La porte s'ouvrit à nouveau derrière lui, et cette fois c'était Léo qui déboulait, encore en pyjama et traînant son doudou avec lui. L'enfant avança sur la pointe des pieds, comme si faire du bruit allait changer quelque chose. Il observa Tom durant de longues secondes, s'intéressant au bruit régulier et au graphique des battements de son coeur sur la machine. Il savait très bien ce que c'était et ce que ça signifiait. Bill lui avait expliqué une fois.
Finalement, il se tourna vers le blond et vint grimper sur ses genoux.« Il va mourir Tom ? »
Question difficile à avaler. Bill ne savait pas et aurait préféré ne jamais se la poser.
« J'espère que non. Tout dépendra de son état et de sa volonté. »
« Dis-lui de pas mourir ! » ; Bill eut un sourire sans joie à cette suggestion. Depuis combien de temps lui demandait-il de se battre ?
« Ça ne suffit pas. Tu sais, quand tu n'as plus la force de vivre, ton corps dit stop. Et tu ne peux pas y faire grand chose. »
« Pffff, et bah c'est nul. » ; l'androgyne acquiesça. Pire que ça. C'était pire que nul.
Léo se faufila contre lui, comme s'il allait pouvoir se fondre en lui. Bill le laissa faire sans rien dire, sans bouger. Il avait besoin de ces cinq minutes avant de retourner bosser.
« Et qu'est-ce que tu fais encore en pyjama ? Tu te souviens que tu as de la visite pour le déjeuner ? » ; cette fois, le gamin secoua frénétiquement la tête. Bill fronça les sourcils. « Quoi non ? »
« Veux pas m'habiller. »
« Pourquoi ? » ; Léo haussa les épaules, préférant s'intéresser au stylo accroché à la poche de sa blouse. « Tu veux toujours les voir ? »
« Mmhhh... » ; bien. Il n'était visiblement pas très décidé aujourd'hui. C'était de plus en plus rare, mais il y avait toujours des jours où il semblait dans un autre monde. Il n'écoutait personne, criait ou tapait pour un rien. Il faisait tout ce qu'il faisait en crise et cette journée était toujours la plus éprouvante.
« Essaie juste quelques minutes, d'accord ? Juste le temps de manger un peu avec eux et ensuite ils te laisseront tranquille. »
« Elle est belle ta maman. » ; le coupa presque l'enfant. Bill afficha de grands yeux surpris. S'il s'était attendu à ça...
« Tu trouves ? » ; il hocha doucement la tête, rendant alors un semblant de sourire au blond. « Moi aussi. »
« Tu vas rester avec moi hein ? »
« Oui. Je mangerais en même temps. » ; enfin, s'il arrivait à avaler quelque chose. « Allez, va te préparer. Je te rejoins. »
Léo râla, mais finit par lui obéir. Bill était probablement le seul à réussir à le faire obéir en général et ça faisait beaucoup râler les autres.
Une fois à nouveau seul, il reposa les yeux sur Tom qui dormait toujours. Par quel moyen pouvait-il lui donner la force de se battre ? Et l'envie, surtout ? Parce que c'était de ça dont il avait besoin : la force et l'envie.
Après encore une longue minute à attendre là comme si partir allait déclencher quelque chose de mal, il se décida à bouger. Aujourd'hui, c'était la seconde visite de Léo avec ses parents. Bill avait proposé de les faire manger ensemble, dehors, au soleil. Il voulait lui montrer le côté convivial d'une famille. D'une vraie famille. Quelque chose qu'il ne connaissait pas et qui, il l'espérait, allait le convaincre.