Prologue

4.4K 246 28
                                    

Vingt ans auparavant....

- Gauthier ? Tu m'entends ? Gauthier ?

Il me semble entendre une voix au loin, très loin mais je ne peux pas ouvrir les yeux et j'ai mal à la tête, cela bourdonne....

- Je pense qu'il a bougé, oui c'est ça il a bougé ! le pompier sourit.

Je me mets à tousser, je ne peux plus m'arrêter, ma gorge me brûle, je ne peux toujours pas ouvrir les yeux, j'ai mal, si mal.

- Apportez-lui de l'eau ! le pompier se penche, je sens qu'on m'approche un verre contre les lèvres.

- Bois petit, vas-y doucement, c'est ça, tu es en sécurité, le feu est éteint quand tu pourras tu ouvriras les yeux c'est normal, tu nous a fait peur, tu sais..

Je sens dans sa voix qu'il est soulagé, il respire fort, il sent la fumée mais ces bras autour de moi me font du bien, sa voix rauque me berce comme les vieilles chansons de mon grand-père,  je suis si bien je vais m'endormir oui c'est ça je vais m'endormir, c'est une bonne idée...

- eh ne t'endors pas, petit on va t'emmener à l'hôpital pour soigner tes blessures, rien de grave, tes parents nous rejoindront là bas.

Mes parents ? ah oui c'est vrai ils n'étaient pas là mais tout se bouscule dans ma tête, je ne peux pas bouger mais je le sens toujours là avec moi et c'est la seule chose qui m'apaise, il me tient ma main et doucement me caresse avec son pouce, il est calleux, épais.

Puis j'entends des sirènes et ça me vrille la tête je ne peux toujours pas ouvrir les yeux cela me demande trop d'efforts, mes paupières sont lourdes.

- Gauthier le médecin est là je vais te laisser c'est lui qui s'occupera de toi maintenant.

Il lâche ma main et tout à coup je sens un vide, j'aurais aimé qu'il reste.

- Mmhh..., je ne peux que bafouiller. Je me reprends, essaie de me redresser et enfin j'arrive à ouvrir les yeux et là je le vois comme un ange, malgré la fumée et le noir sur son visage, je vois le vert de ses yeux comme deux émeraudes qui flamboient, et là son sourire s'agrandit. Merci je marmonne entre deux quintes de toux.

- Reposes-toi, petit. Il tourne le dos et repars vers ses collègues, certains lui tapent dans le dos, il parait fatigué, passe sa main dans ses cheveux, il s'apprête à remonter dans son camion mais jette un dernier coup d'œil vers moi, son sourire immense ne le quitte pas.

Ma tête continue de bourdonner, je me rallonge ferme les yeux et ne voit plus et n'entends plus les sirènes qui continuent de hurler, mon corps bouge, on m'emporte et là je ressens la douleur qui m'irradie tout le dos et une partie de mon bras gauche. Je ne peux plus résister, je crois que je commence à dormir.

- Gauthier ? merde il s'enfonce, on va le perdre...

Je sens de l'agitation, une aiguille dans mon bras, du froid, du chaud, beaucoup trop de sensations d'un coup. L'ambulance se met à rouler, les soubresauts du chemin sont autant de coup de poignard, mon dieu que j'ai mal, je suis si seul, plus de voix pour me soutenir mais des gestes mécaniques qui traduisent une efficacité froide.

Puis soudain le silence, mon corps devient de plus en plus lourd, une image se fige alors derrière mes paupières fermées : des yeux émeraudes et un sourire immense.


Au-delà des méandresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant