Au-delà des méandres

60. Adam

La porte claque, Gauthier est parti. J'attrape son oreiller, je le respire son odeur y est encore accrochée.

Tu es pathétique mon pauvre Adam !

J'ai soudain cette boule dans la poitrine qui m'oppresse, je ne l'avais plus sentie depuis un moment pourtant elle revient aujourd'hui.

Gauthier est mal, je vois bien qu'il ne veut pas me parler.

On ne se touche plus, on cohabite comme deux colocataires, mais ça ne me suffit plus, j'ai besoin de lui, de sa peau.

O'clock arrive il jappe un coup et vient chercher des caresses.

-Tu veux sortir ? je m'habille et on y va mais avant j'essaie d'appeler Gauthier.

O'clock s'assoit patiemment.

Le téléphone sonne dans le vide puis j'aboutis sur la messagerie, je ne veux pas laisser de message, je veux entendre sa voix.

J'essaie le numéro du boulot mais je tombe directement sur Sofia. Sa conversation charmante ne me trompe pas, elle prend pour excuse un rendez-vous de dernière minute pour l'absence de réponse de Gauthier.

Pourquoi j'ai soudain le stress qui monte, qu'est-ce que tu fous Gauthier ?

Pourquoi tu ne veux pas me parler ?

Je raccroche et passe un jogging rapidement. Je prends la laisse d'O'clock pour faire un tour au parc. Je prends toujours une béquille mais je pourrais en allant à mon rythme m'en passer. Le chirurgien puis les kiné ont fait des merveilles, je ne ressens plus vraiment de douleur et la cicatrisation se fait correctement.

Dans le parc nous allons au coin dédié pour les chiens, O'clock marche fièrement en laisse.

En peu de temps il est devenu un vrai chien citadin, quand Juliette est là, c'est elle qui le tient. Il écoute tout ce qu'elle lui ordonne avec ses mains, je suis toujours surpris de les voir inséparables.

Je fouille dans la poche de mon sweat à capuche en passant devant la boulangerie.

Toujours pas d'appel de Gauthier, maintenant je tombe directement sur sa messagerie. Je m'arrête sur le banc en face de la vitrine, O'clock se couche à mes pieds.

-Allo Géraud, c'est Adam, je ne te dérange pas ? mon smartphone tremble dans ma main.

-Ça fait plaisir de t'entendre au contraire beau-frère ! Quoi de nouveau ? il souffle surement sa fumée de cigarette.

Il a de la chance, à l'heure qu'il est vu mon énervement le paquet y serait déjà passé si je pouvais encore....

-J'ai besoin de tes conseils, je m'inquiète pour Gauthier, il est préoccupé en ce moment, même quand il est là il semble absent...je ne sais pas trop peut-être que je me fais du souci pour rien...je mords ma lèvre intérieure.

-Tu as bien fais d'appeler, ce matin, il était très pale, perdu dans ses pensées comme tu dis, il souffle à nouveau sa fumée. Mais là je ne peux pas te dire s'il va bien, il est parti depuis un bon moment, je pensais qu'il assisterais à la réunion sur le dossier Marcour. Du coup je croyais que tu lui manquais trop et qu'il était rentré te faire un câlin ! Géraud pouffe comme un ado fier de sa blague.

-Si seulement ça pouvait être le cas mais de ce côté-là c'est plutôt morne plaine, je soupire.

-Laisse-lui du temps, tu sais ta période à l'hôpital a été très dure à vivre pour lui. Déjà il a fallut qu'il affronte sa terreur de l'hôpital. Quand on est arrivé, tu étais dans le coma et tes jours étaient en danger. Gauthier s'en voulait tellement, il était persuadé que tout était de ta faute. Il a eu vraiment très peur de te perdre, le briquet de Géraud claque signe qu'il s'allume une nouvelle cigarette.