11. Adam

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-Gauthier ? Merde, je cours en sortant de la voiture, je monte les marches quatre à quatre vers la forme assise contre ma porte d'entrée. O'clock couché contre lui lève le museau et gémit. Pourquoi vous êtes là ? Il ne répond pas, je le secoue. Barbara monte y a un problème, je l'appelle; puis j'entends un murmure et il ouvre à peine les yeux.

-Captain ...euh...Adam, c'est toi ?, j'avais pas les clefs, il referme les yeux, il serre fort un truc entre ses mains et là je découvre que c'est mon pull, qu'elle surprise, il s'y raccroche.Il est mouillé, ses vêtements pendent le long de son corps.

-Rentre-le dis ma sœur, allonge-le sur ton lit, faut que je l'examine et je vois si on l'amène à l'hôpital.

-Non, crie Gauthier, il m'attrape par le col, pas l'hôpital Adam, je veux rester ici avec toi, son regard est hagard, ses yeux injectés de sang, il grelotte et claque des dents.

-hé, chut calme toi, pas de stress on ne bouge pas, Barbara, ma sœur est là, elle est docteur, elle va s'occuper de toi, mets tes bras autour de mon cou, je passe un bras sous ses jambes, l'autre dans son dos et je le soulève . Mon dieu, il ne pèse rien malgré sa taille, il vient poser sa tête sur mon torse et je sens sa respiration, je ne peux m'empêcher d'embrasser ses cheveux, il sentent les fruits. J'aimerais qu'il soit à moi, Adam tu dérapes là.

-c'est bon, j'ai les clefs et ma trousse dit Barbara, je t'ouvre. Je vais préparer une boisson chaude pendant que tu le déshabilles, il va attraper la mort. Elle se dirige vers la cuisine.

- Je pose Gauthier sur mon lit, il ne veut pas enlever ses bras et serre toujours mon pull, O'clock va directement dans sa panière, il a l'air aussi épuisé.

-faut que tu me lâches et que tu mettes des vêtements chauds, je parle doucement, j'essaie de desserrer ses doigts, Ils sont gelés. Je ne partirai pas, je suis là, laisse-moi prendre soin de toi, je lui caresse le visage, il est encore plus beau de près. Je défais ses doigts un à un tranquillement sans le brusquer, il est en état de choc, j'applique la procédure mais que ce soit Gauthier, cela me touche. Il semble se laisser faire, j'ôte ses chaussures, ses chaussettes, ses pieds sont gelés, je les saisit dans mes mains pour les réchauffer. Je desserre sa ceinture, enlève son short, son boxer. Concentre-toi Adam, sois professionnel, Barbara arrive, elle fouille dans ma commode et me tend mon pyjama d'hiver en pilou, le plus chaud que je possède. Je lui passe le bas, je ne peux m'empêcher de le détailler, tout ce que je pourrais lui faire s'il était à moi ! Il faut que je lui enlève son éternel tee-shirt à manches longues. Gauthier se crispe, il me repousse faiblement.

-Non Adam, je ne veux pas que tu me regardes dit-il d'une voix rauque. Il recommence à grelotter.

- ok, je ferme les yeux, mais laisse-moi faire, please c'est pour ton bien. Derrière moi ma sœur glousse, je la fusille du regard. Je fais passer le tee-shirt par le cou, il se raidit et met ses bras en protection contre lui. Oh mon dieu, je ne peux détacher mes yeux de son épaule et de son bras

- Adam, s'il te plait, il me regarde implorant.

- on va mettre le haut, c'est mon pyjama, tu verras c'est chaud, je lui caresse la joue doucement, il se calme et se laisse faire, ma sœur va t'ausculter, je suis dans la cuisine, je te prépare un thé et je reviens, je monte la couette sur lui.

Je fais infuser le thé quand Barbara me rejoint.

-alors ? Je me retourne vivement vers elle, elle s'assoit en soufflant sur un tabouret du bar.

- en résumé, il n'a rien, enfin il a de la fièvre, il lui faudra du paracétamol, boire beaucoup et surtout du repos, qu'il reste allongé au maximum. Il a un état de fatigue générale important, il est à bout, limite burn-out.

- Je m'en veux, qu'il soit fermé dehors c'est entièrement ma faute, il n'avait pas les clefs. Je suis trop con, s'il lui était arrivé quelque chose. ...je me tape le front, je me passe la main dans les cheveux je tire dessus.

