*Sacha*

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Je pris ma tête entre mes mains, fermant les yeux de toutes mes forces. Comment était-ce possible ? Comment avais-je pu oublier ? J'avais peur, j'avais honte. J'allais finir comme tous les autres finalement. J'allais être mis à l'écart pour des raisons évidentes de protection d'innocents.

Mon corps tremblait, je ne contrôlait plus rien. J'écartais mes doigts, ma vue se troublait, les poils de mes bras se hérissaient. Il était là. Je le sentais. Mon corps ne m'appartenait plus.

- Ce n'est rien, ce n'est rien, soufflais-je pour moi-même.

Je me levais lentement, gardant les yeux fermés par peur que mon âme ne m'échappe elle aussi. J'inspirais un grand coup. J'ouvris lentement les yeux. Devant moi, la rue était déserte. Je me retournais. Personne. Seulement les grilles du lycée au loin.

Je le sentis à nouveau immiscer en moi. Cette fois je n'hésitais pas, je me mis à courir à m'en briser les jambes. Les maison défilaient autour de moi, rien d'autre n'existait. Je bousculais les quelques personnes qui se trouvaient sur mon passage. Elles ne le savaient pas, mais c'était pour leur bien.

- Cours, cours ! Me répétais-je.

J'évitais de justesse un plot sur le trottoir, ralentissant pour quelques secondes ma course folle. La maison n'était plus très loin, mais ma vue se brouillait à nouveau et ma tête me vrillait le cerveau. Une lutte intérieure s'était engagée.

Je sentais son odeur, sa présence, j'entendais sa voix rauque. Il prenait petit à petit mon corps, ma tête, en otage. Même mes propres pensées ne m'appartenaient plus, elles étaient siennes.

La porte de la maison se trouvait face à « Nous ». Je n'étais plus « Moi », il était là, il remplaçait tout, chaque parcelle de mon être, chaque cellule de ma chair. C'était la sensation que j'en avais, mais le médecin m'avait clairement expliqué que « Lui », c'était « Moi ». J'étais « Lui » plus « Moi ». J'étais un « Nous ». Un ensemble de deux êtres diamétralement opposés. « Lui » tendait à prendre le dessus sur « Moi » chaque fois que j'oubliais. Je détestais le savoir si près. Je ne savais plus si je devais être « Lui » ou « Moi », peut-être même que l'inverse était la réalité finalement. Je me noyais dans ma propre tête, mes propres pensées...les siennes, ou les miennes ? Je ne faisais parfois plus la différence.

Nous avons posé notre main sur la poignée, puis nous l'avons pressée sans attendre. Notre corps se déplaça rapidement jusque dans notre chambre.

Je luttait, lui aussi. Etre « Nous » était difficile, éprouvant. On se dirigea ver la table de nuit, le corps ruisselant de sueur, les mains tremblantes de cette bataille que nous menions.

Sur la table de chevet, je la vis. La petite boite jaune tomba, puis roula aux sol; nous nous étions précipités. Ma libération tenait là, sur le parquet de ma chambre. 

Nos Âmes Brisées (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant