RONII (Terminé)

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 Le vendredi soir, je n'ai plus le choix, il faut que j'agisse. Elijah n'a rien fait de plus, mais malheureusement, tous les scientifiques connus du projet RONII ont décidé de passer ce week-end, à croire qu'ils se sont passé le mot. Déjà, mercredi, j'ai vu que Roger Kornberd et Michael Levitt aller passer, ça m'avait déjà fait douter, mais étant tous les deux biochimistes, ce n'était pas une catastrophe si Elijah les voyait dans le bâtiment du projet RONII.

Mais ce matin, Nadrian Seeman a annoncé sa venue, ce qui pose directement un peu plus de problèmes, c'est un brillant nanotechnologue, Elijah n'aura aucun mal à comprendre la vérité. Et comme si ce n'était pas suffisant dans cette longue liste de personnalité, Bill Gates fait une conférence à San Francisco, ce qui signifie que même s'il ne s'est pas annoncé, il risque d'en profiter pour passer voir ses collègues. Si jamais par malheur Elijah voit les quatre hommes sortir du projet RONII, c'est le jackpot, tous les voyants clignoteront pour qu'il m'associe à l'informatique, voire à la robotique. Avec ça, aucune chance que mon secret soit préservé à ses yeux.

Je dois donc agir et mon plan est prêt, je n'ai plus qu'à le mettre en place. Je ne sais pas encore comment il va se terminer, ça dépendra presque entièrement d'Elijah, mais je suis prête à le tuer au besoin et personne ne saura jamais que c'est moi. Normalement, le vendredi, pendant que ma sœur a son entraînement de basket, je rentre à la maison et je reviens la chercher après deux heures, mais aujourd'hui non, je compte bien rentabiliser ce temps.

Dès que Fauve n'est plus avec moi, j'envoie un message à ma mère pour la prévenir que je vais faire quelques petites courses pour Fauve pendant ce temps. Ce n'est pas la première fois que je fais ça et je vais vraiment faire des achats pour ma sœur, je ne rentrerai juste pas dans le magasin. En attendant, c'est un alibi correct en cas de besoin, même si je serai étonnée que qui que ce soit fouille aussi loin si jamais Elijah meurt tragiquement dans les prochaines heures.

Je me rends alors pas loin de chez lui, me garant dans une rue déserte pour que personne ne me voie et j'envoie un message à Elijah, rien de bien méchant, à peine menaçant, je ne vois pas ce qui pourrait lui faire peur dans mon message. Peut-être la partie où je lui demande de me rejoindre dans une rue isolée juste à côté de chez lui. Ou alors celle où je lui défends de dire où il va à qui que ce soit. Ou encore celle où j'affirme que je saurai s'il n'a pas suivi mes instructions à la lettre. Va savoir, en plus, ce n'est pas comme s'il n'a jamais vu mon numéro de téléphone de sa vie. Franchement, pour quelqu'un qui a possiblement l'intention de le tuer, j'aurais pu faire plus effrayante encore.

En plus, je ne mens absolument pas, ce que je dis dans mon message est entièrement vrai, je suis assez proche de la maison des Stone pour percevoir les bruits de pas contre le sol, je n'aurai aucun souci à entendre sa voix si jamais il en parle à une de ses sœurs, même s'il chuchote.

Je suis d'ailleurs assez fière de lui, les menaces ont l'air de fonctionner puisqu'il dit à ses sœurs qu'il va à la bibliothèque, il est définitivement assez intelligent pour se protéger, très bien. Après, je ne sais pas si j'obéirai à un SMS comme ça, mais bon, chacun agit comme bon lui semble. En plus, j'ai été gentille, je n'ai pas précisé ce que je ferais s'il n'obéissait pas.

J'ai quand même de la chance, mon ambiance macabre est au petit oignon. Nous sommes en octobre, c'est bientôt Halloween, nous avons fini les cours relativement tard et le soleil est déjà en train de se coucher. Le crépuscule et la pénombre s'installent et je suis presque prête à parier quand dans ma petite rue avec les phares éteints, il est impossible de me voir dans l'habitacle. Mais ça ne semble pas trop l'effrayer, il avance même d'un pas résolu, il est complètement inconscient ce gars. Il s'arrête à quelques mètres de moi, semblant reconnaître ma voiture, mais son visage reste fermé, impossible de savoir s'il est soulagé ou non, au fond de lui, il doit quand même un peu s'inquiéter, tant mieux.