Quand je quitte ma chambre je ne prends pas les escaliers pour aller attendre Joe mais je vais vers l'ascenseur

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

      Quand je quitte ma chambre je ne prends pas les escaliers pour aller attendre Joe mais je vais vers l'ascenseur. Je pense qu'elle fera de même alors autant se retrouver à table. Et puis je dois avouer que les escaliers me sortent légèrement par les yeux. Trop de sport, tue le sport.

      Je parviens en quelques minutes dans le Réfectoire. J'aperçois Mike qui discute avec Milla en bas de l'escalier. Joe est déjà dans la file pour se servir. Quand elle me voit elle me fait signe pour me dire qu'elle m'attend à la fin. J'attrape un plateau, des couverts et un verre et arrivée devant les plats, je repense à ce que nous a dit Milla. « Mangez bien ». Je prends une entrée, une salade qui ressemble à de la piémontaise, puis une assiette de viande hachée et de purée avec en dessert un yaourt à la vanille et une part de brownie. Tout sur mon plateau, je me dirige vers Joe qui me regarde en souriant. Et à en juger par le contenu du sien, elle s'est faite la même réflexion que moi. Commençant à chercher une place, je la vois partir au milieu des rangées.

      — On a qu'à aller manger avec ton copain !

      Le ton enjoué qu'elle emploie me fait grimacer, on se croirait un jour de rentrée scolaire. Et puis ce n'est même pas mon copain.

      — Quoi ? Je le connais même pas !

      — Maxance !

      Il relève la tête vers nous et sourit quand on approche. Moi je ne souris pas du tout. Il est installé avec deux autres garçons qui étaient avec nous ce matin, l'un châtain d'au moins 1m90, plutôt baraqué, l'autre basané d'origine arabe, et avec qui le feeling n'est pas trop passé. En plus je n'aime pas m'incruster.

      — On peut s'asseoir ?

      Montrant le banc vide en face de lui avec sa fourchette, il hoche la tête. Joe s'assoit le plus naturellement du monde et je suis le mouvement en gardant les yeux rivés sur mon plat de purée qui est soudainement devenu aussi fascinant que l'univers.

      — Alors, vos premières impressions sur les entraînements de ce matin ?

      Je commence à manger ma piémontaise pendant que Joe répond au garçon qui a prit la parole.

      — Et toi Noa ?

      Ma fourchette en suspend devant ma bouche ouverte, je foudroie Maxance du regard. Il ne voit pas que je mange et que je n'ai, par conséquent, pas envie de parler ? Je lui ferais bien ravaler son sourire. Mais les quatre regards tournés vers moi, je me sens obligée de répondre.

      — Je ne suis pas sportive du tout alors... c'était horrible.

      — Pourtant ton dernier lancer était parfait.

      — À part le fait que tu as failli tuer Max.

      Max. Je n'aime pas trop les surnoms - je n'aime pas grand-chose vu comme ça -. Ça signifie que la personne se sent à l'aise et familière avec vous et ici ça n'a pas vraiment sa place.

      — N'empêche que ta lame s'est vachement bien plantée. Il faudra que j'essaie ce type de couteau là, la prochaine fois.

      Le reste du repas se fait dans le silence. Ce n'est pas pour me déplaire mais je trouve ça étrange que personne ne parle de ce qui se passe ici. De toutes les informations que l'on nous a donnés hier. Mille questions tournent en boucle dans ma tête toute la journée et eux n'ont pas l'air plus perturbés que ça. En mangeant mon brownie, je laisse mes yeux s'attarder sur le visage de Maxance. Et je repense à la conversation que l'on a eu dans le couloir après l'Auditorium. Lui il se pose des questions. C'est obligé. Je le sens et j'ai besoin de savoir que je ne suis pas la seule. Je vais finir par croire qu'ils injectent quelque chose aux autres pour leur faire accepter la situation et que je suis la seule personne saine d'esprit là-dedans.

      Quand les deux garçons se lèvent pour aller vider leur plateau, je laisse échapper une phrase,

      — J'irai à la bibliothèque quand j'en aurai le temps.

      Joe enfouit une cuillère de mousse dans sa bouche, qu'elle avale avant de me regarder.

      — Tu crois que les livres vont te dire si ce sont des zombies là-dehors ?

      Je lève les yeux au ciel. Maxance nous dévisage tour à tour.

      — Des zombies ? Quels zombies ?

      — Noa (elle me montre avec sa cuillère) pense que dehors il y a des zombies qui nous guettent.

      Sur l'instant, je ne saurais pas dire ce que pense Maxance quand il me dévisage. Je me sens rougir et baisse les yeux sur mon assiette. Je ne pense pas sérieusement que ce soit des zombies. Mais le fait d'avoir vécu avec un air radioactif ne peut pas laisser indifférent. Ça a forcément crée des déficiences génétiques. Sur les humains ou non, si il reste des êtres vivants ou pas.

      — La théorie est...

      Ses yeux gris me fixent sans ciller.

      — Stupide.

      Il croque dans son chausson aux pommes avant de reprendre.

      — Tout le monde est mort à l'Extérieur. C'est juste de la terre morte et pourrie.

      — Qu'est-ce que t'en sais ?

      — Une guerre nucléaire. Des années sans rien. Tu veux qu'il y ait quoi ? Les seules personnes qui restent, elles sont autour de toi.

      Sa remarque jette un froid dans la conversation et je n'ose pas regarder ni lui, ni Joe. Au même moment où je termine mon verre d'eau, Negan nous indique que l'on doit retourner dans nos chambres pour se préparer jusqu'à la reprise des entraînements. Je débarrasse mon plateau et c'est toujours dans le silence que l'on regagne chacun nos quartiers.

*

      Pendant que je me lave les dents, je réfléchis à ce qu'a dit Maxance. Que les seules personnes qui restent, ce sont nous. Ce qui voudrait dire que les jeunes qu'ils bannissent sont en réalité... tués. Charmant. Mais la façon dont il a parlé de ça... Il n'accepte pas la situation et ce qui nous arrive. Il a l'air de savoir des choses sur cet endroit, mais pas assez pour se rassurer. Si il vient de la même période de Simulation que moi, c'est sûr que le fossé entre notre époque et celle-ci est compliquée. Tu avais tout et tu te retrouves avec rien, ni personne. Je n'ai pas envie d'être comme lui. Enfermée dans une idée, sans chercher de réponses. Moi il m'en faut. Je suis curieuse de nature, encore plus quand c'est évident que l'on ne nous dit pas tout et qu'on nous cache sans doute beaucoup de choses.

      — Tu réfléchis beaucoup trop Noa. Concentre-toi sur l'essentiel. Sur les entraînements.

      Rien de tel qu'une petite conversation avec moi-même pour me remettre d'aplomb. Prête à affronter les stands suivants. Ou pas.

💥💥💥

REALITY - Tome 1 ; (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant