*Camille*

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Je soupirais, stoïque face à mon armoire, agacée par la vue de mes quelques vêtements trop petits, trop vieux ou trop usés pour me donner l'air « jolie ». J'attrapais finalement un jean noir, délavé d'avoir été porté souvent, ainsi qu'un pull rouge encore portable. Dans le noir, on ne verrait pas les peluches du coton, pensais-je.

Les vibrations de mon vieux téléphone à clapet résonna dans ma chambre. Je décrochais.

- Allô ?

- Cam ? C'est Wendy ! Tu es où ?

- J'arrive.

Je raccrochais immédiatement, avant de descendre les escaliers et de sortir dans l'air frais de cette soirée de printemps.

* * *

J'aperçus dans un premier temps l'étendue marine, toujours là, quoiqu'il se passe autour, comme elle l'avait si bien représenté. Puis, le sable et les quelques adolescents enroulés dans des couvertures. Wendy m'invita à m'asseoir près d'elle. Nous étions seuls sur la plage. Ulysse discutait avec d'autres, que je ne connaissais pas.

En apercevant son cousin arriver, Wendy me chuchota :

- Ne t'inquiète pas pour tes dessins je ne dirais rien. Léo non plus.

Je hochais la tête, reconnaissante.

Léo s'assit à ma droite et l'on attendit que la nuit se fasse complètement autour de nous pour observer les étoiles. Le silence se fit dans le petit groupe et sur la plage tout entière, laissant seulement le doux murmure de l'océan. Le calme m'apaisa intérieurement.

- C'est l'immensité du monde qui fait que nous sommes si petit, chuchota Léo.

J'acquiesçais, soufflée par tant de sérénité. Il avait raison.

- Nos vies sont insignifiantes. Nous ne sommes que des poussières dans l'univers. Nous ne représentons rien. Les gens donne de la valeur à leurs vies alors que l'univers lui-même ne le fait pas.

Léo détacha son regard du ciel pour me regarder. Son visage uniquement éclairé par la lune le rendait encore plus pâle que d'ordinaire. Mais ce qui me frappa le plus se trouvait dans ses yeux. Bien qu'à première vue je ressentis son incompréhension, je pus apercevoir un léger voile de tristesse, diminuant ainsi l'éclat de ses iris.

- Je ne suis pas d'accord. Chaque vie a son importance. Nous ne sommes que des poussières mais nous constituons une partie de cette immensité, aussi infime soit-elle. L'univers lui-même n'est constitué que de planètes, d'étoiles, de cellules, de particules qui se créent, vivent, puis meurent.

Les dernières paroles du garçon ne me quittèrent plus.

Près de moi, Wendy frissonna, nous tirant de nôtre réflexion, presque intime tant Léo m'avait absorbée. Je me surprise même à être déçue que notre rendez-vous nocturne prenne fin si rapidement.

Nos Âmes Brisées (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant