Nous voilà tous les trois dans le bureau de Marc. Je le connais par cœur et pourtant tout me semble étranger aujourd'hui.
Depuis que j'ai appris qu'on héliportait un bucheron tombé d'un arbre, je ne peux plus réfléchir de manière cohérente. Je savais déjà au plus profond de moi que c'était mon frère qu'on amenait.
C'est la pire des scénari qui se déroule. Aucun médecin des urgences ne souhaite voir arriver un proche.
-Il a une double fracture tibia péroné, Marc affiche la radio et je me mets à l'examiner. Franck a stabilisé la fracture, les os ont été brisé de manière nette, il n'en gardera pas de séquelles. Comme il a subit une chirurgie, il n'aura même pas de plâtre. Au bout de six semaines, il pourra remarcher et il faudra trois mois pour que la blessure soit guérie. Adam a aussi deux côtes de fêlées mais heureusement les poumons n'ont pas été touchés.
Gauthier met ses mains devant sa bouche et gémit. Je lui serre la main. Je connais la procédure aux familles, on commence toujours par annoncer les blessures qui ne sont pas vitales avant...
-Excusez-moi, présenté comme ça, cela parait grave mais ne vous inquiétez pas, on s'en remet bien, Marc sourit bienveillant à Gauthier. Pour les côtes, il n'y a rien à faire à part un bandage assez large qui serre le thorax.
-Mon dieu, il doit avoir mal, il étouffe un sanglot.
J'observe Marc qui ne répond rien, il croise ses doigts, souffle, relève sa tête et nous fixe.
Ça y est le pire est à venir, je me mets à réciter une prière que maman m'avait apprise petite. Je ne l'avais pas redite depuis le décès de mon père.
-Pour l'instant, il est dans le coma mais celui-ci est artificiel. Quand il est tombé, sa tête a heurté le sol, heureusement il avait son casque. Néanmoins il a un œdème qui comprime son cerveau. En l'état actuel, je ne peux pas me prononcer, il faut que celui-ci se résorbe.
Ça y est il l'a dit : le pronostic vital est engagé, les larmes obscurcissent ma vision, je me blottis dans les bras de Géraud qui me serre.
Pour la première fois de la journée, je le sens trembler.
-Il est jeune, en bonne santé, c'est un sportif. Marc fait le tour de son bureau et se positionne devant nous, il s'accroupit et pose ses mains sur nos cuisses. Il reprend : j'ai bon espoir. Le coma permet à son corps de se reposer. Je ne vous cache pas que les prochaines 48 heures vont être décisives, passé ce délai on verra la marche à suivre, on refera des examens. Pour l'instant, on va avancer pas après pas, ok ?
Barbara arrête de t'imaginer le pire, il est vivant, c'est ça le plus important.
-N'hésitez pas à m'appeler pour me poser toutes les questions qui vous semblent pertinentes. Marc reprend : Barbara tu as mon numéro, donne-le à M. Demancel.
-Gauthier, s'il-vous plait, quand est-ce-qu'on pourra voir Adam ?
-Il va rester aux soins intensifs, on le prépare actuellement. Bien sûr vous ne pourrez le voir que quelques minutes ce soir, il a besoin de beaucoup de repos. Le transport, la chirurgie et les différentes manipulations l'ont épuisé. Mais je comprends qu'il vous tarde de voir votre conjoint.
Marc se lève, nous l'imitons. Mes jambes me portent difficilement, Géraud m'aide.
-Vous ne pouvez le voir qu'un par un, qui veut passer en premier ? Marc nous accompagne devant la porte des soins intensifs.
-Barbara, vas-y, Gauthier enlève ses lunettes et s'essuie les yeux.
-C'est toi qu'il a appelé, c'est ta place, je regarde mon déjà "beau-frère".
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Au-delà des méandres
RomanceGauthier en revenant dans la maison de son grand-père dont il avait hérité ne pensait pas faire de rencontre. Adam lui, avait une vie bien organisée. Il aura suffit d'un regard pour que tout bascule. Mais à trop réfléchir on peut tout perdre... Il f...