*Sacha*

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Le soleil matinal me caressait le visage. J'ouvris les yeux. Ma chambre était légèrement éclairée par des dizaines de petits faisceau lumineux. Ils me rappelaient cette diffusion si particulière de la lumière sur l'eau, tendis que ma planche fendait les vagues. Je ressentis l'envie irrépressible d'entendre ce bruit familier du clapotement de la planche, du vent s'engouffrant dans ma voile, du soleil brûlant ma peau et de l'air frais me chatouillant les joues. Sans plus attendre, je sautais de mon lit et enfilais ma combinaison.

La maison dormait encore lorsque je la traversais sans bruit. J'attrapais une tranche de pain dans la cuisine et n'attendais pas plus longtemps pour me rendre sur la plage. Là, nous avions encore la vieille cabine de papi. Le temps et l'air marin avaient terni sa couleur autrefois vive, mais rien ne touchais à son charme. Les rues étaient vides et les digues ne comptaient que quelques pêcheurs prenant soin de leur bateau comme de la prunelle de leurs yeux. Je sortis mon matériel de la cabine pour le ramener sur la plage. Le sable était encore humide de la dernière marée haute. Je m'imprégnais de cette odeur iodée si familière, du bruit des oiseaux et de l'eau frappant les écueils. Je m'assis sur la plage afin de border ma voile. Puis, je mis ma planche à l'eau, avant de monter dessus et de bander mes muscles mis à l'épreuve par la force du vent. Je pris immédiatement de la vitesse et un sentiment de liberté fourmillait dans chaque parcelle de mon corps.

C'était l'unique endroit au monde où personne ne pouvait m'empêcher d'avancer, où rien ne pouvait m'atteindre, seul au milieu de l'eau. Chaque fois, je me sentais à nouveau maître de moi-même.

Lorsque je me rapprochais enfin du rivage j'aperçus Camille, assise sur le sable, une clope entre les doigts. Mon coeur se serra à l'idée de sa présence sur la plage. Plus je m'avançais, et plus je me persuadais qu'elle était venue pour moi. Je n'en connaissais pas la raison, mais je soupçonnais de nouveaux reproches. Je ramenais ma planche et ma voile afin de les mettre hors de l'eau et m'avançais jusque sa hauteur.

- Qu'est-ce-que tu fais ici ? Lui demandais-je prudemment.

- Je fume.

Ses yeux gris regardaient fixement l'horizon, la fumée sortant d'entre ses lèvres rougies par le froid.

- Tu ne fumes jamais sur la plage. Tu ne viens plus ici depuis....

Ses yeux pénétrèrent les miens. Je ne pus finir ma phrase tant son regard était glacial. Pendant quelques instants le temps s'arrêta, il n'y avait plus que ses yeux plantés dans les miens et le mouvement de ses cheveux ondulant dans le vent. Puis, son visage sembla se radoucir quelque peu, comme si elle prenait conscience de sa réaction excessive. Je m'assit à ses côtés, et elle se fixa à nouveau face à la mer.

- Tu penses qu'elle est partie par là ? Me demanda-t-elle.

Sa question me fit sursauter. On ne parlait jamais de maman. On ne se parlait jamais de manière générale.

- Par la mer ? Peut-être...Je ne sais pas...

- ...

- Pourquoi tu es venue ?

Elle me regarda. Son regard brilla quelques secondes, comme il le faisait dans chaque souvenirs que j'avais d'elle, sur ses lèvres j'aperçus l'esquisse d'un sourire. Cela ne dura que l'espace d'un instant, j'étais sûrement le seul à pouvoir remarquer ces quelques secondes d'émerveillement sur son visage, toujours si fermé depuis que maman est partie.

- Mamina avait peur que tu ne sois parti à cause de...

- De l'hôpital ? 

Nos Âmes Brisées (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant