Noa pensait vivre sa vie de manière la plus classique jusqu'à ce fameux soir où elle s'endort et se réveille entourée de personnes en blouses blanches, dans un cerceuil. Prise de panique, les mots ne parvenant pas à franchir ses lèvres, elle voit un...
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Quand j'arrive dans le Réfectoire, je me décompose. Il manque du monde. Mais le garçon à la cheville est là. Joe ne l'est pas. Ça ne me surprend pas et je crois que je m'en veux de l'avoir su dès le départ et de ne pas avoir osé lui dire ce que je pensais d'elle hier pendant qu'elle me posait des questions sur ma période de Simulation. Pendant qu'elle avait l'air elle-même et que dans un coin du Bâtiment, son destin était scellé.
Je descends les marches en tremblant. J'évite les regards des surveillants et vais me servir un petit-déjeuner peu conséquent parce que je n'aurai pas la force d'avaler quoique ce soit. À table, Ulrich est déjà là. Il me lance un regard triste, il a compris lui aussi. Quand Maxance nous rejoint, il sourit et j'aurais presque envie de le gifler. Mais il n'est juste pas au courant...
— Ta copine de complot ne s'est pas réveillée ?
— Elle ne viendra pas.
Mon ton est sec et froid. Je ne veux pas m'énerver contre lui alors je fuis son regard et j'entends Ulrich lui parler à l'oreille. Il se décompose et murmure un désolé que je prends à la volée. Un simple mot qui représente le soutien dont j'ai besoin mais ce n'est pas encore assez. Parce que j'ai perdu Joe. Comme j'ai perdu Alexander et mes parents. Comme j'ai perdu ma vie : sans explications. Et je vais vivre chaque semaine dans la peur de voir les personnes que j'apprécie ne pas être à cette table le lundi matin suivant.
*
— Milla te regarde du coin de l'oeil depuis tout à l'heure.
— Et alors ?
— T'es trop énervée. Tes coups sont trop violents pour un entraînement. Calme-toi.
Je frappe une dernière fois dans le vide avec mon bâton avant de me tourner vers Maxance pour le fixer. Oui je suis énervée. Bien sûr que je le suis. Je viens de perdre une personne que j'appréciais sans explications. Les surveillants font comme si de rien n'était et continuent à nous entraîner comme si on était toujours vingt-trois Nouveaux. Je pensais vraiment qu'ils nous diraient un mot sur eux, même sans détails. Tout ce que je sais, c'est qu'ils ont été bannis. Mais où ? Et comment ? Ça m'obsède et la colère prend le dessus. Je m'en veux parce qu'à cause de ça j'ai failli frapper Maxance au visage mais il a eu le réflexe de s'écarter à temps. Et qu'à cause de mon égarement, je suis arrivée avant-dernière à la course d'orientation de ce matin. J'ai juste envie de finir cette journée et dormir pour éviter de penser.
— On peut reprendre ?
Je cligne des yeux et pour toute réponse je reprends mon enchaînement de coups.
*
— Salut.
Maxance donne un coup de coude à Ulrich en me regardant.
