À droite, il y avait cette fenêtre. Une de plus parmi tant d'autre, au quatrième étage du bâtiment. Elle n'avait rien de spéciale, identique à sa voisine d'en face. Pourtant, tu la regardais toujours un moment, avant de continuer ton chemin. Je m'en souviens maintenant, combien de fois t'ai-je tiré par la manche en ajoutant que nous allions être en retard en cours ? Je n'ai pas compté.
Depuis quelques temps, tu semblais plus triste, plus éteint. Tu riais beaucoup moins, toi qui passais tes journées à cela auparavant. Où avait disparu ce sourire si propre à ta personne ? Je ne l'ai jamais retrouvé chez qui que ce soit. Maintenant, je me demande si tu ne souriais pas uniquement pour sauver les apparences, et ne pas m'inquiéter. M'inquiéter de quoi ? Je n'ai même pas été capable de te comprendre lorsque tu en avais le plus besoin.
À droite, il y avait cette fenêtre. Elle donnait sur la cour, en face du terrain de basket. Quelques mètres plus bas, de nombreuses dalles marbrées où nous avions l'habitude de nous poser pour déjeuner. Tu me donnais toujours un morceau de ton dessert parce que j'oubliais le mien en partant de chez moi. Souvent, c'était des clémentines. J'ai toujours aimé les clémentines. Aujourd'hui, les dalles sont fissurées.
Dis, tu te souviens de la fois où nous sommes rentrés par effraction dans l'université ? J'y avais oublié mon sac dans l'amphithéâtre plus tôt dans la journée. Je dormais chez toi ce soir là, j'aurais pu me contenter d'emprunter tes vêtements, mais dans mon sac se trouvait ton cadeau de noël. Nous nous sommes écorchés les coudes en tombant de l'autre côté de la grille, et j'ai déchiré mon jean u niveau du genoux. Pendant que je marmonnais contre le bitume, toi tu riais en me disant qu'à la campagne, tu en avais troué plus d'un. Dans mon sac, un billet aller-retour pour que tu puisses rentrer quelques temps dans ta famille. Elle te manquait, je le savais. Mais tu n'avais pas les moyens de te payer le trajet. Maintenant, ce billet est accroché au dessus de mon bureau.
À droite, il y avait cette fenêtre. Un matin tu l'as effleuré du bout des doigts. Des yeux étaient humides, et je t'ai demandé si tout allait bien. Plus par automatisme que par réelle inquiétude. C'était stupide, bien-sûr que je m'inquiétais pour toi. Mais ce jour-là, j'étais bien plus concentré sur mon téléphone, à essayer de comprendre pourquoi mon emploi du temps avait changé. Tu m'as souris, une fois de plus. Puis tu m'as dis que c'était simplement le froid qui te faisais pleurer, agressant tes pupilles fragiles. Quand nous sommes partis, l'emprunte de tes doigts étaient restés figés sur la surface de verre.
Tu as essayé de m'en parler, une fois. Et je n'ai pas su t'écouter. Ce soir là, j'aurais tout donné pour être à tes côtés, prendre ton message au sérieux lorsque tu m'as demandé mon aide, me suppliant de te rejoindre parce que tu n'allais pas bien. J'ai pensé que tu plaisantais une fois de plus, puisque la dernière fois tu m'avais fais venir pour du chocolat. Je n'ai pas bougé de chez moi, et me suis simplement replongé dans mes devoirs.
À droite, il y avait cette fenêtre. Je passe devant tout les jours. Elle donne sur la cour et le terrain de basket. J'arpente les couloirs de l'université en cherchant ma salle de classe. Rien n'a changé. La fenêtre est toujours à sa place. À la différence que toi, tu n'es plus là.
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𝙳𝚛𝚊𝚋𝚋𝚕𝚎𝚜
FanfictionIl était coutume d'entre que notre existence n'était que poussière face à l'univers. Et bien Jungkook représentait l'univers, Taehyung la poussière.