-stop Adam c'est un concours de circonstance, c'est la faute à pas de chance, je te connais tu vas ruminer toute la nuit. Va te coucher, je vais vous laisser, je repasserai demain soir, appelle moi, si ça s'aggrave. Je rentre, je suis crevée, elle me fait une bise, ne le laisse pas sans surveillance, elle sourit, se retient de rire, ses yeux pétillent. Mon petit doigt me dit que tu t'occuperas très bien de lui, à demain les amoureux.

-Barbara, file maman doit t'attendre, puis plus bas, tu sais les cicatrices....je murmure inquiet.

-elles sont anciennes, de l'enfance, ce sont des brûlures, fait attention au niveau de son épaule, il a une raideur, je pense des os mal ressoudés, il a eu plusieurs opérations .

- je comprends mieux sa peur de l'hôpital, t'es sûre, ça ira ? J'attends sa réponse.

- Oui, il aura un bon coup de froid, ce qui m'inquiète plus c'est sa fatigue comme je te disais, du repos, de bons petits plats, pas de travail surtout, s'il y a bien quelqu'un qui peut gérer c'est toi, il va dormir, je lui ai fait une piqûre. J'ai séché O'clock avec une serviette, tu sais il a veillé sur lui, il mérite du repos lui aussi.

-merci Barbara pour tout, je lui serre le bras.

Quand j'entends la voiture démarrer, je prends le mug et vais vers ma chambre, c'est silencieux, O'clock lève le museau, je m'accroupis, le caresse, je lui ai amené une friandise.

-tu es un bon chien, merci d'avoir pris soin de lui, tu l'aimes bien aussi. Le chien remue la queue, il prend sa friandise et commence à la ronger méthodiquement.

Je ne peux m'empêcher de regarder Gauthier, sa respiration est plus calme, il est couché en position fœtale. Il est grand et pourtant il est si frêle, mais qu'est-ce qu'il est beau. C'est bizarre, j'ai cette impression qu'il est à sa place dans mon lit.

Je me déshabille, j'hésite mais ordre du médecin, j'ouvre la couette et me glisse dans le lit dans le côté opposé pour le surveiller.

Je commence à m'assoupir quand je l'entends gémir puis il s'agite.

-Gauthier, ne t'inquiète pas, je suis là, tu es en sécurité.

- Adam, il marmonne et se retourne contre moi, il vient se coller sur mon torse, tu sens bon, il glisse sa main dans mes cheveux, ça craint ce mec va me rendre fou. Gauthier qu'est-ce que tu me fais, je penche ma tête pour le regarder, il choisit ce moment-là pour relever la sienne et nos bouches se frôlent. Je retiens ma respiration, il glisse sa main sur ma nuque et m'embrasse, sa langue est douce, il a un goût de menthol, il embrasse bien, je ferme les yeux.

Je me demande si le diplôme de ma sœur est bien valable, il va dormir, tu parles ! monsieur parfait est bien réveillé il me détaille de ses immenses yeux caramels.

-Je t'aime Adam, il bafouille et retombe la tête sur mon torse, puis il se met à ronfler.

Bon finalement, elle a bien eu son diplôme. Ce mec me rend dingue, c'est les montagnes russes des sentiments.

Adam, roi de la gamberge ne va pas fermer l'œil de la nuit après ça, je suis tellement troublé que je n'ai pas d'idée sur le nom d'un fils caché comme je fais d'habitude.

Mes neurones ne connectent plus, j'ai peur d'avoir ce mec dans la peau mais faut que j'arrête, je vais faire liste pour éclaircir les idées :

● il est hétéro (enfin je commence à en douter maintenant )

● il est marié (on peut pas dire qu'il en parle souvent, voire jamais)

● il a une fille (trop mignonne)

● il vit loin (Paris ce n'est pas la campagne)

● il va se lasser d'un mec comme toi, sans culture, un job simple, une vie simple.

● il est solaire et moi lunaire (trop de noir dans ma tête)

Conclusion : ça ne peut pas le faire, voilà c'est dit !

Mais merde à le tenir dans mes bras, je fonds, tout me plait chez lui, ses lèvres si douces et il m'a dit je t'aime. Pas de sentiments, c'est foutu, allez dors, mon radio réveil affiche une heure et la journée de demain va être longue.

Au-delà des méandresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant