Au-delà des méandres

59. Gauthier

Bip bip bip

Je relève la couette sur ma tête, le réveil me tord les oreilles.

-Moineau ? Faut vraiment que tu ailles travailler ? Adam me resserre contre lui. Il enfouit sa tête entre mes omoplates.

-Oui, tu le sais j'ai de gros dossiers en cours, je soupire.

-Tu veux que je te rejoigne pour manger ? il se frotte le nez contre ma peau.

-Impossible, je vais être en réunion une bonne partie de la journée. Profites-en pour te reposer, je bouge pour me lever.

-Il n'est que 7h00, viens-là on a tout notre temps pour que je te fasse un petit massage.

Ses mains commencent à descendre le long de mon flanc de mes hanches. Je le repousse simplement, il grogne.

-Moineau, on est tout seuls jusqu'à samedi, Juliette est chez Alix, Judith et Aymeric rentrent cette après-midi de  Normandie et maman....bref on a tout l'appart pour nous. On n'a rien fait de puis ton attaque sournoise à l'hôpital, tu veux pas d'un petit câlin ? il emploie son ton enjôleur.

-Adam, j'ai eu un moment d'égarement sois raisonnable il te faut du repos, allez j'y vais, je souffle en me levant.

Il grogne, se retourne dans le lit. Je vois qu'il est renfrogné mais il ne dit rien.

Je me faufile rapidement dans la douche, m'habille, attrape une pomme au passage et dévale les escaliers en claquant la porte derrière moi.

Si quelqu'un me voyait il dirait à coup sur que je fuis.

Tu fuis Gauthier Demancel ?

Gauthier 0 - La fuite 1

J'entends cette petite voix dans ma tête, je repousse cette idée en saluant le marchand de journaux sur ma route. Mes pas s'accélèrent, je ne me rend pas compte que je suis essoufflé en franchissant le pas de la porte du cabinet.

-Tu es bien matinal cette semaine ? Sofia lève le nez de son café, elle balaie les mails, le téléphone coincé contre son épaule.

-Du travail en retard ! je pars au trot en montant deux à deux les marches de l'escalier qui m'amène à mon bureau.

Mon cœur bat à tout rompre, je sens une oppression dans ma poitrine, mes oreilles bourdonnent, j'ai juste le temps de m'agripper à mon fauteuil pour m'assoir.

-T'es déjà là amigo ? Géraud sifflote dans le couloir.

Je me refais rapidement une tête de circonstance qu'il franchit la porte.

-Ça va pas Gauthier, tu es tout pale ? Géraud s'approche soudain inquiet.

-C'est rien, je viens de me cogner le tibia, je rigole en massant ma jambe. Je suis trop maladroit ! J'espère que mon excuse bidon va marcher...

-Moi, j'ai l'avantage d'être avec un médecin, je n'ai plus à me soucier de mes bobos, il ricane.

-Toujours la lune de miel ? je suis ravi que la conversation dérive sur un autre sujet.

-Oui et j'en suis le premier surpris, je fais même des projets d'avenir, qui l'aurait cru ! J'imagine que pour vous ce doit être pareil ?

Je n'ai pas le temps de répondre que le téléphone sonne, béni sois cette invention qui me permet d'éluder la réponse.

Gauthier 0 - Le téléphone 1

Géraud s'efface en me faisant un signe de la main, je réponds mais mon esprit ne cesse de divaguer.