*Sacha*

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L'odeur me pris la gorge en passant les portes. Les murs blancs, usés par le temps et les histoires morbides auxquelles ils ont sûrement du faire face m'étouffèrent. Mamina me pris par la main, comme lorsque je n'étais encore qu'un enfant. Cela faisait deux ans que je venais seul tous les mois pour les visites de contrôle et sentir sa présence allégea quelque peu le poids qu'était devenu mon corps tout entier.

Le médecin et la psychiatre nous accueillirent en souriant. Lui devait avoir la cinquantaine, les cheveux grisonnant et quelques ridules autour de ses yeux que l'on apercevait derrière ces lunettes rectangulaires. Elle, était petite légèrement ronde mais elle était nettement plus jeune.

- Bonjour, vous pouvez enter.

Mamina s'assit dans la salle d'attente. Je réalisai soudain que je n'avais pas l'envie, ni le courage d'affronter seul les blouses blanches. Pas cette fois, maintenant elle était là. Je lui repris sa main parcheminée par la vie. Elle me sourit avant de me suivre dans le cabinet.

- Alors, Sacha, comment s'est déroulé ce mois ?

Mon corps se raidit, désemparé face à cette question qu'ils me posaient chaque fois. Mais cette fois était différente. J'avais oublié mes médicaments, une fois. Je repensais à cette peur qui avait emplit tous les recoins de mon corps.

- Je...

- Et bien ? Cela s'est bien passé non ? Intervint ma grand-mère.

Je plantais mes yeux dans les siens. Si les médecins apprenaient que j'avais oublié une fois de prendre le traitement, ils m'enfermeraient à nouveau pour plusieurs mois. Je subirais à nouveau des thérapies.

J'acquiesçais, surpris qu'elle accepte de me protéger mais aussi soulagé qu'elle me fasse confiance. J'avais oublié une fois, j'aurais pu blesser quelqu'un, ou moi-même mais elle ne m'en pensait pas capable. Je ne savais si elle avait tort de faire confiance, à cette partie de mon être que je ne pouvais contrôler et qui me rongeais de l'intérieur.

- Comment te sens-tu en ce moment ? As-tu encore des cauchemars, des crises de paranoïa ?

- Pas de cauchemars.

- Parfait ! Pas de visions ? Tu supportes bien le traitement ?

- Tout va bien.

- D'accord. Alors on continue ce traitement, conclut le médecin en remontant ses lunettes sur son nez.

Les examens, les tests, et les questions continuèrent. Il fallait qu'ils s'assurent de ma capacité à vivre sans eux à l'extérieur, dans ce monde qui me faisait si peur. 

Nos Âmes Brisées (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant