— Ne te retourne pas !

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— Ne te retourne pas !

— Cours !

Je me vois courir. Je me sens courir. Pourtant je ne bouge pas. Je sais que la petite fille qui court derrière la femme et l'homme en uniforme c'est moi. Je ne sais pas comment mais je le sens. Et je sais que j'assiste à la scène. Je regarde en face de moi, des murs. J'essaie de me retourner et je me rends compte que je peux toujours contrôler mon rêve. Je regarde autour de moi. Des ruines, des maisons en morceaux, des gravats et des blocs de béton partout. Tout est ravagé.

— Noa !

Je me tourne vers la voix féminine qui m'appelle, la petite fille fait de même et se remet à courir. Je la vois essayer de se retourner discrètement et elle ouvre de grands yeux. Je fronce les sourcils et suit son regard. Ce que je vois me terrifie. Un bombardier, au design hautement évolué, vole au-dessus de nous et se dirige vers les habitations et les gens qui courent. Il ne va pas leur tirer dessus, ce ne serait pas humain. Il se rapproche. Vite. Je regarde la petite fille. La petite moi et je croise son regard. La terreur se lit dans ses yeux. Je regarde l'avion et quand je le vois s'armer, je me mets à courir aussi. Loin. Mon coeur bat à mille à l'heure. Des gens arrivent en courant autour de moi, je suis prise dans la foule et je me perds de vue. J'essaie de voir au-dessus des personnes, de me faufiler pour me rapprocher de... moi et ma mère. Autour de moi tout s'accélère. Des hommes en uniformes attrapent les enfants, les arrachent à leurs parents et s'en vont vers d'autres rues. La panique plane, je sens la peur des gens. Je cours. Vite. Je vois la petite fille se retourner et s'arrêter. Sa mère - ma mère - fait de même. Je m'arrête et me retourne assez vite pour avoir le temps de voir une bombe être lâchée. Des cris retentissent de partout, des pleurs, des dernières paroles. Je regarde la bombe qui arrive, la petite fille, sa mère qui veut la faire courir de nouveau. Elle trébuche et je suis sûre qu'elle supplie l'homme du regard. Il sourit tristement et attrape la petite blonde avant de se mettre à courir. Le visage de l'enfant s'inonde de larmes, elle crie et tente de se débattre. Je cours vers elle - vers moi -. Puis j'ai l'impression que mon coeur se soulève, mes tympans bourdonnent, le sol tremble. Je vois la petite fille hurler. Je me retourne et vois sa mère disparaître dans la fumée. Elle pleure aussi et je sens quelque chose se déchirer en moi.

*

— Maman !

Je me réveille et me débats avant de réaliser que je suis emmêlée dans ma couverture. Je respire fort et vite. De la sueur perle sur mon front. Je passe mes mains sur mon visage et me lève, ignorant le vertige qui me prend, pour aller me rincer le visage. Quand je vois mon reflet dans le miroir, je remarque que j'ai les yeux rouges. Je n'ai pas l'impression d'avoir pleuré et pourtant, à l'intérieur de moi, je ressens trop de choses comme si ce cauchemar je l'avais vécu. Je pense que toutes les informations que l'ont m'a donné tentent de se créer une place, sous forme de souvenirs, pour que je les accepte.

— Où je suis ?

Je me pose la question à moi-même mais je sais que malgré tout, elle restera sans réponse. De nouveau assise sur mon lit, j'essaie de mettre en place les images de mon cauchemar. Une ville en ruines, des gens affolés, des enfants, des sirènes qui n'arrêtent pas, des avions, des soldats. Est-ce à cela que ressemblait la guerre dont le monde a été victime ? La peur sur le visage de ces gens avait l'air si irréelle... Je devrais probablement aller à la bibliothèque pour donner un sens à tout ça et démêler le vrai du faux.

— Matricule XX96-15, veuillez vous rendre au Réfectoire.

Je lève les yeux au ciel et avant qu'elle se répète, je quitte la chambre pour rejoindre l'ascenseur et le Réfectoire.

*

Comment font-ils pour avoir autant de choix de nourriture alors que le monde est censé être dévasté et inhabité ? La visite a dû me creuser parce que j'ai terriblement faim et pour la première fois j'ai pris une entrée, un plat et deux desserts. Je me suis de nouveau installée seule à la table même si j'ai aperçu les deux garçons que j'ai croisé dehors et le blond qui m'a parlé dans le couloir. Je ne prends pas le fait qu'ils m'aient parlé comme acquis ou comme signe d'une éventuelle amitié. Ne pas faire confiance, ne pas copiner.

Pendant le repas, le garçon mat de peau, Ash, me sourit une ou deux fois et Maxance me regarde rapidement quand il va déposer son plateau. L'autre garçon, celui qui était avec Ash ne m'adresse pas un regard, ce qui ne m'étonne pas vu la façon dont il m'a parlé cet après-midi. Je me demande depuis quand ils sont là, réveillés et depuis quand ils s'entraînent. Peut-être même qu'ils sont dans une Unité ? J'essaie de ne pas trop réfléchir quand je sens une migraine arriver et je me lève pour aller poser mon plateau. Sans doute ai-je pris mon temps pour manger parce que j'ai l'impression d'avoir attendu moins longtemps quand ils nous appellent pour aller aux douches.

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REALITY - Tome 1 ; (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant