Au-delà des méandres

65. Simon

-Plutôt le vert tendre, je crois que je vais opter pour cette couleur.

Brigitte comme toutes les semaines est assise dans le fauteuil de manucure, elle sirote son thé en choisissant sa nouvelle couleur pour ses ongles. Je soupire cela fait déjà 10 minutes qu'elle hésite.

-Ou alors peut-être le rose poudré ? il irait bien avec mon pull cachemire...

Je regarde dehors en attendant patiemment, il fait frais et il pleut. Les voitures passent, se garent et repartent. Je me demande ce que fait Quentin en ce moment, la pendule marque 16h30, il doit encore être en cours. Vivement demain qu'il rentre, il me manque. Je suis toujours surpris qu'il revienne chaque weekend, inconsciemment je doute toujours de lui. Il est si jeune, je ne voudrais pas qu'il se lasse. Je m'attache si vite...

-Remarque le marron givré est classe...

Brigitte continue son monologue, j'ai du temps pour rêvasser. Demain soir nous avons prévu d'aller au cinéma avec Quentin, il y a une comédie romantique qui vient de sortir, je souris bêtement en repensant à sa tête quand je le lui ai proposé, lui qui préfère les films d'aventure !

Mon regard se porte sur une jeep noire qui se gare en face. La pluie balaie la devanture du salon, j'aperçois un parapluie noir qui fait le tour de la voiture pour venir abriter le passager.

Un homme galant ! Sa femme doit être heureuse.

Il ouvre la portière et aide la passagère à sortir ou plutôt, non je me trompe c'est un passager qu'il maintient contre lui. Mes yeux ne peuvent pas les lâcher et je ne sais pourquoi.

Une bourrasque de vent fait retourner le parapluie et là je reconnais ces yeux bleus que j'ai adoré en d'autres temps. Nos regards se bloquent l'un à l'autre. Je le vois qui flanche, il marche difficilement, la pluie redouble.

Mécaniquement je me lève et vais ouvrir la porte.

L'air frais rentre d'un coup et soulève les magasines sur la table basse.

-Simon, il y a un problème ? Brigitte me fixe inquiète.

-Venez vous mette à l'abri ! je crie à travers le vent et la pluie.

Ils semblent hésiter un instant puis se rapprochent du salon aussi rapidement que la démarche abimée du passager lui permet.

Je ferme la porte derrière eux. Brigitte met sa main devant sa bouche ouverte.

-Vous avez choisit le meilleur jour de la semaine pour une séance de shopping ! j'ironise mal à l'aise.

-Le présentateur météo était beaucoup trop optimiste... Adam s'appuie contre un fauteuil.

Je souris de sa plaisanterie.

-Laisse-moi te présenter...il ne finit pas sa phrase.

-Simon, bonjour, je suis Gauthier, il me tend sa main en s'avançant, sûr de lui.

-Bonjour, je serre sa main en le détaillant malgré moi.

Il est grand, mince, sa tenue est sans faute de goût. Il respire le self contrôle.

Bref tout ce que je ne suis pas en ce moment.

Je stresse à mort et quand je suis comme ça j'ai une envie folle de sucre.

Mon empire pour une religieuse au chocolat ou un éclair ou un choux à la crème...

Je m'égare, je m'en rends compte quand je vois trois paires d'yeux rivés sur moi, je n'ai toujours pas lâché la main de Gauthier.