Au-delà des méandres

49. Gauthier

Je ne tiens plus depuis ce matin, le professeur est son équipe vont essayer de réveiller Adam, j'espère que tout va bien se passer.

Pour tromper mon impatience, je décide d'appeler Aymeric. Il répond à la première sonnerie, essoufflé.

-Bonjour Gauthier, ça va ?

O'clock aboie une fois, c'est dingue ce chien il a dû être voyant dans une autre vie.

Gauthier 0 - Mme Irma 1

Gauthier tu dérailles, mon vieux les vapeurs d'éther commencent à te griller les neurones !

-Ils vont essayer de le réveiller ce matin mais je ne sais pas à quelle heure.

-c'est bon signe, non ? Tu m'as dit que les dernières analyses étaient bonnes !

- Oui, mais je t'avoue que j'angoisse quand-même. Pourvu qu'il n'ait pas de séquelles. Je me ronge l'ongle du pouce.

- Adam, je le connais depuis longtemps, on a fait les 400 coups ensemble. Nos mères ne savaient pas toujours où on était, on passait nos vacances dans les bois. On revenait souvent les genoux en sang et les pantalons déchirés !

Je ris à cette évocation de mon écureuil aventureux enfant.

-Je ne devrais pas le dire parce que c'est moins grave que l'accident d'Adam mais j'angoisse aussi de la réaction quand il se réveillera et qu'il me verra là, avec sa mère....vu que notre dernière conversation a été terrible.

- Tu veux que je te dise : il se réveillera dans tous les sens du terme ! Il a mal vécu d'être loin de toi. Il n'ose pas toujours exprimer ses sentiments mais il tient à toi, n'en doute pas ! Je le soupçonne même d'avoir pris ce chantier si long et si difficile, uniquement parce qu'il était proche de Paris et donc de toi.

-Merci Aymeric, ça me touche ce que tu me dis. Désolé de t'appeler simplement pour évoquer mes angoisses.

-Au contraire, je t'ai dit de m'appeler dés que tu en avais besoin. J'aurais voulu être avec toi en ce moment mais... il hésite avant de poursuivre : on vous expliquera tout bientôt avec Judith. Tu sais, je sens au fond de moi que ça va bien se passer, je ne peux pas te l'expliquer mais c'est une évidence.

- il faut que je te laisse, le médecin arrive pour nous parler, je te rappelle plus tard.

-dis surtout à mon pote qu'on viendra le voir très bientôt à Paris, courage Gauthier.

Nous nous approchons tous les quatre du professeur Mėrand, Barbara m'attrape la main.

-Bonjour, nous avons commencé à réveiller Adam il y a maintenant une heure et tout se passe normalement, comme nous l'espérions.

Nous soufflons tous les quatre en même temps.

-Il n'a plus d'assistance respiratoire, il ouvre les yeux, il réagit bien. Quand je l'ai quitté, il ne parlait pas encore.

Marie gémit.

-Cela ne va pas tarder. Chaque patient va à son rythme, imaginez quand vous vous réveillez le matin, vous n'êtes pas opérationnels immédiatement !

-On va pouvoir le voir ? je ne tiens plus.

-Je lui ai dit que je venais vous chercher, il vous attend. Allez-y un par un et quelques minutes, il est encore faible. Pendant quelques temps, il va osciller entre des phases éveillées et des phases de sommeil. J'imagine que vous voulez passer en premier pour voir votre compagnon ?

Le médecin m'interroge du regard, je vois du coin de l'œil Marie baisser la tête, son sourire disparaît.

-Merci pour tout docteur, je vous suis tellement reconnaissant qu'Adam aille mieux mais je crois que sa maman a vraiment envie de le voir en premier, j'irai après.