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 Dès que je suis installée, Thomas m'ouvre ma colonne vertébrale et place un écarteur pour empêcher les pans de ma peau de se ressouder. Une fois que c'est fait, il cède sa place à Nadrian qui entreprend alors de vérifier l'intégralité de mes principaux composants pour être sûr que tout est en ordre. A priori, il n'y a aucun problème, tous ses tests sont encourageants, aucun d'entre eux ne laisserait rien que soupçonner que j'ai le moindre bug. Au moins, je peux avoir une certitude, c'est que mes dysfonctionnements ne sont pas mécaniques, une grande nouvelle, je n'oserai même pas imaginer tout ce qu'il faudrait faire si ça avait été le cas. Bien sûr, Nadrian ne cherche pas la source de mon bug puisque je ne lui ai rien dit, mais ça, ça ne change rien puisqu'il en cherche d'office.

— Tout est parfait, je suis venu pour rien apparemment. Je te laisse refermer Thomas.

Ce dernier se rapproche pour enlever l'écarteur et replacer correctement les pans de ma peau avant qu'ils ne se ressoudent mal.

— C'est bon, affirme-t-il. Je te laisse te rhabiller. Tu pourras ensuite aller voir monsieur Gates, ajoute-t-il complice même si ça ne se juge qu'à son ton de voix, m'envoyant systématiquement voir l'homme après cette vérification-ci.

Il sort de la pièce avec monsieur Seeman. Je remets alors mon t-shirt et quitte à mon tour la salle. Je me dirige ensuite vers le bureau de Bill Gates pour la vérification informatique, celle qui va enfin m'apporter des réponses. Comme toujours, je toque et il m'invite immédiatement à rentrer.

— Installe-toi, ajoute-t-il en me voyant.

Je me branche à l'ordinateur et il commence à explorer les lignes de code à la recherche de la moindre anomalie. Après une bonne heure, il finit par annoncer :

— Tout est bon, tu es parfaite.

Je ne sais pas trop pourquoi, mais quelque chose dans sa voix me déplaît, comme si quelque chose ne va pas comme il le souhaite. Pourtant, ce serait normal s'il était au courant pour mes dysfonctionnements, mais ce n'est pas le cas, il ne devrait donc pas être mécontent, au contraire même, je devrai être la seule de nous deux à être déçue.

— Vous êtes sûr ? insisté-je ne voulant pas croire qu'il n'y a absolument aucun problème chez moi.

Toutes les autres fois, j'aurai volonté crue qu'il n'y a pas le moindre problème, mais pour le coup, il doit forcément y avoir quelque chose, ça semblerait impossible que tout ça soit tout à fait normal et naturel, je ne suis pas du tout programmée pour ça.

— Oui, toutes les lignes sont justes, il n'y a aucun problème.

C'est assez incroyable de voir qu'il a le même agacement que moi. J'en viens même à penser que mon humeur déteint sur les impressions que j'ai. Ce serait en tout cas l'excuse la plus valable. Reste à vérifier si elle est vraie. Si c'est le cas, ça rajoute un bug de plus sur la longue liste de ce que j'ai déjà découvert. Désespérant.

— Dans ce cas, comment est-ce possible que j'aie bugué s'il n'y a absolument rien que cloche chez moi ?

— Tu as bugué ? s'étonne-t-il complètement choqué, ne paraissant pas y croire, comme si j'avais dit la plus grosse absurdité au monde.

— Oui...

Je voulais rajouter quelque chose, mais quelque chose dans son regard m'en empêche, une sorte de dégoût, comme s'il me trouvait monstrueuse. Mais je ne comprends pas pourquoi, surtout que maintenant que je le regarde plus précisément, je vois qu'il a fait semblant d'être étonné, comme s'il savait déjà que j'avais des bugs ou qu'il avait déjà détecté un problème.

— Comment exactement ?

— Un geste non prémédité et des pensées divagantes.

— Les deux ?! Mon dieu... Pourtant, je t'assure qu'il n'y a absolument rien, affirme-t-il toujours étonner, mais il n'y a plus du tout de dégoût dans ses yeux, comme si je m'étais aussi imaginé ça.

RONII (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant