62 . Adam

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- M. Belterne, un dernier cliché, ne bougez pas, retenez votre respiration.

La voix métallique retentit dans le scanner, j'avoue ne pas être claustrophobe mais là il me tarde que tout soit terminé. Je sais que Gauthier m'attend derrière la porte dans le couloir et qu'il est passablement tendu depuis ce matin.

Quelques heures plus tôt dans la cuisine de l'appartement...

- Pour la cent millième fois moineau, bois ton thé et mange, ça ne va rien changer, je vais bien.

Je le regarde confiant se ronger les ongles, ses yeux sont injectés de sang, je sais qu'il n'a pas dormi même s'il ne veut pas me l'avouer.

-Oui oui bien sûr, tu vas bien, tu vas bien...il répète la phrase comme un mantra, sans se soucier réellement de ma présence.

Il approche le mug de ses lèvres mais le repose sans boire...

-Tu as pris tous les cachets et tu as bien suivi les prescriptions ? il me fixe soudain, inquiet.

-Oui moineau, je n'ai plus besoin d'anti douleurs et les piqures sont finies, dieu merci, je souris en le regardant. Allez, mange au moins ces chouquettes, je suis allé t'en chercher spécialement ce matin à la boulangerie, je lui tends la poche.

O'clock jappe.

-Oui pardon, "nous" sommes allés à la boulangerie, je lance un œil noir à mon compagnon à quatre pattes, le boss a raison, tu fous les jetons parfois O'clock.

Ma blague ne fait pas rire Gauthier, il est toujours aussi tendu, je le reconnais à sa façon de se tenir, son épaule est raide. Cela fait maintenant plus de deux mois que nous vivons tous les deux, ensemble. J'en suis toujours le premier surpris mais force est de constater que cette cohabitation ne me pèse pas. Je m'épanouis même dans cette vie. Je n'ai plus de stress à le dire : j'aime être en couple avec Gauthier, j'aime partager ma vie avec lui.

-Je ne peux rien avaler ce matin, Adam, peut être après ? Gauthier me regarde avec ses immenses yeux caramels inquiets.

-Après...ok, je lui attrape la main et embrasse ses phalanges, on se prépare, tu nous conduits ? je lui tends mes clefs de voiture.

Au moment où il va les saisir, je lève mon bras en riant.

-Attention à ma carrosserie, pas d'éraflure ! il sourit, enfin je souffle.

-Pour qui me prends-tu ? il avance sa lèvre, boudeur.

-On part en avance, tu rouleras doucement, ça me laissera plus de temps pour te reluquer, je lui fais un clin d'œil.

...

-M. Belterne, c'est terminé, attendez pour vous relever que j'arrive.

Je souffle en fermant les yeux, pourvu que je n'ai rien. Je n'ai rien dit à Gauthier mais j'ai encore des étourdissements parfois.

-Je vous aide, l'infirmière s'approche, le professeur va vous recevoir dans quelques minutes.

-C'est bon, je n'ai rien ? ça y est j'angoisse devant son sourire de façade.

-C'est lui qui va vous lire les résultats, venez, ne stressez pas, elle m'aide à me relever doucement.

-Difficile de ne pas angoisser pour les résultats, j'ai jamais été un élève brillant, alors...je bougonne, ma blague semble la faire rire.

Mon pauvre Adam, te voilà le fils de Gad Elmaleh, qu'est-ce que tu es drôle ! Je suris moi-même de l'ironie de la situation.

Gauthier me fixe inquiet dès que je sors, il ne s'est même pas assis le temps de l'examen, pourtant cela m'a paru durer des siècles. Marc se tient à côté de lui.

Au-delà des méandresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant