RONII (Terminé)

101010 (42.2)

 — Tu as déjà réfléchi à ce que tu allais faire si cette partie de ton histoire est effectivement un mensonge ?

— Je n'en sais rien, chaque chose en son temps, je ne veux pas me précipiter, si je fais quoi que ce soit, ce sera après mûre réflexion et avec un plan en béton armer en tête. Et il faudra aussi savoir si je m'attaque à la bonne personne, je ne compte pas faire de mal inutilement à quelqu'un juste par pure colère.

— Tu as vraiment changé, c'est bien...

— Ne rêve pas trop non plus, je suis encore une robot supère puissante, je suis peut-être une guimauve sur les bords, mais je reste performante au besoin. Allez, soupiré-je, je vais tenter de découvrir qui est l'enflure qui m'a enlevé...

— Tu auras des réponses tu penses ?

— J'espère, mais rien n'est jamais sûr en ce moment, alors je ne rêve pas non plus.

J'espère seulement... Mais je ne rêve pas.

Je déplie la lettre que j'ai encore en main et comme j'aurais pu m'en douter, De Vinci répond à celle de Salaï dès le lendemain. Je ne sais pas par contre si elle lui est parvenue ou non, j'aurais peut-être la réponse plus tard. Mais ce qui est sûr c'est qu'elle est écrite et qu'elle va peut-être m'en apprendre plus sur les circonstances de mon enlèvement, du moins je l'espère. Dans le fait, je sais très bien qu'il y a peu de chance pour que ce soit le cas.

Cher Salaï,

Je ne vais pas te dire que je t'en veux ou quoi que ce soit, ce serait faux et ça ne nous avancerait à rien. Après tout, j'ai conscience que c'est la meilleure décision que tu pouvais prendre. Je ne compte pas non plus te mentir, ce n'est plus le moment. Je reconnais que je souffre de ton départ précipité... Je sais que je ne devrais pas t'en parler, que ce serait bien plus aisé pour toi que tu n'en saches rien, mais je refuse qu'il y ait des secrets entre nous, même dans un moment pareil. Surtout dans un moment pareil. Je viens de perdre ma fille et maintenant, je te perds toi aussi, vos deux disparitions consécutives sont dures à supporter... Je reconnais que tu étais obligé de partir, nous n'avions pas d'autres choix face à nous, mais ton départ est tant précipité, je n'ai même pas pu te dire en revoir à mon tour.

J'aurais aimé ne pas avoir à te perdre en partie en même temps que notre Ronii... Garder au moins l'un de vous deux près de moi... Ne pas avoir à te dire ces semblants d'adieux... Je suis réaliste, nous ne nous reverrons peut-être plus jamais... Qu'est-ce que j'aurais voulu t'accompagner, être à tes côtés, il est question de notre fille, nous devrions nous en occuper ensemble, partir à sa recherche tous les deux, peut-être même tous les trois si nous comptons Francesco. Mais il faut aussi être censé, je ne suis plus capable d'entreprendre un long voyage comme celui-ci, nous n'avons même pas de point de départ.

Ne t'inquiète pas, je tâcherai au mieux de retenir Francesco, même si au fond de moi, j'ai conscience qu'il te serait d'une aide précieuse...

J'espère sincèrement que tu parviendras à trouver une piste, même quelconque... De mon côté, je tâcherais de t'aider de mon mieux, avec un peu de chance, nous trouverons quelque chose... Ça tombe si mal avec ma santé qui faiblit... un mois plus tôt, j'aurais pu être à tes côtés sur la trace de notre enfant... J'espère de tout mon cœur que nous parviendrons à la retrouver... Il ne nous reste plus que ça... l'espoir. Malheureusement, la vie n'est point de notre côté pour cela, elle a préféré tous nous séparer... diviser notre famille... Mais je sais que tu retrouveras notre enfant, je le sens, j'ai confiance, nous serons réunis à nouveau, au moins dans nos cœurs.

Je t'aime

Léonard

Réuni de nouveau... qu'est-ce que j'aimerais que ce soit le cas oui... Malheureusement, je sais déjà que ça n'arrivera pas... Et je sens qu'au fond de lui, De Vinci n'y croit pas non plus... Nous serons peut-être réunis dans la mort, mais rien de plus... En tout cas, c'est le cas de Salaï et De Vinci, c'est certain qu'ils ne se reverront plus jamais avant la mort de ce dernier... Mais à part être triste par rapport à tout ça et prendre en pitié mes pauvres pères, je n'apprends rien de nouveau, je commence honnêtement à désespérer...