que ma délivrance arrivait. Il semblait qu'il était temps. Tic-Tac. La pendule résonnaient à nouveau dans ma tête. Je savourais chaque bouffée d'air marin, je m'imprégnais du son des vagues et de la sensation du sable collé sous mes pieds. C'était ici que tout avait commencé. L'endroit idéal pour que cela se termine.

La plage était vide en cette fin de journée. Le soleil débutait déjà sa descente derrière l'horizon. Je marchais lentement sur le sable sec, qui devenait progressivement mouillé sous mes pas. Tic-Tac. La mer s'était retirée me laissant la place pour admirer le spectacle. Je ne voulais rien rater du dénouement. Le ciel s'enflammait de rouges, d'oranges et de roses, tandis que je continuais d'avancer. Je savais où j'allais. Je repensais au dernier sourire de maman, sous le ciel bleu d'un été qui était encore heureux. Je revoyais le visage de Camille, déformé de colère, de tristesse, et aux yeux clos de papa sur son lit d'hôpital. J'étais sûr, déterminé. Peu m'importais de savoir si ce que je faisais était courageux ou malheureux. Je me persuadais seulement que j'étais le seul à pouvoir arranger les choses. C'était l'unique solution au problème.

Tic-Tac. La mer, d'un vert émeraude, m'appelait au loin. Comme la dernière fois j'escaladais la paroi pleine d'algues. Mes pieds ripaient sur les barreaux rouillés par l'eau mais cela n'avait plus aucune importance. A nouveau je passais par la petite ouverture, avant d'enfin arriver dans la grotte. Une chaleur particulière se diffusait dans l'antre comme pour m'accueillir. Elle aussi avait deviné que ce moment était particulier. Au loin, l'eau débutait sa remontée dans le sillage du soleil couchant. Je me dirigeais à l'endroit où se trouvait la précieuse boite métallique. Puis, la boîte froide collée contre le torse, je m'asseyais face à toute la beauté que m'offrait l'embouchure de la cavité. Tic-Tac. A cet instant, je pensais m'asseoir face à mon destin. 

Nos Âmes Brisées (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant