- Adam ? Tu rêves ? Adam, je balance, ça va tomber.
Je relève la tête, il y a un énorme fracas, je l'entends malgré mon casque, je sens le souffle prés de moi. L'arbre est énorme il va rejoindre la longue coupe de ce jour.
- Bordel Édouard tu pouvais pas prévenir, je crie en arrêtant ma tronçonneuse que je pose devant moi. Non, mais t'as vu les branches un peu plus et c'était pour moi!
Je marche vers lui en serrant mes poings. J'en ai marre de cette inconscience; franchement rien ne tourne comme je veux aujourd'hui, en plus j'ai oublié mon paquet de clopes dans ma voiture et je crois bien que le thermos de café est vide , merde il est seulement 10 h 00 du matin, elle est déjà trop longue cette journée !
- Mets-la en veilleuse tu veux, j'ai appelé, t'as pas répondu, tant pis pour toi, je parie que t'avais ta musique dans ton casque, alors tant pis pour toi, faut assurer mon gars, il ricane.
Je lève mes poings mais une main m'arrête.
- Laisse, ça en vaut pas la peine et en plus le boulot est pas finit.
Aymeric me regarde et sourit l'air fatigué.
- C'est bon !
Je lève les bras en signe de rémission et les laisse retomber. Mais tu perds rien pour attendre je pense et je retourne vers mon arbre, un magnifique chêne qu'il va falloir que j'escalade pour l'étêter car il ne pourra pas passer entre les autres arbres sans faire de dégâts.
Je lève les yeux il est magnifique quel gâchis il finira en parquet ou au mieux en joli meuble; tout ça pour faire plaisir à des gens de la ville. Ils viennent passer les weekends ou les vacances et au final ils veulent juste quelque chose qui en jette sans trop savoir l'histoire, pour pouvoir parader devant leurs amis de passage. Pour eux il faut travailler le plus vite possible , enfin l'avantage c'est que pour tout ça ils payent et bien. Je souffle, être à leur service ne m'enchante guère.
Je vais en avoir pour un petit moment avant de m'être arnaché, je passe une main sur mon visage, il fait chaud en cette fin du mois d'août même s'ils avaient attaqué tôt dés les premières lueurs du soleil.
Je sens Aymeric qui s'approche, il me tend son thermos de café pour que j'en prenne une gorgée.
- Je sais pas si t'en a bien besoin vu ton énervement mais bon au moins ça te tiendra éveillé. Bon sang qu'est-ce qui t'as pris ?
Il commence à faire des allers et venues devant moi. Je vais en avoir pour un moment quand il commence à jouer au papa avec moi.
- En plus tu sais comment il est, pas la peine de lui chercher des noises il va aller se plaindre à la moindre embrouille, tu veux perdre ta place ou quoi! Moi j'ai pas les moyens tu sais et toi non plus il me semble Alors merde calme toi et puis dors la nuit ça te feras du bien !
Il s'arrête, se retourne vers moi, le savon n'est toujours pas finit, ça dure aujourd'hui et pour couronner le tout je sens la migraine qui pointe, je ne peux pas m'empêcher de pincer mon nez en fermant les yeux. Peut-être que si je me concentre je ne vais plus l'entendre.
- Adam arrête ce petit jeu avec moi et cesse de faire l'enfant ! Ce que tu m'énerves quand tu es comme ça ....
Aymeric s'arrête de parler et me regarde et quand il fait ça j'ai l'impression qu'il voit à travers moi. Il faut dire qu'on est ami depuis l'enfance et parfois je sens qu'il devine beaucoup de choses .
- Je suis rentré tard hier soir. ..
Je commence en baissant les yeux.
- Merde je le savais j'aurais dû rester avec toi. T'es pas rentré après le match ?
Avec Aymeric on avait fait les quatre cents coups enfants au grand dam de ma mère qui s'inquiétait quand elle me voyait rentrer le genou écorché et le jean déchiré. On avait pour habitude d'aller dans la forêt pour construire des cabanes et s'inventer des vies de Robin des bois en lançant nos flèches. Notre amitié avait perduré et s'était transformé en un lien fort quand mon père était mort. On travaillait ensemble et on faisait partis de la même équipe de foot, enfin; lui à l'arrière et moi devant, en plus j'étais le capitaine ce qui était pour moi une source inépuisable de raillerie.
- J'ai suivi les gars pour boire un coup et puis tu sais comment c'est : un coup en entraîne un autre.... bref je suis rentré. ...disons un peu tard.
Il me fusille du regard, il sait comment je suis, il souffle et remets sa casquette qu'il avait ôté quelques minutes plus tôt.
- Bon allez n'en rajoute pas, on a du travail à finir, retournons-y.
Ouf, c'en était finit des questions, je n'étais pas obligé de lui lâcher que j'étais rentré à 3h00 du matin et levé à 6h00.
Ça avait été dur quand le réveil avait hurlé sa sonnerie surtout qu'il ne s'était pas éteint malgré l'oreiller lancé dessus.
Il avait quand même raison il fallait que j'arrête de continuer comme ça; il fallait que je me pose,mais quoi arrêter ?....le foot.....non impossible de rater ce moment de convivialité et puis ne pas courir d'une semaine c'était trop long......les pompiers volontaires ?.....non plus, l'équipe était sympa et puis arrêter, je ne pouvais pas abandonner une deuxième fois mon père. J'avais beau tourner le problème dans ma tête je ne trouvais pas de solutions.
Au fond encore une fois Aymeric avait raison, je devais grandir, faire des choix mais je n'allais pas lui faire plaisir en le lui disant. Ma première résolution de la journée allait être de la terminer sans me blesser en restant concentrer, c'était déjà un bon départ. L'après-midi serait plus calme, j'avais du travail administratif en retard, je pourrais donc profiter de la climatisation du bureau fraichement installée.
En redémarrant ma tronçonneuse après avoir remis mon casque et mes gants, je ne pensais plus qu'au thé glacé et à la brise fraiche qui seraient mes compagnons les prochaines heures, rien que de les imaginer j'en salivais déjà d'avance.
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Au-delà des méandres
RomanceGauthier en revenant dans la maison de son grand-père dont il avait hérité ne pensait pas faire de rencontre. Adam lui, avait une vie bien organisée. Il aura suffit d'un regard pour que tout bascule. Mais à trop réfléchir on peut tout perdre... Il f...