Noa pensait vivre sa vie de manière la plus classique jusqu'à ce fameux soir où elle s'endort et se réveille entourée de personnes en blouses blanches, dans un cerceuil. Prise de panique, les mots ne parvenant pas à franchir ses lèvres, elle voit un...
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La blonde, le nez plongé dans son livre, une pièce de théâtre de Shakespeare, n'entendit pas son ami l'appeler. Elle était, comme à son habitude, installée au fond de la bibliothèque, entre deux rayons où personne ne venait chercher d'ouvrages. Chaque fois qu'elle n'avait pas cours, elle venait s'asseoir ici, contre les étagères face à la fenêtre pour bouquiner tranquillement en attendant qu'Alexander, un grand brun d'1m85 au sourire étincelant, accessoirement son meilleur ami, termine son cours pour venir la chercher et qu'ils fassent le trajet en bus jusqu'à chez eux. Petite, discrète et timide, la jeune fille préférait se réfugier ici, au milieu des livres où elle était sûre de ne pas se faire remarquer, plutôt que de sortir sur le campus remplit d'étudiants trop expressifs et turbulents pour elle.
— Noa !
À l'entente de son prénom, elle releva la tête pour apercevoir Alexander remettre ses cheveux en place - plus une habitude qu'une réelle intention de se recoiffer - en reprenant son souffle après avoir parcouru le campus à la recherche de son amie. Il savait que Noa ne passait jamais trop de temps au milieu des gens, fuyant un peu tout ça et préférant sa solitude. Il n'avait pas besoin de l'appeler ou de lui envoyer un sms pour savoir où la trouver.
— Tes dessins ont été appréciés ?
Le brun, étudiant en arts, lui sortit une feuille sur laquelle figurait un A en rouge. Elle sourit, fière et fascinée par le talent de son ami. Noa avait toujours rêvé de savoir dessiner, malheureusement elle devait accepter l'évidence que ses bonhommes seraient éternellement constitués de bâtons. Son livre remit dans son sac à dos, Alexander lui tendit une main pour l'aider à se relever. Elle tituba légèrement et son ami dû la retenir fermement par le bras,
— Ça va pas ?
— J'ai eu un vertige, j'ai encore dû me lever trop vite.
Il lâcha un rire.
— Tu bugues.
— C'est drôle, j'ai l'impression de t'avoir déjà entendu dire ça.
Elle le regarda en fronçant les sourcils mais il n'eut pas l'air aussi perturbé qu'elle.
— C'est parce que tu bugues souvent.
— Non. Non. C'est autre chose, comme si j'avais déjà vécu cette scène-là. Ça te fais jamais ça ?
Alexander hocha négativement la tête et la blonde n'insista pas. Elle était assez bizarre aux yeux de ses camarades, pas besoin de le devenir en présence de son meilleur ami. Elle frotta son pantalon et jeta son sac sur son épaule avant de prendre la direction de la sortie de la bibliothèque. La tête baissée et les épaules rentrées, le brun devait reconnaître qu'il ne comprenait pas pourquoi elle se voulait si discrète. Il savait qu'elle était timide, qu'elle avait du mal à aller vers les autres et qu'elle ne se sentait pas assez bien pour être comme toutes ces filles chez qui il émanait une certaine confiance. Noa mesurait moins d'1m60 et elle se sentait vulnérable. Elle se laissait souvent marcher dessus alors qu'au fond elle aurait pu diriger une armée à elle toute seule. Elle avait ce côté organisé, autoritaire qu'un bon leader se doit d'avoir et Alexander avait du mal à comprendre pourquoi elle ne s'affirmait pas plus. Oui, elle trouvait les conflits inutiles, pourquoi perdre du temps pour des gens qui n'ont aucune importance dans sa vie ? Même si Noa pouvait être la fille la plus optimiste du monde, elle pouvait très vite baisser les bras et voir tout comme un échec, en particulier sa vie. Le garçon le savait, elle manquait de confiance en elle alors qu'elle n'était pas plus stupide qu'une autre fille. Elle était elle-même, une petite blonde passionnée de littérature, toujours en train de planifier sa vie à la minute pour ne pas perdre de temps, avec un esprit d'équipe et une vision de l'amitié propres à elle. C'était une bonne amie. Jamais Noa ne laisserait quelqu'un dans le besoin et si l'apocalypse avait lieu le lendemain, ce serait la première à penser aux autres avant elle. Alexander la regardait souvent quand elle avait la tête plongée dans un livre ou les yeux rivés sur ses pieds quand ils marchaient dans la rue pour éviter de se sentir dévisagée par le monde entier, et il se disait que le monde possédait quelqu'un de vraiment incroyable. Et d'un côté il devait reconnaître qu'il était satisfait de l'avoir presque pour lui tout seul. Lui qui était plus sociable et extraverti, il se sentait le grand-frère qu'il n'avait jamais pu être.