Chapitre 28 :

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Ce soir-là, lorsque Bill rentra, Gabriel était parti et l'appartement était silencieux. Il n'y avait pas de lumière dans les pièces principales et l'androgyne jeta aussitôt un coup d'oeil au filet de lumière passant sous la porte de sa chambre. Il savait qu'il y était parfois, mais il laissait tout de même un peu de lumière pour lui d'habitude.

Après avoir retiré ses chaussures et abandonné son téléphone dans le salon, il fila vers la seule pièce éclairée et poussa lentement la porte, prudent. Il trouva le dreadé sur le lit, son dos appuyé contre la tête de lit et ses jambes repliées sur lesquelles une feuille trônait.

« Hey... qu'est-ce que tu fais ? » ; lui demanda-t-il doucement. Tom leva les yeux et le jeune psychiatre s'inquiéta de la couleur rougeâtre qu'ils avaient pris.

« J'essaie de me souvenir de ce que je veux manger. » ; répondit-il d'une voix rauque. Bill se posa au bord du lit, pas confiant quant à la tête qu'il faisait.

« Et t'as trouvé ? »

Tom baissa les yeux vers la liste courte qu'il avait faite, il haussa ensuite une épaule, indifférent.

« Un peu. »

L'androgyne pencha la tête, soucieux de ce qui semblait le tourmenter. Il avait pleuré, c'était sûr.

« Est-ce que tu veux parler de ce qui va pas ou est-ce que tu veux que je te laisse ? »

Le plus jeune des deux hésita à cette question. Il avait passé le reste de la journée à réfléchir après que Gabriel soit parti. Il s'était forcé à ne pas arrêter de penser, il s'était forcé à se dire qu'il n'avait plus de famille et que s'il voulait vivre, ce serait sans eux. Pour toujours. Il s'était souvenu de tout et il avait souffert. Il avait cru qu'on rouvrait une plaie béante en lui, qu'on lui avait arraché le coeur avec les mains. Alors oui, il avait beaucoup pleuré, mais oui, il voulait parler. Il voulait essayer, voir si se libérer de tout l'apaiserait ou pas.

« Je veux qu'on parle mais je veux pas que tu me regardes. »

Bill haussa d'abord un sourcil, mais comprit que c'était sérieux et qu'il avait surtout peur de le regarder pour parler.

« Oh, hum... ok, pas contre il va falloir que tu me bandes les yeux parce que je pourrais jamais m'en empêcher. »

Tom eut l'air surpris, mais convaincu. Il était sûr qu'il ne le regarderait pas au moins. Il hocha alors la tête, puis abandonna sa liste pour se lever et aller chercher quelque chose. Une écharpe ferait sans doute l'affaire. Bill le regarda fouiller dans les vêtements avec curiosité, se demandant s'il était sérieusement sérieux. Apparemment, oui ! Il se leva alors à son tour et le rejoignit près du petit dressing. Tom lui montra une espèce d'étole noire et il hocha la tête pour confirmer que ça lui convenait.

Bien que cette histoire de lui gâcher la vue commençait à l'inquiéter, Bill se retourna pour le laisser lui attacher le tissu contre les yeux.

« J'aime pas trop trop ça quand même... » ; marmonna-t-il alors que le noir l'envahissait. Tom attacha correctement le vêtement, puis vint se mettre face à lui et passa ses mains devant ses yeux pour être sûr qu'il ne voyait rien. « Tom ? »

« Je suis là. » ; répondit le cadet. Il attrapa ses mains et le guida vers le lit, sentant une pointe de léger amusement réchauffer son coeur en voyant à quel point il avait l'air flippé et vulnérable comme ça. Inverser les rôles était étrange, mais ça lui plaisait pas mal. « Assieds-toi. » ; ordonna-t-il d'une voix douce. Bill sentit ses jambes cogner contre le lit juste à ce moment-là et s'y posa sans attendre, se hissant lentement sans savoir où était le centre. Il sentit Tom monter aussi et celui-ci tira doucement sur sa main pour le faire bouger un peu. « C'est bon. Tu peux te détendre. »

Chambre 248.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant