*Sacha*

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Le réveil me sorti de ma torpeur. J'avais oublié cette sensation de lourdeur que l'on ressent face au réveil-matin qui vous nargue de son air taquin. La maison était calme, les battements de mon coeur résonnaient de manière régulière dans ma tête. J'extirpais avec lenteur mon corps des draps chauds de mon lit avant de sortir de ma chambre pour me diriger vers la salle de bain, les yeux encore tout embués de sommeil. Dans le couloir, Camille semblait observer mon père par l'entrebâillement de la porte. Elle n'avait pas remarqué ma présence. Je restais ainsi quelques instants, sans bouger prenant soin de ne faire aucun bruit. Je finis par avancer d'un pas, faisant craquer le parquet sous mes pieds. Ma soeur sursauta avant de me lancer un regard mi-étonné, mi-furieux. Elle se repris rapidement, attrapa son sac à dos, puis passa devant moi sans même me regarder, comme si je n'avais jamais existé. Je fis de même avant d'entrer dans la salle de bain.

J'avais rendez-vous avec l'assistante sociale du lycée. J'y retournais après deux ans à l'avoir fui et à avoir évité tout contact avec une quelconque personne ayant eu un lien avec mon ancienne école et mon ancienne vie. J'avais espéré ne jamais y remettre les pieds. A cette idée mon ventre se serra.

Le lycée était le lieu de toutes mes peurs. Il y avait tant de personnes en danger, si proches de moi que je pouvais toutes les toucher. Toutes étaient innocentes et n'avaient pas demandé à croiser mon chemin. C'est ce qui me faisait le plus souffrir. Je me sentais obligé d'éviter aux autres de passer près de moi.

Lorsque je m'étais libéré de mon mal-être, je n'avais jamais blessé personne et pourtant ce fut comme si j'avais jeté une bombe. Ma famille en était la première victime. Puis le lycée tout entier appris qui j'étais, ou plutôt ce que j'étais. J'inspirais dès lors la peur, l'angoisse. On m'évitait à tout prix. On m'avait relégué au fond de la classe seul. Les autres s'écartaient à mon passage dans les couloirs et je pouvais sentir leur peur sans même les regarder. C'est à ce moment que je fus blessé par ma propre bombe, chaque regard angoissé était un nouvel éclat d'obus infectant mon propre corps.

On ne connaît les conséquences de nos actes qu'après les avoir réalisés. On ne sait jamais ce qu'il adviendra de nous, parfois ce que nous pensions être pour notre bien, devient en réalité notre plus grand mal. 

Nos Âmes Brisées (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant