*Sacha*

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- Bien monsieur...

L'assistante sociale regarda désespérément les étagères remplies d'indénombrables dossiers de toutes les couleurs.

- Aulnoi. Sacha Aulnoi, l'informais-je.

- Oui, c'est ça.

Elle marqua une pause qui me paru durer des heures.

- Vos professeurs se sont inquiétez après votre départ de l'établissement. Nous comprenons que vous ayez des soucis personnels, mais l'équipe enseignante attend votre retour. Vos anciennes professeurs ne tarissent pas d'éloges sur votre personne et vos brillantes capacités intellectuelles.

Le silence se fit à nouveau dans la pièce. La femme semblai mal à l'aise face à mon regard fixe et inexpressif.

- Je ne reviendrais pas, finis-je par dire d'une voix faible.

Mon coeur se serra. Pour la première fois je ressentais ce manque d'une vie normale, d'une vie de lycéen, d'adolescent. J'avais aimé apprendre, tant et si bien que je passais mon temps à m'instruire par tous les moyens. Mais cette envie s'était estompée avec le temps.

- Vous pourriez bénéficier d'un programme particulier, si c'est le retard qui vous inquiète.

- Ce n'est pas le problème, m'énervais-je.

- Nous nous engagerons à faire tout notre possible pour vous réintégrer normalement, récita-t-elle, comme une poésie apprise par coeur.

- Ah oui ? Et ça ne vous dérange pas que je puisse agresser n'importe qui, à n'importe quel moment ? Je suis imprévisible. Ma place n'est pas ici, et vous le savez tout autant que moi.

J'étais survolté et la pauvre assistante sociale avait viré au blanc, visiblement paniquée à l'idée que je puisse l'agresser dans son bureau. Elle déglutit difficilement, tentant de reprendre ses esprits après mon excès de colère.

- Très bien. Je ferais part de votre décision à l'équipe enseignante, ainsi qu'au chef d'établissement, finit-elle par dire d'une voix mal assurée.

Sur ces mots, elle me libéra, sans mme avoir demandé à rencontrer mon père.

Heureusement pour moi, les couloirs du lycée étaient désert, seul le Tic-Tac des pendules était audible. J'humais l'odeur métallique des casiers, m'imprégnait de la couleur des murs, ternie par les années passées. Je pris le temps d'observer et d'imprimer chaque détail dans ma tête. Je voulais être normal pendant quelques instants. 

Nos Âmes Brisées (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant