Au-delà des méandres

19. Adam

"Envoie moi un sms quand t'arrive ou avant" non mais t'es trop con mon pauvre Adam, tu pouvais pas dire autre chose, tu l'as laisser partir sans rien lui dire de profond et tu crois que ce beau mec gentil va t'attendre. Je crois que je vais me mettre une baffe tout seul.

Je tapote mes poches, où sont mes clopes ? Merde mais ça fait une semaine que je ne m'en suis pas grillé une, c'est pas possible ça ? Je fume quand ça va pas un paquet par jour et là rien depuis une semaine. Oui c'est bien ça, une semaine, je passe la main dans mes cheveux plusieurs fois, je leur tire dessus même, comme si cela allait m'aider dans ma réflexion.

Au diner de cons, je m'inviterais moi-même : le fils caché de François Pignon...voilà ce que je suis.

Bon réfléchis deux secondes, mon portable émit un son dans ma poche, peut-être un sms du moineau ? je le récupère avec plus de frénésie que je pensais :

Simon: tu es libre aujourd'hui ?

Tu t'attendais à quoi idiot ! Machinalement je réponds :

A : non, suis au foot, à plus

Non mais tu as menti ? Adam faut te reprendre, rejoins ta voiture, bouge mon gars.

Je m'assois au volant, un ping retentit, j'ai un autre sms, moineau pourvu que ce soit toi !

Aymeric: Passe

Je tape le volant avec mes mains, qu'est-ce que tu croyais ? t'as tout fait foirer comme d'habitude ! deuxième ping.

Aymeric : on t'attend avec Judith

Si je ne réponds pas il va insister, il me connait par cœur, il sait que je risque de gamberger ou de prendre la mauvaise décision.

A : j'arrive

Aymeric : ok

Je tourne la clef machinalement, sors du parking de la gare et prends la direction de la maison de mes amis.

...

-pourquoi tu stresses autant ? me demande Aymeric en sirotant sa bière, nous nous sommes installés sur sa terrasse, il fait encore bon.

-j'ai pas dit les mots qu'il attendait je crois...je joue avec le papier humide sur ma bouteille, j'essuie les gouttes et machinalement je ferme les yeux et vois d'autres gouttes sur un corps fin et élancé.

-il tient à toi, ça se voit me murmure à l'oreille Judith, elle m'entoure de ses bras, il n'a pas arrêté de te manger des yeux.

-oui mais est-ce que ça suffit ? on s'entend bien, c'est vrai mais on vient de deux mondes tellement différents, je sais pas et puis je ne suis pas du genre à m'attacher, donc....

-arrêtes ça tout de suite me dit Aymeric en me fusillant du regard, tu as 34 ans Adam, la vie file, tu as droit à ton bonheur toi -aussi, rentrer le soir dans ta maison vide ce n'est pas une vie.

Judith s'appuie contre lui, elle hoche la tête et continue :

-Aymeric ça a été comme une évidence quand je l'ai vu j'ai su qu'on vieillirait ensemble, avec ou sans enfant et elle baisse les yeux. Il l'embrasse sur le front. Il te plait non ? bon si tu réponds rien c'est que j'ai raison, je t'ai vu avec lui, tu es beaucoup plus calme, plus ouvert. Il te fait du bien, ça se voit.

Je ne réponds rien, je suis sous le choc de tout ce qu'elle me dit, il faut que je réfléchisse seul, je vais rentrer.

-arrête de fixer ce portable Adam, il va t'appeler, laisse lui le temps d'arriver, il est chouette ce mec et puis vous formez un beau couple ensemble, il me fait un clin d'œil. Laisse cette histoire commencer.