8. Gauthier

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J'avais attendu une partie de la matinée, puis de l'après-midi et pas de retour d'Adam. L'urgence s'était donc éternisée, son chien ne paraissait pas surpris outre mesure.

J'avais tourné dans la maison puis j'avais eu soudain l'idée de prendre mes baskets, mon short et un éternel tee-shirt à manches longues pour aller courir. Le soleil commençait à tomber et la chaleur se radoucissait, c'était donc le temps idéal. Quand il me vit ainsi accoutré, le chien d'Adam se mit debout et commença à tourner autour de moi en jappant.

- Ok come on o'clock. What's a fucking name ! Allez je plaisante, montre-moi le chemin et 5 km grand max, c'est une reprise, je ne suis pas comme captain America ! Je ris tout seul de ma blague.

Le chien part devant et je commence en petites foulées. La première côte me donne du souci, o'clock m'attend en haut, la langue de travers, il est trop drôle. Je m'arrête, mets les mains sur les cuisses, il faut que je reprenne mon souffle. Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas couru, au moins un siècle. Je me redresse, marche 100 m puis je reprends et petit à petit j'allonge mes foulées. Finalement c'est comme le vélo ça ne s'oublie pas.

Le jour décline, j'allume ma frontale, ça fait plus d'une heure que je cours, O'clock trottine à mes côtés. Je sens mes mollets qui brulent, j'inspire, j'expire je me concentre uniquement sur le bruit de mes pas sur l'asphalte. Ça vient, j'oublie tout, les dossiers, le stress, la migraine, mon épaule, je me sens bien, je me sens planer. Il fait de plus en plus noir, la lune monte.

- My friend, c'est l'heure de nous ramener à la maison.

Il lève la tête, jappe et bifurque dans un petit chemin à 100 m de là qui descend dans un petit bois. Faut que j'arrête de penser que ce chien comprend tout ce que je dis mais comme le lapin d'Alice je le suis quand même.

En faisant attention aux racines et aux branches, nous arrivons à l'orée et au loin, j'aperçois les bâtiments et une petite lumière à l'extérieur qui vacille.

Gauthier 0 – Lassie 1

En m'approchant je vois la lanterne allumé et Adam installé sous la tonnelle, un livre à la main. Il se lève d'un bond, il est encore plus grand que ce matin, il me semble.

- Mais vous étiez où ? il semble agité.

O'clock vient immédiatement s'allonger devant son maitre, il halète. Adam le caresse doucement et lui murmure des mots gentils puis il se retourne vers moi.

- Je me faisais du souci, tout est resté ouvert, j'ai appelé et personne, y avait des fringues partout, j'ai cru qu'on avait été cambriolé, il explose.

Je regarde la lanterne, il y a un livre, mes lunettes et mon portable sur la table. Il regarde dans la même direction. Il reprend.

- Comme tu as l'air de beaucoup y tenir, il tend sa main vers mes objets, j'ai même cru que tu avais été enlevé, il me regarde avec ses yeux furibonds.

Et là je ne sais pas ce qu'il me prend, j'explose de rire, un vrai rire libérateur. Je me tiens les côtes en m'appuyant sur la chaise. Ce mec est too much, je ne peux pas m'arrêter. Il fronce les sourcils puis lui aussi se met à rire et se rassoit devant son livre ouvert qu'il ferme d'un coup sec.

- Stop, on reprend, il se relève me tend la main, bonjour, je m'appelle Adam Belterne, son sourire fait apparaitre deux fossettes, ses yeux brillent à la lueur de la lanterne.

- Gauthier Demancel, je serre sa main, elle est chaude, ferme, sa peau est rugueuse comme celle des hommes habitués à travailler en extérieur.

Au-delà des méandresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant