Chapitre 37 - Saule

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Les applaudissements de Maëlkaruos brisèrent le silence qui s'était installé. Simon et Ambre s'étaient précipités aux côtés de Sarah pour la soutenir. Le prince se tourna vers eux.

_ Mon seigneur est très impressionné, traduisit Saule. Il dit vous avoir sous-estimés mais il vous promet qu'il ne commettra pas cette erreur deux fois. Si vous le souhaitez, vous pouvez prendre un peu de repos avant la prochaine épreuve.

_ Comme c'est aimable de sa part, répliqua Simon. Mais je m'en voudrais de le faire attendre. Nous sommes prêts, pas la peine de perdre plus de temps.

_ Comme il vous plaira. Lequel de vous deux souhaite affronter son épreuve ?

_ Cette fois c'est mon tour, dit Ambre en plaçant Sarah dans les bras de Simon.

_ Fort bien. Suivez-moi, Dame Ambre.

La jeune servante la conduisit hors de la salle, puis le long de corridors aux murs couverts de mousse et de racines. Elle s'arrêta enfin devant une porte haute comme deux fois Ambre, en bois recouvert de feuille d'argent repoussé, et qui n'avait ni serrure, ni poignée, seulement un marteau.

_Mon maître conserve sa clé d'argent derrière cette porte, expliqua-t-elle. Ramenez-la, et elle sera vôtre.

L'ogresse jaugea la porte d'un œil méfiant.

_ Ben tiens, je doute que ce soit aussi facile que ça. Dis-moi tout, ma jolie  : quel genre de créatures je vais devoir combattre là-dedans, au juste ? Des griffons ? Des dragons ? Pire ?

_ Rien de tout cela, autant que je le sache. Vous devez simplement rapporter la clé.

Saule se mordilla la lèvre, puis regarda par-dessus son épaule, bien qu'elles soient parfaitement seules. Elle se pencha vers Ambre :

_Prenez ceci, cela pourrait vous être utile, murmura-t-elle en lui glissant quelque chose dans la main. C'est le mieux que je puisse faire.

Ambre entrouvrit les doigts. Un morceau de charbon gras. Que diable était-elle censée faire avec ça ? Saule saisit le marteau de fer noir et en frappa trois grands coups sur la porte. Un écho leur répondit de l'autre côté et les deux énormes battants s'ouvrirent lentement et silencieusement.

Ambre se retrouva face à une immense salle taillée dans le roc, peut-être trois fois plus grandes que celle où trônait Maëlkaruos, et entièrement vide. Un unique rayon lumineux perçait l'obscurité, juste au centre de la pièce. Elle se demanda d'où il pouvait venir. Ça ne pouvait pas être le soleil, ni la lune, on était bien trop profond sous terre. Au milieu du rai de lumière, scintillait une clé d'argent, suspendue entre sol et plafond. Elle hésita à franchir le seuil. Ça sentait le coup fourré à plein nez. A tous les coups, cette porte allait se refermer derrière elle pour ne plus jamais se rouvrir...

Ambre entra.

Et la porte resta ouverte. Mais dès qu'elle eut posé le pied sur le sol de la salle, de minces plaques argentées jaillirent de rainures dans le dallage. Elles avaient toutes la taille d'une porte et semblaient faites de verre ou bien de métal - c'était difficile à dire dans la pénombre. Ambre fit un pas de plus en avant et un mouvement identique lui répondit dans l'ombre. Elle comprit alors ce qu'elle avait sous les yeux.

Des miroirs. Des dizaines, peut-être des centaines de miroirs, qui formaient devant elle une barrière infranchissable. Elle les examina de plus près. Le verre en était trouble et moucheté de taches noires, là où le tain s'était écaillé. Ils n'avaient pas l'air si haut que ça, peut-être qu'elle en pouvait escalader un et passer le l'autre côté. Ça semblait facile. Elle leva le bras et s'accrocha à l'un des cadre d'argent terni... pour le lâcher immédiatement avec une exclamation de douleur. Le bord supérieur du miroir était tranchant comme une lame de rasoir.

Le Roi de l'HiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant