*Camille*

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J'entrais dans l'ascenseur, suivie de Sacha et Mamina. Jusque dans cet endroit réduit, l'odeur de la maladie nous suivait. Cette odeur qui me hantait, me collait presque à la peau, celle-là même qui était là quand les médecins nous avaient diagnostiqués Sacha. Partir vite, loin, ne plus revenir. Ces mots tournaient en rond dans ma propre tête. Je pris soin de n'avoir aucun contact, physique ou visuel avec mon frère. J'avais cru pouvoir lui pardonner, mais chaque fois que les vagues faiblissaient, que l'eau semblait devenir stagnante, comme reposée, l'ouragan se soulevait à nouveau. Nous finissions toujours par revenir au même endroit, celui où tout avait commencé. L'hôpital de la ville ne pouvait qu'être associé à cette ouragan qui nous poursuivait, nos vies étaient liées par celui-ci. Et mes pensées ne pouvaient se détacher de cette idée.

Papa ne s'était pas encore réveillé, mais il était hors de danger. Il avait avalé une grande quantité de somnifères et devait encore être surveillé par les médecins. Suite à ma crise d'hystérie un médecin m'avait prescrit des séances de thérapies. Il pensait que cela pourrait m'aider à "extérioriser". J'avais tenté de refuser, mais Mamina s'était montrée favorable à ces séances. J'avais fini par accepter, pour lui faire plaisir.

L'ascenseur me semblait si petit et étriqué que j'avais l'impression d'étouffer. L'espace n'était avait pourtant été agencé de manière à permettre le passage d'un lit d'hôpital. Mais l'atmosphère était moite, pesante et austère. Aucun de nous n'osait parler, chacun dans un coin du petit espace. Je commençait à sentir la panique m'envahir. Je n'avais jamais été claustrophobe, mais cet ascenseur m'était insupportable. Ma respiration s'accéléra, mon coeur s'emballa indiciblement. La sueur commençais à perler sur mes tempes. Je tentais de calmer mes angoisses en inspirant lentement. Je me concentrais sur autre chose, pour oublier cette sensation d'oppression. Je posais mon regard sur le visage de Mamina. Elle semblait triste, presque abattue. Je remarquais que ses cheveux gris commençaient à blanchir. Ses épaules s'étaient affaissées, comme si elle portait le poids de toutes nos souffrances. Je me demandais comment elle pouvait continuer à nous regarder dépérir, comment elle faisait pour ne montrer aucune de ses failles. Elle avait passé tout son temps à s'occuper de nous, de papa, depuis qu'elle s'était aperçue de nos problèmes. Elle nous avait soulagé de notre propre vie mais nous avions oublié de la soulagée à son tour. En ce sens je l'admirais et me maudissait.

Le vibreur de mon téléphone s'activa alors que l'ascenseur rouvrait enfin ses portes. Je le sortis de ma poche. Sur l'écran s'affichait "Dany" ainsi qu'une photo de lui, les yeux rougis et le visage blanc. Je soupirais. Je l'avais légèrement oublié ces derniers temps. Il ne m'appelait pratiquement pas. Nous n'en avions pas besoin, chacun savait quand et où nous allions organiser nos soirées arrosées. Nous ne nous donnions pas particulièrement de nouvelles, ce n'était pas le sens de notre relation. J'avais décidé d'arrêter tout ça et les récents évènements ne me ferait pas changer d'avis. Je savais que je ne pourrais pas éternellement l'éviter, mais je ne décrochais pas l'appel. Je n'avais pas le courage de lui parler. Cela pouvait attendre. 

Nos Âmes Brisées (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant