Chapitre 25 :

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D'aussi loin qu'il se souvienne, Bill avait toujours aimé l'ambiance de noël. En tout cas, l'ambiance du réveillon cosy et familial. Même si son état d'esprit changeait peu à peu à ce sujet et que la magie de noël à laquelle il rêvait étant enfant s'était envolée, il aimait faire plaisir aux autres et passer ce moment avec les siens. Cette année, il y avait trois nouveaux et le changement était énorme. Si Noa ne faisait pas d'histoire, Tom, lui, n'était pas prêt pour ça et s'il annonçait à Léo qu'il ne viendrait pas pour son premier noël en famille, celui-ci risquait de lui piquer une sacrée crise.

Ennuyé de ne pas trouver de solution qui conviendrait à tout le monde, il abandonna la guirlande qu'il était censé enrouler autour du sapin et enfonça ses paumes contre ses yeux. Assis par terre avec les coudes sur les jambes et les cartons de décorations ouverts autour de lui, il ne trouvait ni l'envie ni l'inspiration de faire correctement ce sapin et ça l'agaçait fortement.

Il aurait pu être heureux d'avoir trouvé un endroit aussi familier et sécurisant pour eux, histoire qu'ils passent tous enfin un vrai noël. Mais évidemment, la vie n'était jamais si simple.

**

En arrivant ce jour-là, Bill croisa tout de suite le sourire malicieux de Gabriel qui, pour une raison inconnue, était toujours là dans les grands moments. Clés en main et manteau sous le bras, l'androgyne lui jeta un regard et continua d'avancer tout en sachant qu'il le suivait.

« T'es prêt ? » ; lui demanda celui-ci avec impatience.

« Oui. »

« Et comment ça s'est passé à propos du réveillon ? »

« Pas très bien. J'ai abandonné l'idée. » ; répondit-il distraitement. À ce propos, il pensa qu'il allait devoir l'annoncer à Léo et Zoé et se demanda comment il allait bien pouvoir leur dire ça.

« Pourquoi ? »

« Parce que si ça vient de lui, soit il se forcera à venir, soit il cogitera parce que j'y vais pas. »

« Donc t'as décidé pour lui et tu crois que ça l'empêchera de cogiter ? »

En l'entendant, Bill se stoppa et se tourna vers lui, fronçant le nez de contrariété.

« Non. »

« Alors pourquoi ? »

« J'en sais rien, j'ai paniqué ! » ; se défendit-il avec un petit soupir. « Je serais tellement mal à sa place... je veux pas lui imposer d'avoir encore plus mal. »

« Ouais... je comprends. » ; répondit l'infirmier. Finalement, avoir prévenu Tom à l'avance n'avait pas servi à grand chose. « Bon, je vais venir avec toi. Juste une minute. »

Bill hocha la tête, puis ils repartirent tous les deux en direction de la 248 pour la dernière fois, en tout cas pour Tom. En y pensant, c'était très bizarre. Ils allaient avoir du mal à s'habituer à quelqu'un d'autre, même si c'était dix fois mieux pour lui d'être dehors.

« Salut Toooom ! » ; chantonna joyeusement l'infirmier lorsqu'ils entrèrent. « J'espère que t'es prêt ! T'as de la chance, il fait beau aujourd'hui. »

Debout juste devant sa fenêtre, Tom se tourna lentement en les entendant, faisant face au sourire doux de Bill et à celui plus malicieux de Gabriel.

« Tu vas bien ? » ; lui demanda doucement le médecin. Ses affaires étaient prêtes, mais il avait l'air aussi impassible que partir d'ici ne semblait avoir aucun intérêt. Au fond de lui, peut-être qu'il avait peur. Peut-être qu'il refusait d'admettre que ça lui fasse peur.

« Oui. »

« Ça tombe bien qu'on aborde le sujet parce que je voulais te dire que si ça va pas, si tu as besoin ou si tu veux parler d'un truc à quelqu'un d'autre que Bill, tu pourras m'appeler. » ; Bill jeta un coup d'oeil suspicieux vers lui en l'entendant et l'infirmier l'ignora pour aller filer un morceau de papier au dreadé. « N'importe quand. Je serais là. »

Chambre 248.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant