De l'air

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      De l'air. Respirer. Prendre une grande inspiration comme si ma vie en dépendait est la première chose que je fais en me redressant. Cette impression de tomber mais de ne pas pouvoir me réveiller en étant consciente ne m'est jamais arrivée. J'ai l'impression qu'on m'a posé une main à plat sur la bouche pour voir combien de temps je pouvais tenir sans respirer et qu'on vient de me la retirer, ou que j'étais sous l'eau et que la surface n'arrivait pas. Je mets du temps à retrouver un rythme cardiaque normal. J'essaie de me repérer, je cherche mon téléphone sous l'oreiller. Mais il n'y est pas, il n'y a même pas d'oreiller et cette odeur... cette odeur presque hospitalière... Ce n'est pas ma chambre. Ma vision est trouble, floue, j'ai l'impression que c'est dû au manque d'oxygène dans mon cerveau. Des silhouettes s'agitent autour de moi, j'entends des voix mais ça ressemble plus à du brouhaha, c'est incompréhensible. Je dois rêver. Encore un de ces foutus rêves lucides où je me sens piégée et je n'arrive pas à vouloir me réveiller. Mon coeur recommence à battre vite, je ne dois pas paniquer. Je sais que je rêve. Ma vision redevient peu à peu normale. Je peux déterminer où je me trouve cette fois. Une pièce blanche, des écrans, des machines, des hommes et des femmes en blouses blanches sont en mouvement autour de moi.

      — Mademoiselle.

      Je ne réponds pas, je dois me trouver des repères. Un hôpital. Une salle d'opération. Ça doit être ça. L'impression de tomber doit être mon réveil de l'opération. J'ai dû me réveiller pendant. J'espère qu'il ne m'ont pas ouvert le ventre...

      — Mon dieu...

      Je sursaute, je panique. J'ai un mouvement de recul. Je regarde autour de moi, je pense que la panique se lit dans mes yeux, sur mon visage. Je suis assise dans un cercueil noir laqué. Je cherche à en sortir, je dois m'en éloigner. C'est beaucoup trop flippant. J'essaie de passer une jambe par-dessus mais des bras m'attrapent par les épaules.

      — Lâchez-moi.

      — Calmez-vous mademoiselle.

      — Lâchez-moi !

      J'insiste. J'essaie d'utiliser une voix ferme mais ma détresse la brise. Je ne maîtrise pas encore correctement ces trucs de lucidité. Mais c'est mon rêve. Je peux le contrôler. Je dois me calmer.

      — Vous êtes en sécurité ici.

      — Le réveil a été dur ?

      — Son pouls est trop élevé !

      Toutes ces voix. Tout ce bruit m'encombre l'esprit et m'empêche de penser correctement. Je me tiens la tête dans les mains pour essayer de faire le vide, de me concentrer sur ce que je veux vraiment. Je fixe l'intérieur matelassé de ce... cercueil. J'essaie de me calmer, d'éloigner leur attention de moi puis quand ils ont l'air moins inquiets de mon cas, je tente de sauter en dehors de ce qui me sert de lit.

      — Attrapez-la !

      Deux hommes s'approchent de moi avant que j'ai pu atteindre la porte et me tirent en arrière. Je me débats.

      — C'est un rêve. Tu es consciente de rêver Noa.

      Une femme rousse m'attrape par le poignet et plonge son regard émeraude dans le mien.

      — Vous ne rêvez pas mademoiselle. Retournez dans votre cercueil.

      Et maintenant voilà qu'elle emploie ce mot comme si c'était la chose la plus banale du monde. Je lutte mais ils ont beaucoup plus de force que moi et je me retrouve contrainte à m'asseoir dans la boîte.

      — Elle est beaucoup trop agitée.

      — Docteur Farmer, elle risque de s'endommager.

      M'endommager ? On dirait qu'ils parlent d'une folle en pleine crise d'hystérie. Ce n'est pas le cas. Je rêve. Je dois me le prouver pour me calmer. Je dois trouver quelque chose à lire, un texte ou l'heure, mais je ne vois rien. Me pincer ou me mordre la main, impossible avec les deux infirmiers qui me les maintiennent contre les parois du cercueil.

      — On va vous injecter un calmant.

      Je vois l'un des médecins sortir et mettre en place une seringue et une aiguille qu'il remplit à l'aide d'un petit flacon au liquide bleuté. Je fronce les sourcils. Je dois compter mes doigts. Il y en a toujours plus dans les rêves. Je regarde la femme rousse s'approcher avec l'aiguille, elle ordonne à l'homme à ma droite de lui présenter l'intérieur de mon bras. Je vois l'aiguille s'approcher, la prise de l'infirmier se relâche légèrement pour tourner mon bras, c'est mon créneau. Je me débats une dernière fois de gauche à droite mais l'aiguille se plante à l'intérieur de mon coude. J'ai juste le temps de voir mes mains et de compter mes doigts avant de sentir l'effet du liquide chaud qui se répand dans mon corps et me fait tourner la tête. Mon esprit s'embrume, je sens mes forces me quitter. Je me sens confuse, mais encore assez lucide pour intégrer ce que je viens de voir. Dix. J'ai compté mes doigts. Et il y en avait bien dix.

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REALITY - Tome 1 ; (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant