*Camille*

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J'étais allongée dans l'herbe encore humide de rosée. J'étais mouillée, mais peu m'importait. A mon côté, Dany végétait dans un état second comme à son habitude. Wendy et Ulysse discutaient à côté de nous. Je me demandais ce que Dany pouvait avoir besoin d'oublier. J'estimais que nous avions tous une raison de nous défoncer. Tu ne le fais pas pour le plaisir de la drogue se propageant dans tes veines, enfumant ton cerveau pour quelques heures, t'emportant dans un monde que toi seul peut connaître. Un monde enfoui, dans lequel tes douleurs disparaissent et tes pensées divaguent. Je ne me souvenais jamais de ce monde, mais je savais qu'il était là, quelque part dans mon être et je savais que la seule porte d'entrée était illégale. 

Je n'avais jamais demandé à Dany pourquoi il décidait de s'échapper si souvent de la réalité. Il ne m'en n'avait jamais parler. Nous n'étions peut-être pas si proches pour se confier l'un à l'autre. Je ne lui avais jamais parlé de Sacha, je n'avais jamais évoqué le sujet. Nous n'étions pas confidents, notre relation était sans conteste basée sur ces jardins secrets que nous avions chacun et que nous respections. On se parlait peu, mais nous n'en n'avions pas l'envie. Nous nous supportions ana notre douleur commune et pourtant pas partagée. 

Nous ne connaissions pas l'amour. Pas de papillons, pas d'étoiles ou de champs de fleurs lorsque nous nous voyions. Nous étions des compagnons de route dans ce sentier trop vaste pour nous et dans lequel nous nous étions égarés, délaissés par les lumières qui éclairent les chemins des autres. 

Je tournais la tête vers la cour de l'école et mes yeux se perdirent alors derrière Dany. Mon estomac se tordit sans crier gare.

- Cam ? Ça va ? T'es toute blanche, remarqua Ulysse.

Mes amis suivirent mon regard, tandis que Sacha traversait la cour d'un pas peu assuré.

- Heu...ce n'est rien, ne vous inquiétez pas. Je suis un peu fatiguée.

Wendy et Ulysse se contentèrent de ma réponse évasive mais Dany me pressa la main tout en plongeant son regard dans le mien. Je tentais de résister mais finalement je choisis d'hausser les épaules. Je n'avais pas envie de réveillé ses humeurs accentuées par les effets de la drogue. 

Il relâcha sa prise mais je savais qu'il n'abandonnerait pas aussi facilement. Je me demandais ce qu'il me ferait pour me faire cracher le morceau cette fois. 

Nos Âmes Brisées (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant