Noa pensait vivre sa vie de manière la plus classique jusqu'à ce fameux soir où elle s'endort et se réveille entourée de personnes en blouses blanches, dans un cerceuil. Prise de panique, les mots ne parvenant pas à franchir ses lèvres, elle voit un...
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Je ne le regarde pas mais je sais que Douze a son sourire insolent collé sur le visage.
— Bon. On va leur laisser quelques heures pour s'habituer.
Pour illustrer ses propos il s'assoit sur un rocher à côté du véhicule. Je ne suis pas vraiment d'humeur pour son sarcasme, mon regard est fixé sur les blocs de pierre autour de moi. Cette partie de la ville ne m'est pas trop connue, je n'y venais pas souvent sauf quelques fois pour aller dans un magasin de musique avec Alexander. Les marques de la guerre malgré les années sont toujours présentes. La plupart des maisons et bâtiments ne sont que des ruines. Très peu ont encore un toit ou tiennent debout et la nature a vraiment bien reprit ses droits. L'atmosphère devient tout à coup pesante, je me sens oppressée, une sensation d'étouffement me prend à la gorge et dans la cage thoracique comme si la ville voulait me faire ressentir ce qu'elle a vécue.
— Il faut y aller. On va essayer de rejoindre la frontière Nord-Est de la ville pour patrouiller les alentours entre Greenbriar et Regent Park.
— Vous connaissez les noms des quartiers et des rues de toute la ville ?
— Non, il n'y a plus de rues, ce serait trop compliqué d'essayer de les distinguer. On se fie aux connaissances qu'ils nous ont donnés.
— Une ancienne carte de la ville nous a été fournie au début, on a identifié les lieux principaux.
— Bon, vous papoterez en marchant. On doit avoir deux kilomètres à faire, il va nous falloir une bonne heure de marche.
Evie et L'Arbalète ajustent leurs sac à dos pendant qu'Ash fait disparaitre le plan 3D et éteint sa montre. On se met en marche, Maxance et moi à l'arrière du groupe. Il a l'air perdu dans ses pensées.
— Tu as l'air ailleurs.
Il me regarde d'un air absent pendant un court instant avant de froncer les sourcils.
— Il me faut le temps de m'adapter je crois. Je n'imaginais pas ça... comme ça.
— Tu pensais trouver quoi ?
— Une évolution. Je sais pas, quelque chose en voie de reconstruction. Depuis le temps je pensais que le Bâtiment aurait entreprit certains travaux. Là c'est... comme dans les livres, comme si la guerre s'était terminée hier. Tu vois ?
J'acquiesce en silence. Je n'ai pas envie d'approfondir la conversation, les mots me manquent quand je lève les yeux sur le paysage qui nous entoure. Maxance a raison, ce que l'on a vu dans les encyclopédies est sous nos yeux, sans les cadavres certes, mais sans vie non plus. Juste notre groupe, le bruit de nos pas et le silence, lourd, pesant, étouffant.
*
On marche depuis une vingtaine de minutes et d'après Ash on a fait la moitié du chemin. Les racines d'arbres sont presque partout sur les routes dans ce coin de la ville et il faut faire attention où l'on met les pieds. J'ai déjà trébuché plusieurs fois parce que je ne peux pas m'empêcher de regarder autour de moi. Il y a certains bâtiments de tagués, ça me fait drôle de me dire qu'avant, cette ville et sans doute le reste du monde étaient tout ce qu'il y avait de plus propre et de vivant. L'homme et la nature en harmonie, on en est loin. Il ne reste que la nature qui reprend ses droits.
