Je suis dans l'Auditorium entourée des autres Nouveaux. Les Dirigeants prennent place sur l'avancée et nous dévisagent un moment. L'ambiance est pesante, j'ai l'impression d'étouffer et je sens mes bras se couvrir de chair de poule. Ulrich et Maxance sont debout à ma droite et on attend dans un silence de mort.
Puis le Dirigeant prend la parole et nous explique que nos entraînements, nos tests et nos évolutions leurs ont permit de nous définir comme les dix meilleurs Nouveaux potentiels pour prendre part à leur cause. Évidemment il ne dit rien sur Joe, le jeune garçon et tous les autres qui ont disparu. Il nous félicite pour nos résultats et précise que les choix de la Répartition ne sont pas contestables, en nous assurant qu'ils sont certains que ce sont les bons.
C'est au tour de l'homme qui est aux côtés de la Dirigeante, Preyston, de prendre la parole. Lui nous explique ce qu'est une Unité, en distinguant les Unités simples des Unités d'Élites et nous présentent celles dans lesquelles nous avons des chances d'être admis. À ma grande déception il y aura toujours des entraînements, parce qu'on sait jamais ce qui peut arriver, il faut être prêt à tout d'après lui. Mais il y aura des formations plus intellectuelles et les emplois du temps seront moins lourds.
La Répartition se fait par la Dirigeante. Elle nous dévisage tous un à un et prend le premier dossier que son mari lui tend puis elle nomme un Matricule et une Unité. Au bout de quelques dossiers je comprends que c'est celui du Nouveau et que leur choix doit être inscrit sur une feuille à l'intérieur.
*
Six d'entre nous ont déjà été répartis, en médecine, en recherche informatique ou en biologie et chimie. Deux d'entre eux, dont Ulrich, ont été répartis dans une Unité d'Élite. Ça ne me surprend pas, Ulrich a des réflexes surprenants et il se débrouille vraiment bien avec une arme. Je ne l'ai jamais vu sursauter ou perdre son sang-froid pendant un entraînement. Maxance est placé dans une Unité de recherches en Histoire. Je n'écoute plus, j'attends seulement d'entendre mon Matricule et de savoir où je vais.
— Et Matricule XX96-15.
Je suis la dernière qu'elle nomme. En posant ses yeux sur moi, son visage se raidit et tout ce que j'ai vécu ici, de mon Réveil, à mon refus de m'alimenter jusqu'aux entraînements et mes visites à la bibliothèque, me revient en mémoire de manière si précise que j'ai l'impression de le vivre à nouveau.
— Bannissement.
Le mot résonne dans la pièce. Tous les regards se tournent vers moi. Des bras me saisissent, des surveillants, et me traînent dans le couloir. Je suis en état de choc et n'arrive pas à parler. C'est impossible. Je n'ai rien fait de travers. Pourquoi me bannir maintenant ? Je ne sais pas ce qui m'attend. Vais-je retrouver Joe ? Des tonnes de questions se bousculent dans ma tête et j'ai l'impression de revivre mes premiers instants ici.
— Mettez-là à genoux.
Cette voix. Joe. Je relève la tête. C'est bien elle et pourtant je sais que ce n'est pas la fille que j'ai connu. Les surveillants me broient limite les épaules pour me faire toucher le sol.
— Joe...
Ma voix se perd et je ne sais plus quoi faire. Je veux lui demander ce qu'ils lui ont fait. Si elle était dans le Bâtiment tout ce temps. Mais la seule réponse que j'obtiens, c'est une arme pointée vers moi, une phrase,
— Il n'y a pas de place pour les faibles.
Et une détonation.
*
J'ouvre les yeux et inspire bruyamment. Mon coeur bat à mille à l'heure et je porte ma main à ma poitrine pour le sentir. J'essaie de recentrer mes pensées, de me repérer. Je suis dans ma chambre, dans mon lit et pas dans une boîte. Un cauchemar, encore. La veille de la Répartition c'était prévisible.
Je passe au moins une heure à me tourner et me retourner dans mon lit pour essayer de me vider l'esprit avant de me rendormir en espérant ne pas me reprendre une balle dans la tête.
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REALITY - Tome 1 ; (TERMINÉ)
Science FictionNoa pensait vivre sa vie de manière la plus classique jusqu'à ce fameux soir où elle s'endort et se réveille entourée de personnes en blouses blanches, dans un cerceuil. Prise de panique, les mots ne parvenant pas à franchir ses lèvres, elle voit un...