Chapitre 17 - Les reliques de saint Mathurin

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Sarah fut conduite à travers un dédale de couloirs jusqu'à une porte de bois sombre, que son escorte ouvrit sans frapper. La pièce où elle pénétra était vaste mais dépouillée. De hautes étagères dressées contre les murs, quelques fauteuils et un bureau massif en constituaient tout l'ameublement. La lumière du matin finissant entrait à flot par les fenêtres en ogive qui perçaient le mur est, et une énorme cheminée de pierre, assez grande pour qu'un homme puisse s'y allonger, occupait le seul espace laissé vacant entre les rayonnages. Les deux novices entrèrent sur ses talons et se postèrent en silence de chaque côté de la porte.

_ Bonjour, mademoiselle, la salua un vieil homme à l'aspect fragile, assis dans le haut fauteuil de bois sculpté qui faisait face au bureau.

Sa voix était claire et forte mais ses mains tavelées et sa posture voûtée trahissaient son grand âge.

_ Je suis le père Athanase, maître de cette commanderie, et voici notre prieur, le frère Philippe, dit-il en désignant l'homme dont la longue et mince silhouette se tenait avec rigidité à ses côtés, les mains posées sur un coffret de cuir aux ferrures patinées. J'espère que notre frère hôtelier vous a fait bon accueil et que vous ne manquez de rien.

_ On s'est très bien occupé de moi, je vous remercie, répondit Sarah. Mais il a quelque chose que je voudrais vous demander.

_ Bien sûr, mon enfant, de quoi s'agit-il ?

_ J'aimerais passer quelques coups de téléphone. Pour rassurer mes proches, vous comprenez. Je n'ai pas l'habitude de disparaître comme ça, et ils doivent être morts d'inquiétude à l'heure qu'il est.

_ Je comprends tout à fait, mon enfant. Et nous serons ravis de vous obliger dès que nous aurons fini  cette conversation, lui assura le commandeur avec un sourire un peu forcé.

_ Et de quoi voulez-vous discuter exactement ?

_ Vous êtes arrivée parmi nous dans des circonstances particulièrement... inhabituelles, si j'en crois le rapport de nos frères Guillaume et Thomas. Vous étiez poursuivie par Veneur, n'est-ce pas ? Savez pourquoi il s'en est pris à vous ?

Encore cette question ! s'agaça Sarah. Mais elle se raisonna ; ces gens cherchaient simplement à l'aider et ils avaient besoin de tous les renseignements qu'elle pourrait leur donner.

_ Non, je n'en ai pas la moindre idée, malheureusement. Je ne savais même qui il était ! A vrai dire, vous semblez tous en savoir beaucoup plus long que moi sur cet homme et ses intentions.

_ Avez-vous déjà entendu parler d'un objet appelé Ascalon ?

_ Non. Je devrais ? répondit la jeune femme avec une franche curiosité. Qu'est-ce que c'est ?

_ L'objet que Veneur recherche. Ce qu'il pensait être en votre possession, manifestement, puisqu'il vous a attaquée.

_ Eh bien, manifestement, il s'est trompé. Je n'ai rien à voir avec tout ça.

_ Peut-être bien mais nous devons nous en assurer. Le frère Guillaume nous a rapporté un fait des plus troublants, voyez-vous, répliqua le père Athanase en fixant sur elle ses prunelles aqueuses. Pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes parvenue à blesser Veneur, seulement en le touchant ?

_ Je ne... Je n'en sais rien..., balbutia Sarah. C'est simplement arrivé ! Je ne sais ni comment, ni pourquoi.

_ Donc, vous ne le niez même pas ! s'exclama le prieur.

_ Allons, mon enfant. Vous devez bien avoir une meilleure réponse que ça ! reprit le commandeur.

_ Pourquoi ? Qu'est-ce que ça a de si important pour vous ?

Le Roi de l'HiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant