Je souffle en commençant la côte des aiguilles, plus que cinq kilomètres en rentrant sur le village. Mes pas résonnent sur le chemin caillouteux, je slalome entre les ornières pour éviter de chuter. J'aperçois la dernière ligne droite avant la croisée des chemins. Le brouillard monte, si je n'accélère pas avec le jour qui décline, je risque de ne plus rien y voir d'ici une heure.
J'entends une branche qui craque, il me semble distinguer une silhouette au loin. Un homme en tenue de running qui lève désespérément son portable comme une bouée de sauvetage.
Je soupire, encore un touriste qui s'est perdu. Ça arrive en permanence quand ils viennent en vacances, ils se redécouvrent une passion soudaine pour le sport et se perdent inexorablement.
-Ça ne sert à rien, vous n'aurez pas de réseau avant le village ! je crie en terminant la côte.
-Shit ! Damned cell phone ! il souffle en enlevant son bonnet.
C'est ma chance, il va falloir que je parle anglais.
-Can I help you ? je m'approche en marchant et soufflant.
-Bonjour, c'est bien ma veine, d'habitude je capte partout, il regarde désabusé son portable.
Ouf un français, je peux remballer mon anglais scolaire, c'est bizarre comme impression : à le détailler il me semble l'avoir déjà vu...oui mais où ?
-C'est normal, ici c'est une zone blanche, et oui les joies de la campagne, on y est tranquille mais parfois on est un peu loin de tout, je soulève les épaules, il me sourit.
-Le père noël m'avait pourtant dit que c'était le modèle dernier cri, il m'aurait peut-être menti ? il éclate de rire.
-Si on ne peut plus faire confiance au père noël ! je ris à mon tour en sortant ma gourde pour boire. Tu voulais aller vers quel côté ? je le tutoie car il me semble jeune et sympathique.
-Avant que mon GPS ne me lâche, je rentrais en direction du village, je loge la dernière maison à côté de la rivière. J'ai couru la semaine dernière sur la lisière mais pas ici et je ne sais pas quel chemin prendre, il montre les deux possibilités de sa main.
-Tu es en vacances chez Edmond ? il ne me semblait pas que la maison était louée ! je remets mon sac sur mon dos.
-Je suis chez Adam, il va me pourrir si je ne rentre pas bientôt...
-Gauthier ? il me semblait bien que je te reconnaissais, j'ouvre des yeux comme des soucoupes.
-Excuse moi, on se connaît ? il fronce les sourcils en réfléchissant.
-Ah oui, désolé, je me présente, je suis Quentin, le petit-ami de Simon.
Je lui tends la main, confiant, j'espère qu'il ne va pas me repousser.
-Décidément le monde est petit, il me serre la main, légèrement crispé.
-Simon a apprécié de vous voir cette semaine, il s'en veut tellement encore. C'est pas parce que c'est mon mec, mais c'est pas un mauvais garçon, tu sais. Il étais simplement malheureux à l'époque et je crois aussi un peu paumé.
-Ça fait longtemps que vous êtes ensemble ? je le regarde déglutir lentement.
-Depuis la mésaventure avec le téléphone, ils ne se sont pas revus si c'est ton inquiétude. Simon n'est plus amoureux d'Adam, pas que je sache...enfin j'espère qu'il l'est de moi, je croise les bras en le regardant droit dans les yeux..
Il tourne son portable entre ses longs doigts, se mord les lèvres et me fixe de ses yeux caramels.
-Je te remercie de ta franchise Quentin, je préfère quand les choses sont claires, il me sourit.
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Au-delà des méandres
Roman d'amourGauthier en revenant dans la maison de son grand-père dont il avait hérité ne pensait pas faire de rencontre. Adam lui, avait une vie bien organisée. Il aura suffit d'un regard pour que tout bascule. Mais à trop réfléchir on peut tout perdre... Il f...