Text -NamJoon-

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Quoi qu'il puisse dire, quoi qu'il puisse faire, quelqu'un serait présent pour critiquer sa musique. Des paroles trop plates, ou des paroles trop dures. Une mélodie trop douce, ou une mélodie trop anarchique. Des textes dont-il n'était pas capable de parler, il accusait des sujets qu'il n'était pas à même de comprendre, de critiquer. Il crachait sur cette société qui l'avait nourri, porté jusqu'au succès et se montrait ingrat envers elle. Et alors ?

NamJoon riait de ces gens. De ces pseudos défenseurs de l'humanité qui pensaient que ses mots étaient trop difficiles à entendre, dont de jeunes adolescents n'avaient pas à se soucier. Ces mêmes personnes qui prônaient la paix, l'humanité et l'égalité tandis qu'en passant devant un sans-abri, elles ne s'arrêtaient même par pour lui dire bonjour, lui offrir un sourire. Ça lui donnait la nausée, rien que d'y penser. L'injustice était partout, omniprésente. Et si les gens prenaient la peine d'observer un minimum, tant de drames seraient alors évités.

Dans le métro, une main baladeuse sous la jupe d'une femme, d'une adolescente. Qui ne pouvait rien dire, rien faire. Par la honte, l'effroi l'angoisse. Peut-être était-ce la première fois, ou peut-être pas. Elle n'est pas seule dans cette rame, des dizaines de personnes l'entouraient et pourtant pas une ne bougea. Par égoïsme, par peur des conséquences. Au final, eux continueront à vivre tranquillement, tandis que ces hommes dénués de toute morale recommenceraient sans jamais ressentir la moindre culpabilité, et que cette fille n'osera plus jamais se regarder en face par dégoût d'elle-même.

Toutes les quinze secondes, un adolescent mettait fin à ses jours, quelques parts dans le monde. Le harcèlement scolaire devenant trop dur à supporter. Que ce soit sur internet, au sein même de l'établissement ou simplement chez lui. Ce gosse non plus n'était pas seul. Environs deux milles élèves dans un lycée, deux parents, cinquante professeurs, une infirmière, trois CPE. Le gamin à sûrement laissé des indices, des appels à l'aides. Perte de poids, chute du niveau scolaire, scarifications. Et pourtant, il était seul. Tous sont restés aveugles à sa détresse pourtant évidente, juste parce qu'ils ne se sentaient concernés. Juste parce qu'ils ne voulaient pas, être concernés. Et ça pleure, ça crie son départ trop tôt, trop jeune. Hypocrisie.

Ça réclame de l'argent dans les rues, ça laissent ses gosses aller à l'école avec des vêtements usés jusqu'à la corde, mais ça fume, ça s'achète le dernier téléphone à la mode. Ces gens pleurent après une augmentation de salaire, alors qu'ils ne font que le strict minimum et dilapident leurs gains dans des choses futiles, inutiles. Durant les périodes de noël, ils traînent leurs petites filles dans les magasins, les laissent regarder une poupée, l'envier, avant de lui ordonner de la reposer parce qu'elle coûte trop cher alors que dans leurs chariots s'entassent les bouteilles d'alcools. Alors les enfants pleurent, et les parents crachent sur une société esclavagiste.

Alors qu'importe ce que l'on puisse penser de son travail. NamJoon restait là, avachi sur sa feuille de papier, à écrire encore et toujours. Ces pensées s'imbriquent les unes aux autres, ça semble incohérents et pourtant. Il ne changerait pas le monde à travers sa musique, ce dernier était déjà pourri. Mais pas irrécupérable. Il espérait simplement toucher une, deux personnes, qui continueraient de faire passer le message lorsqu'il ne serait plus là pour le faire. BTS était né pour ça.

𝙳𝚛𝚊𝚋𝚋𝚕𝚎𝚜Où les histoires vivent. Découvrez maintenant