Nos Âmes Brisées (EN REECRITURE)

*Sacha*

Mon escapade dans la grotte de mon enfance m'avait apaisé. Sur le chemin du retour, je laissais mes pensées vagabonder dans les souvenirs du petit garçon que j'avais été. J'arrivais à la maison alors que Camille rentrait de son cours d'art. J'étais certainement le seul à avoir compris que ma soeur suivait ces mêmes cours qu'avait suivis Maman pendant plusieurs années et ce jusque son départ. Je fus étonné de la voir accompagnée du même garçon aux cheveux blonds que j'avais aperçu par la fenêtre précédemment. Camille était devenue plutôt discrète sur la vie qu'elle menait à l'extérieur de notre maison. En quelques jours seulement elle avait déviée de sa propre règle.

Elle ne m'avait pas encore vu, ne souhaitant pas les déranger je me dirigeais vers la porte du jardin, du moins ce qu'il en restait. J'avais la main sur la poignée, rouillée par le temps, lorsqu'elle me remarqua. Je feins de ne pas la voir et m'empressait d'entrer dans le jardin où il ne subsistait que quelques touffes d'herbes. Mais je ne pus les ignorer plus longtemps :

- Sacha ?

Je me retournais, pris au dépourvu par la réaction de ma soeur. Je relevais les yeux pour découvrir ces yeux pétillants et ces joues rosées. Elle tenait presque la main de l'adolescent près d'elle. Je ne le vis pas entièrement de suite, le soleil m'empêchant de le regarder en face. Je portais ma main en visière et détaillais rapidement son visage. Il avait des yeux très bleus et des boucles blondes, que l'on aurait pu croire blanches à cause de la luminosité. Il faisait environ ma taille, pas très grand, mais élancé. Ses traits étaient plutôt fins et il semblait beaucoup sourire. Rien de particulier ne le différenciait des autres, mais il avait déjà conquis ma soeur qui n'avait d'yeux que pour lui. Je l'appréciais déjà rien que pour lui avoir rendu ce visage que j'avais tant admiré enfant.

- C'est mon frère jumeau, Sacha, dit-elle radieuse, alors que le mot "frère" m'emplissait le coeur d'une chaleur agréable. Il y avait si longtemps que nous n'avions été aussi proches.

Elle continua :

- Je te présente Léo, un ami.

Le mot "ami" fit grimacer Léo, tandis que ma soeur semblait encore chercher le mot approprié pour définir leur relation. Je ne pus m'empêcher de sourire face à son embarras. Camille ne m'avait jamais présenté personne, nous avions toujours eut les mêmes amis et je ne savais pas si nous étions encore amis nous-mêmes. Il semblait que nos relations s'amélioraient, mais j'étais toujours gênée face à elle.

- Bonjour, je répondis d'une voie basse.

Je ne voulais pas paraître rustre mais je ne savais plus comment il fallait se comporter dans ces moments-là. Léo ne parut pas déstabilisé par ma réaction distante et me salua toujours en souriant. Ne sachant que dire de plus, je décidais de couper court à la conversation et d'entrer dans la maison. Derrière moi, Camille embrassa furtivement Léo et entra à son tour.

- Ah vous voilà ! Lança Mamina. Vous étiez où tout ce temps ?

Mon regard croisa celui de ma soeur, complice.

- Nous sommes allés à la grotte, répondis-je innocemment.

Un bruit sourd interrompit notre conversation. Les murs avaient légèrement vibrés sous l'effet du choc. Les yeux de Mamina se dirigèrent vers le plafond, tandis que Camille affichait un visage horrifié. Sans attendre, je montais les escaliers quatre à quatre, suivis de près par ma soeur et notre grand-mère. Le couloir, que nous traversions en quelques enjambées, me parut pourtant interminable avant d'enfin atteindre la chambre de notre père. J'ouvris la porte fébrile, les mains moites, le coeur battant la chamade.